Akata a le WTF!? dans la peau

/ Critique - écrit par OuRs256, le 18/02/2015

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Alors qu’ils avaient inauguré leur collection avec Magical Girl of the End, les éditions Akata nous nous proposent progressivement de nouveaux titres complètement barrés. Cet article reviendra sur deux d’entre eux : le premier sorti au mois de janvier, j’ai nommé Le Geek, sa blonde et l’assassin et le second à paraître en fin de mois, Ladyboy VS Yakuzas. Les deux titres possèdent des éléments similaires qui assurent leurs places dans cette collection absolument géniale des éditions Akata. Préparez-vous pour un petit voyage dans le n’importe quoi.

Akata a le WTF!? dans la peau

Dans Le Geek, sa blonde et l’assassin, le lecteur suit le quotidien de Kin-wo, un dessinateur de BDs qui semble avoir tout pour lui : un job, des potes et une petite amie. Malheureusement, sa vie va basculer le jour où son meilleur ami va débarquer chez lui et qu’une dispute qui va lui coûter la vie éclatera. Alors oui c’est un accident mais pour Kin-wo, c’est tout un tas d’embrouilles qui commencent. Sa copine débarque d’ailleurs au plus mauvais moment et va rameuter un homme qu’elle croyait être policier jusqu’à chez lui. Evidemment, Kin-wo ne se doute absolument pas qu’il s’agit d’un assassin avec qui il va partager sa vie pendant quelques temps… 

Dans Ladyboy VS Yakuzas, le pitch est encore plus barré. Un jeune homme du nom de Kôzô a bien énervé le parrain du groupe Akutô en couchant avec sa femme ET avec sa fille. Il faut dire que le bougre est pas très malin mais qu’il est spécialiste dans l’art de séduire les femmes. Pour le punir, il est travesti des pieds à la tête (avec changement de sexe et tout ce qu’il faut) et lâché sur une île spécialement achetée pour lui et bien nommée Kon-Lhankul (ça doit pas être loin de la Thaïlande !). Jusque là, rien de spécial me direz-vous. Eh bien figurez-vous que depuis plus de 3 mois, des dizaines de délinquants sexuels attendent une occasion de pouvoir s’échapper. Pour cela, ils devront violer la « cible », c’est à dire Kôzô !

Maintenant que les deux histoires sont expliquées, je pense que vous vous rendez compte que l’une est peut-être plus loufoque que l’autre. Cependant, les deux titres possèdent des éléments clés très similaires qui justifient de surcroît leur place dans la collection WTF : un non-respect total de la loi mais aussi du gore loin d’être cheap.

« La loi, c’est pas moi » (Catchphrase célèbre). 

Alors oui, c’est indéniable, Ladyboy VS Yakuzas remporte haut la main la palme du scénario le plus loufoque de ce début d’année mais il ne faut pas croire que Le Geek, sa blonde et l’assassin est classique pour autant. Alors que son pote vient de mourir, Kin-wo cherche tout de suite à se débarrasser du corps. Il ne pense absolument pas à la loi, au contraire, il veut un moyen de la contourner de manière pratique et efficace. Même une fois qu’il fait équipe avec l’assassin qui se fait passer pour un policier, l’inquiétude principale du jeune homme, c’est de voir comment il va bien pouvoir contourner la loi déjà pour ne pas se faire attraper et continuer à commettre des méfaits mais aussi pour se débarrasser de ce nouveau colocataire qui le force à faire quelque chose qui va contre sa nature. 

Dans Ladyboys VS Yakuzas, la base du scénario est bien évidemment un déni total des lois humaines. Le pauvre Kôzô, garçon de naissance va se voir refuser le droit de vivre comme une personne de son sexe surtout quand ce dernier aime autant les femmes ! Alors oui, elle est un peu facile mais quand même, au bout d’une demi-page, les lois de la nature ont déjà été bafouées, c’est dire le peu de respect montré à la loi. Bien sûr, ce sentiment continue alors qu’on avance dans l’histoire puisque tout ce que fait le yakuza Akutô se place en dehors de la loi. Il a kidnappé des délinquants sexuels et il leur propose de violer une personne afin d’échapper justement à une punition. Difficile de faire plus équivoque quand on parle de loi complètement dénigrée ! 

Le gore utile, mais pas trop.  

Dans Le Geek, sa blonde et l’assassin, quand Kin-wo cherche à faire disparaître le corps, on aurait pu penser que l’auteur suive les traces de Jeff Lindsay dans Dexter mais il n’en est rien. Ne vous attendez donc pas à du découpage bien sanglant puisqu’il vous sera proposé une méthode presque plus gore : assécher le cadavre. Certains vous diront que c’est instructif et d’autres que c’est plutôt répugnant mais tous seront d’accord pour dire que ça a marché. Pour le reste, vous aurez le droit à de superbes images de sang qui gicle de plusieurs angles différents et force est de constater que c’est super réussi. La couleur fonctionne vraiment bien dans le titre de cet auteur taïwanais qui sait comment l’utiliser pour renforcer son dessin et pas seulement pour avoir quelque chose de colorisé comme on aurait pu le voir dans d’autres productions. La mise en couleur parvient souvent à donner un relief bien senti mais surtout à maximiser l’impact des jets de sang et la détérioration du corps en train de rôtir, renforçant ainsi l’aspect gore du titre.

Dans Ladyboy VS Yakuzas, vous ne trouverez pas de couleurs mais du gore, il y en a à revendre. On peut déjà commencer par parler des délinquants sexuels qui nous rappellent presque constamment leur qualité de pervers en ayant très souvent la main dans leur slip (et vas y que ça tripote). Dans un style un peu plus soft, l’utilisation de bave et de mouvements de langue évocateurs vient créer un sentiment de dégoût chez le lecteur qui n’a qu’une envie, c’est que Kôzô trouve un moyen de la leur faire avaler. Après, ne vous inquiétez pas, il y a la dose de sang nécessaire à un survival manga digne de ce nom et même une flèche qui se plante dans un endroit assez inattendu mais stratégique pour un homme (oui, amis de la gent masculine, préparez-vous à avoir mal !). 

Conclusion : Le découpage comme règle d’or.

Les deux titres possèdent un aspect dingue qui est particulièrement agréable. Le Geek, sa blonde et l’assassin est un titre dans la lignée de ce que veut faire Akata, à savoir de la BD mondiale et pas simplement japonaise. Après la Corée, Hong Kong et le Japon, c’est un auteur taïwanais qu’ils ont maintenant dans leurs cartons. Graphiquement soigné, je pense quand même qu’il lui manquait un petit chapitre afin d’être parfait. Evidemment, on contraste tout de suite avec Ladyboy VS Yakuzas, titre japonais par excellente mais dont le graphisme souffre d’une vision des proportions assez flagrant. Une fois dans le titre, on se rend compte que ce petit défaut se fond dans la masse de folie engendrée par les idées toutes plus folles les unes que les autres de Toshifumi Sakurai. Pour ma part, je vous recommande chaudement les deux si vous aimez les titres complètement à l’ouest et qui vous permettront de décompresser comme il faut après une bonne journée de boulot !