6.5/10Au bord de l'eau

/ Critique - écrit par juro, le 07/01/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Bandits malgré eux (Fiche technique)

Tags : eau bord saint restaurant avis roman livres

108 contre le reste du monde. Si vous ne savez pas encore ce qu'est un Suikoden, les fiers guerriers d'Au bord de l'eau sauront vous l'expliquer.

An trois de l'ère de Jia-you. Dynastie des Song. Cent huit démons sont relâchés par erreur dans la nature. Le temps passe, et avec lui s'installe la corruption. Les hauts fonctionnaires profitent de leur toute puissance pour asservir le pays. Mais un vent de rébellion se met à souffler. Un à un, des hommes se dressent contre le pouvoir en place. Des guerriers de Coeur. Des frères jurés. Au nombre de cent huit, pour autant de réincarnations des démons d'autrefois, ils s'en vont rallier le repaire des Marais des Monts-Liang afin de lever la plus formidable de toute les armées : une armée de brigands justiciers.  

Au Bord de l'Eau
Au Bord de l'Eau
Au bord de l'eau
est un suikoden, une sorte de récit épique qui apparaît comme l'un des plus grands succès littéraires chinois de tout temps. Son principe simple consistant à faire évoluer une pléiade de cent huit personnages à travers des chapitres distincts lui ont donné une richesse de vocabulaire, de situation et une vérité descriptive assez imposante pour l'époque. Si on connaissait l'adaptation vidéo ludique et un premier manga portant le même nom, adaptation peu fidèle et fantasy (Suikoden de Aki Shimizu chez Soleil), Akata nous propose une mouture collant beaucoup plus à la saga littéraire originale. Mitsuteru Yokoyama, auteur de la période contemporaine de Tezuka, décrit méthodiquement comment les meilleurs épéistes du Japon se retrouvèrent ligués contre le shogunat, pouvoir en place omnipotent et despotique. Rébellion, vengeance, appât du gain... Au bord de l'eau montre autant de sentiments différents parmi les combattants mais leur objectif commun étant défini, les voici prêt à relever tous les défis par leur union sacré scellé à travers le terme de "frère de sang". Les chapitres amenant au départ des fines lames vers les Monts-Liang suivent un fil conducteur répétitif et manichéen, compris rapidement. S'il se répète cent huit fois (en dépit de quelques petites variantes, bien sûr), le titre risque de s'avérer lassant et ennuyant. Néanmoins, le dénouement du classique étant un summum de l'oeuvre, le mangaka peut nous embarquer durant quatre volumes avant de proposer un final explosif.  

Le style graphique de l'auteur se rapproche de celui dominant de l'époque. Trait arrondissant les personnages, expressivité décuplée, remplissage de qualité variante mais souvent intéressante complété par un véritable travail de recherche sur le oman afin de le présenter sous une forme très respectueuse. Yokoyama nous offre un véritable roman graphique ponctué de nombreuses narrations explicatives ou introductives sur le contexte de l'époque mais avec come axe primordial de rendre ludique et accessible cet oeuvre. C'est pourquoi il s'agit bel et bien d'un shônen en huit volumes compilant les principaux points d'intérêt de l'oeuvre originale.  

Au bord de l'eau est une bonne surprise. On ne s'attendait pas à voir débarquer un jour un titre sur cette fresque sans fin dont l'importance littéraire en Asie est gigantesque et encore d'actualité dans leur cinéma d'action. Le titre se montre intéressant à découvrir même si le côté répétitif de plusieurs chapitres donnent du grain à moudre à ses détracteurs.