7/10Batman - l'enfant des rêves

/ Critique - écrit par Kassad, le 17/02/2005
Notre verdict : 7/10 - NiponMan (Fiche technique)

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Batman adapté par un japonais.

Comme je l'ai déjà souvent répété dans mes critiques précédentes Batman est vraiment le personnage le plus fécond de l'univers Comics. Créé en 1939, il a survécu à la seconde guerre mondiale et s'apprête à entrer dans le troisième millénaire par la grande porte hollywoodienne (le tome 5 de ses aventures sur écran est prévu pour le printemps 2005). Son sigle se trouve sur des centaines de produits dérivés, du T-shirt au mug en passant par le stylo-bille. Il vient de montrer une fois de plus son implacable domination du monde des super-héros en s'imposant dans les manga. L'enfant des rêves est la vision du mangaka Kia Asamiya du héros masqué de Gotham City.

Batman, l'enfant des rêves
Batman, l'enfant des rêves
Tous les ennemis traditionnels de Batman semblent s'être passés le mot. D'Harvey Dent au Pingouin en passant par l'inévitable Joker, ils réapparaissent tous à Gotham City. Une jeune journaliste japonaise, Yuko Yagi, débarque avec son équipe pour faire son premier reportage. Elle tombe en pleine prise d'otages d'Harvey Dent dont elle finit par faire partie. Batman vient les délivrer et Yuko Yagi n'a de cesse que de rencontrer son sauveur au grand dam de l'inspecteur Gordon qui lui recommande de rentrer sagement au Japon.

Je ne suis pas un adepte de manga et c'est par les comics que je suis arrivé à lire L'enfant des rêves. Il faut savoir que DC comics est détenteur des droits concernant l'utilisation de Batman et est très jaloux de l'image de ses héros. Ainsi, il n'y eu qu'un seul précédent d'un super-héros de DC comics dessiné par un étranger (non américain) : une aventure de superman dessinée par un hollandais (Marvel a, lui aussi, permis à un mangaka d'utiliser ses héros comme dans Wolverine SNIKT). On peut donc mesurer l'honneur qui est fait à Kia Asamiya.

L'univers du Batman d'Asamiya est moins gothique que celui que nous en donne un Tim Burton ou bien un Frank Miller. Le ton est bien plus proche de l'ambiance cyberpunk : des grosses compagnies qui luttent pour la domination du monde et la technologie y est omniprésente. C'est notamment dans le tome 2 (il s'agit d'une histoire en deux parties) qui se déroule au Japon que cette caractéristique se fait sentir. L'intrigue est assez linéaire et présente une brillante mise en abyme : tout tourne autour d'une drogue, humoristiquement baptisée "otaku", qui permettrait de réaliser ses rêves d'enfant. Il n'y a pas à creuser longtemps pour y trouver une pique envers les lecteurs de manga ou de comics qui vivent leurs rêves par l'ingestion de leurs BD préférées.

Kia Asamiya a brillamment passé le test : il a réussi à conserver son ton, sa personnalité et son originalité tout en ne dévoyant pas la célèbre chauve-souris. Tous les ingrédients d'une aventure de Batman sont là, de la Bat-mobile au commissaire Gordon en passant par ses ennemis préférés, mais intégrés au service d'une ambiance et d'une tonalité asiatique étonnante. Il y a un je-ne-sais- quoi qui me fait penser à Old Boy dans la cruauté mêlée de nostalgie qui se dégage du "méchant". Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'histoire, sachez simplement que dans le tome 2 vous aurez l'exceptionnelle chance de voir une version japonaise du costume de Batman : un croisement hallucinant entre une armure de samouraï et un déguisement de super-héros. Kia Asamiya est un auteur, un vrai, un de ceux qui s'expriment d'autant mieux qu'il s'entoure de contraintes pour y insérer ses idées.