3/10Détective Conan - la série

/ Critique - écrit par juro, le 22/10/2005
Notre verdict : 3/10 - Conan le barbant (Fiche technique)

Tags : conan detective episode episodes saison vol film

La parution fleuve de Détective Conan version manga est la clef d'un succès bien rodé par son créateur Gôshô Aoyama entre mystères et humour. Cependant, la parution sans fin et des aventures du jeune détective prend une tournure cyclique, redondante et affreusement rébarbative. Signe d'une exploitation totalement foncière d'un titre qui ne mérite pourtant pas tant d'éloges, Détective Conan a connu une adaptation télévisée qui présente autant de défauts sinon plus à cause d'une version française tronquée. « Un peu ça va, beaucoup bonjour les dégâts », un concept qui ne fut pas appliqué non plus à la série...

Chérie, j'ai rétréci le détective

Shinichi Kudo est LE lycéen tant redouté par les criminels de tout poil pour son incroyable vista à propos de la résolution des enquêtes. Sa perspicacité à toute épreuve lui a apporté une solide réputation : tous voient en lui un fin limier toujours prêt à aider la brigade policière bien embêtée par des mystères trop compliqués pour elle. Alors qu'il se promène avec sa petite amie Ran Mouri, Shinichi est confronté à un duo d'hommes en noirs ressemblant fortement au Blues Brothers qui lui tendent un traquenard pour tester un poison aux effets inattendus. Shinichi rétrécit et revient dans le corps d'un enfant de six ans. Personne ne sait ce qu'il est advenu de Shinichi, ni Ran ni le doux dingue de père de la jeune fille, détective raté de vocation... Rebaptisé Conan Edogawa par un concours de circonstances, il accompagne désormais les Mouri sur toute scène de crime pour se montrer bien plus futé que la plupart des adultes présents tout en restant anonyme sur sa véritable identité...

Du manga à l'anime, peu de différences flagrantes au niveau du scénario car si le support change, le même esprit shônen reste. Qui dit shônen dit simplification, raccourci, mise à niveau et par conséquent enquête de pacotille au suspense tordu et l'explication biaisée par un « mais bien sûr ! » sorti de derrière les fagots des pensées du mangaka. La trame principale n'est qu'un prétexte à développer des aventures sans fin pour proposer des enquêtes policières sans originalité mais Détective Conan s'avère l'un des rares à exister dans un contexte manquant cruellement de référence au manga et la japanimation. Le principe des hommes en noirs employé comme grands méchants apparaissant de temps à autre au hasard d'une enquête se révèle tout bonnement ridicule. Cependant, leur apparition marque un sursaut d'intérêt pour les aventures du mini-détective tellement la platitude des situations et la répétition dans lesquels celui-ci s'embarque est encore pire. Les scénarii de chaque enquête suivent un dénouement inébranlable d'un classicisme de toute enquête d'Hercule Poirot ou Sherlock Holmes en apportant la fameuse touche de nouvelles technologies, presque une tradition obligée à la culture manga nippone et au shônen... Les raisonnements se jouent sur un coup de dé, les scénarii évoquent des histoires criminelles sans relief. Restent à voir les personnages et la technique et sans surprise, ils sont du même acabit...

« Conan, le plus grand des héroooooooos »

Les personnages sont fades mais le succès de la série est essentiellement incarnée dans son protagoniste qui se plait à jouer sur le double registre enfant/adolescent pour tirer son épingle du jeu. Le trio fonctionne de manière simple : le personnage principal enfant charismatique, la fille adolescente fonceuse et l'adulte crétin et incompétent. Au risque de paraître dérisoire et déjà vu, le public visé est clairement défini pour attirer les enfants. Une recette qui marche encore et encore, un produit formaté. Instinctivement, les devinettes qui se présentent sous la forme d'intrigue ne s'adressent typiquement qu'aux enfants ou fans purs et durs de la première heure, le niveau de la narration ne s'élève pas beaucoup plus haut qu'une simple enquête d'un bouquin policier pour enfant.

Techniquement, le bas blesse avec une animation primaire et simpliste. Dur de se dire que la série compte plus de 400 épisodes en étant si pauvre. Le graphisme original déjà peu performant est conservé à 100%, les visages faits de polygones horribles et les oreilles proéminentes des personnages sont peu ragoûtantes. La colorisation est bonne sans plus, le remplissage de même. Mais le pire reste à venir avec une version française absolument abominable : mal doublée, censurée en partie (pas une goutte de sang dans Conan !), passages clés tronqués, générique pitoyable, OST inexistante ou presque.

La série Détective Conan est un gâchis sans nom qui ne mérite pas qu'on s'y attarde plus de deux minutes et pourtant sa diffusion télévisuelle est un succès à l'heure du goûter. L'attrait du manga/anime (même quand il est mauvais) ne fait plus de doute parmi la jeunesse...