2/10Dystopia / YSquare

/ Critique - écrit par juro, le 10/04/2007
Notre verdict : 2/10 - Dystopia (Fiche technique)

Tags : manga judith park pika eur edition livraison

Avant le manfra, son équivalent allemand (soit le « manger » ?) a déjà connu une publication en volumes reliés. Débarquant dans l'Hexagone avec l'aide de plusieurs éditeurs, le phénomène reste tout de même très limité. Autant en quantité qu'en qualité. Et ce ne sont pas les shojô de Judith Park qui y changeront quoique ce soit. Pika a publié coup sur coup deux oeuvres récentes de l'auteure d'origine coréenne, deux one-shot qui montrent une progression mais encore insuffisant...

Park in

Dystopia
Dystopia
Dystopia
est un drame mettant en scène un trio de personnages absolument soporifique en tout point, qui vire rapidement au n'importe quoi et à un shojô larmoyant dans le pire sens qu'il puisse posséder. A l'inverse, YSquare est une comédie romantique beaucoup plus légère d'un trio amoureux avec une pointe infime de yaoï. Pour autant, aucunement possible d'épiloguer dessus, les scénarios tiennent sur le pouce.

Le principal souci de Judith Park est d'arriver à construire un scénario. Dystopia est un échec important dans le genre avec un scénario qui aurait pu prendre forme si la jeune auteure de l'époque aurait été plus expérimentée. La naïveté dont elle fait preuve est digne d'une adolescente pour lequel l'oeuvre est destinée et le manga se transforme rapidement en un gigantesque pétard mouillé par une pluie torrentielle. A la moitié du manga, on ne sait plus quelle en est la ligne directrice tellement le tout est fouillis, les transitions inexistantes et l'intrigue tellement prévisible, absurde et mal fini. Seuls les dessins très shojô sauvent quelque peu l'oeuvre mais véritablement calqués sur ses homologues d'Extrême-Orient sans apporter beaucoup d'originalité. Les yeux dévorant le visage et en forme de quadrilatère laissent froids sur des visages expressifs mais aux poses complètement stéréotypés. Dystopia est à bailler, un raté en puissance qu'on préférera qualifié d'oeuvre de jeunesse tellement la suite est bien meilleure.

Park square

Pour YSquare, la mangaka allemande a décidé de surfer sur une vague plus légère, moins dramatique lourdingue. La comédie romantique était toute appropriée. Changement de genre mais pas de changement de style. Et si les chapitres évoquent une gentillette histoire d'amour avec un héros coureur de jupons et des filles prêtes à tout pour lui faire regretter ses pulsions, l'originalité n'est pas de mise. Une fois de plus. Mais l'oeuvre gagne en maturité, c'est certain, à tout point de vue. La narration est plus claire sous forme de chapitres courts avec un drama school évident mais presque efficace s'il ne tombait pas dans la flagornerie mal approprié par instants et des réflexions amateurs de comportements, le tout doublé dans un langage djeunz à se mordre les doigts avec le dentier de votre grand-mère. Les années passant, Judith Park a appris la bonne utilisation des trames, à raffiner son trait et épurer son manga avec des zones de vide. Les erreurs apparaissent encore parfois de manière évidente mais l'ensemble y gagne. Elle semble sur la bonne voie pour proposer quelque chose de sensiblement meilleur, surtout que son SD fait mouche.

La mangaka allemande ne demande qu'à voir son petit monde contaminé le public européen. Il est sans doute trop tôt pour que ses oeuvres tiennent encore durablement la route mais on ne peut lui souhaiter que bon vent pour la suite. Et qu'elle fasse rêver les adolescentes avec autres choses que des récits rabâchés...