7.5/10Dororo

/ Critique - écrit par juro, le 17/07/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Doro et Doro (Fiche technique)

Tags : dororo manga hyakkimaru tezuka shirt samourai osamu

En jetant un vague coup d'oeil à sa bibliographie, tout lecteur peut se rendre compte qu'Osamu Tezuka ne s'est pas arrêté à ressasser des idées toutes faites, il a exploré le monde du manga à travers des sujets larges, complexes et variés. S'il s'était déjà attaqué à la période des samouraïs avec le seinen L'Arbre au Soleil, c'est sous l'allure d'un shônen que Dororo prend forme. Assaisonnement d'humour typiquement de l'homme au béret, d'histoires de samouraï et de petites touches morbides, cet énième oeuvre du maître se classe parmi ses réussites. Assurément.

Adorororable Tezuka

Dororo
Dororo
Hyakkimaru est infirme : 48 parties de son corps ont été vendues à autant de démons avant sa naissance. Rafistolé par un chirurgien compatissant, adolescent, il se découvre d'étranges pouvoirs psychiques. Accompagné de Dororo, un petit voleur espiègle, il arpente le Japon à la recherche d'un endroit où vivre en paix... affrontant au passage esprits et forces obscures.

La quête du samouraï se révèle éprouvante, épique. Tezuka nous sert du grand art avec des chapitres dont il a gardé le secret, partant d'un rien pour arriver à des retournements de situation qu'il maîtrise à la perfection. Il développe le thème de l'amitié entre deux personnages lancés dans une quête initiatique comme c'est souvent le cas dans les shônen mangas... mais il y ajoute une touche d'humour très personnel intégrant de plein pied le lecteur dans le manga et restant parfaitement dans le cadre d'un scénario cohérent et toujours porteur d'un message fort. Le lecteur averti se laisse bluffer par la narration sans défaut du maître qui nous entraîne systématiquement dans des dénouements imperceptibles. Si le duo de personnages cale au stéréotype du shônen, c'est le poids des circonstances qui donne au manga son aura. Le background des personnages et leurs caractères non conventionnels tend davantage vers Lone Wolf & Cub que Astro Boy et compagnie.

Fighting spirit(s)

Si le manga prend le nom du petit voleur, c'est l'autre personnage du duo qui prend en charge une grande partie du scénario sur ses épaules. Les deux histoires se révélant intimement liés et celle de Dororo constituant le final de l'intrigue. Face à ces personnages, se retrouve la clique de personnages récurrents du mangaka, comme d'habitude. Tezuka rend admirablement bien l'époque des samouraïs et imprègne son oeuvre de l'esprit y régnant. D'autant plus que le rythme des histoires se révèle soutenu, sans doute en raison du grand nombre de scènes d'action.

Le mangaka nous ressert sa palette graphique commune pour apprécier Dororo et s'il ressort avec justesse les costumes du folklore japonais, les personnages principaux ne compteront pas parmi ses plus grands héros charismatiques au niveau du look. Très typé shônen, le trait évoque des bouilles rondouillardes dans des décors assez pauvres en la matière... mais certainement imposants en 1967 ! Evidemment, la précision en prend un coup et la proportion des personnages n'est pas toujours si juste, sans pour autant tomber dans des débordements excessifs. A l'inverse, le bestiaire de monstres se révèle très travaillé et représente certainement les cases les plus travaillés par l'auteur.

Dans une édition qui rappelle celle de Barbara ou Kirihito, Dororo s'affirme comme un des meilleurs shônen du maître qu'il nous a été possible de découvrir jusqu'à présent. Si la déferlante ne devrait pas cesser dans les prochains mois, ce titre mérite un coup d'oeil particulier pour sa qualité globale et la preuve que le mangaka sait réaliser des shônen manga d'action à la fois brillant et rythmé. Du bon Tezuka.