8/10Le Château dans le Ciel

/ Critique - écrit par Nicolas, le 17/01/2003
Notre verdict : 8/10 - Empire perdu. (Fiche technique)

Bien avant Princesse Mononoké (1997) et Le Voyage de Chihiro (2001), précédant même Porco Rosso (1991) et Mon Voisin Totoro (1989), Hayao Miyazaki nouait déjà avec le succès aussi bien artistique que public. Laputa, Le Château Dans Le Ciel en est non seulement un bel exemple, mais également le premier film d'animation sorti du fameux Studio Ghibli, qui donneront naissance à tous les films précédemment cités. A égale notoriété avec Disney, mais sur un plan différent, il ose un autre regard moins niais sur l'enfance, oppose la nature et l'homme dans des univers incroyables peuplés de créatures étranges. Récompensé à plusieurs reprises (dont l'Ours d'Or pour Le voyage De Chihiro), encensé par la critique, il ne pouvait y avoir plus bel hommage à cet artiste de l'animation que de faire découvrir le premier chef-d'oeuvre du Studio Ghibli, un ébouriffant voyage pour petits et grands qui démontre une fois de plus que le talent n'est pas un coup de chance...

En s'échappant maladroitement d'un kidnapping, la jeune Sheeta échoue inconsciente dans une cité minière, grâce à sa mystérieuse pierre bleue. Un jeune mineur, Pazu, la recueille et l'aide à échapper aux pirates qui la poursuivent, attirés par le trésor que pourrait leur apporter le bijou de la jeune fille. La pierre bleue peut en effet indiquer le chemin vers une cité légendaire dans les nuages, Laputa, une grande forteresse disposant de moyens destructeurs dangereux. Une capacité meurtrière qui intéresse fortement les militaires, et plus particulièrement l'antipathique Muska...

Le Château Dans le ciel est l'exemple typique du récit d'aventures par et pour les yeux d'un enfant, à l'instar des deux précédents chefs-d'oeuvre. Et comme à chaque coup, le voyage sera des plus dépaysants : d'une époque pré-industrielle sortie tout droit des récits de Jules Verne ou de Gulliver, où les machines volantes trouvent formes dans des croquis étranges et parfois gigantesques, Miyazaki emmène le spectateur droit vers un château caché de tous, annexé par la nature, et protégé par des robots difformes. On reconnaît rapidement la patte du génie, insufflant une personnalité attachante à chaque personnage sans tomber dans la niaiserie basique, et propulsant sur grand écran une imagination renversante aussi bien dans les évènements que dans les paysages. Sans compter sur le scénario, relativement simpliste, qui trouve une force prodigieuse dans la réalisation et les péripéties de nos héros, s'approchant des deux heures sans que M. Ennui ne vienne déranger Mme Emerveillement. Les principales valeurs défendues par Hayao Miyazaki sont présentes, démontrant l'ascendance que la nature pourrait avoir sur l'homme et son éphémère vie, dans une métaphore sur la fin du monde, où la technologie s'écroule pour laisser place à Dame Nature. Malgré ses dix-sept ans d'âge, l'animation fait très bonne allure, sans que l'on puisse réellement établir de différences avec les productions actuelles. Il y a bien peut-être un ou deux éléments en retrait, mais principalement des détails sans importance qui n'ont pas le pouvoir de gâcher le plaisir visuel.

Une perle du Studio Ghibli oubliée injustement, d'une qualité artistique au moins égale à Princesse Mononoké et au Voyage De Chihiro, un pur dépaysement qui ravira petits et grands au fil d'une aventure rythmée et passionnante. Hayao Miyazaki reste fidèle à lui-même, cultivant sa méfiance au regard de la technologie et prônant sans détour sa vision naturaliste.


P.S. : Une pierre bleue qui anime des machines, des robots gardant une cité perdue, des symboles étranges un peu partout... Ca ne vous fait pas penser à quelque chose ?