8.5/10La Femme Insecte

/ Critique - écrit par juro, le 26/05/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Mante religieuse (Fiche technique)

Un bon seinen de Tezuka, ça vaut forcément le détour.

Toshiko Tomura vient de recevoir le prestigieux prix littéraire Akutagawa pour son roman intitulé LA FEMME INSECTE. L'écriture n'est pas le seul talent de cette femme séduisante qui réussit avec brio tout ce qu'elle entreprend : elle est également une comédienne reconnue et la lauréate d'un grand prix de design new-yorkais. Pourtant, derrière ce génie et ce visage angélique se cachent de nombreux mystères : au moment de la remise de son prix littéraire, l'ancienne colocataire de Toshiko est retrouvée pendue devant son poste de télévision... Suicide ou meurtre ? Le journaliste Aokusa, persuadé que la réussite de Toshiko n'est pas le simple fait de son talent, décide de mener l'enquête... Mais réussira-t-il à résister à ses charmes ?

La Femme Insecte
La Femme Insecte
Un bon seinen d'Osamu Tezuka demeure toujours une lecture attractive, passionnante et débordante de rebondissements. Pas du tout canalisé par les frontières narratives communes des éditions actuelles, Tezuka possède un ton libre, propre à lui-même, ce qui se révèle d'autant plus intéressant lorsque son récit simple prend une tournure complexe. Avec La Femme Insecte, le mangaka décrit un personnage charismatique et au centre de toutes les attentions, Toshiko Tomura, véritable copycat pluri-talentueuse. Ce personnage possède un certain nombre de vices : menteuse, voleuse, manipulatrice... Ce qui fait d'elle un personnage à l'encontre des valeurs humanistes de l'auteur. Anti-héroïne par nature, elle démontre avec aisance que le manque de scrupules latent contribue à rendre plus fort encore les arrivistes. Inadaptée à l'amour, inadaptée à une vie sociale classique, Toshiko sombre à chaque nouveau chapitre dans des ténèbres plus profonds, côtoyant des tueurs, des politiques véreux, des salarymen sans foi ni loi... Jusqu'à devenir une mante religieuse implacable !

Le style seinen de Tezuka trouve preneur. C'est simple, clair mais la mise en scène demeure de premier ordre. L'intensité du récit s'en trouve renforcée, un modèle du genre.

Dans l'esprit, La Femme Insecte est à rapprocher d'Ayako ou Barbara, c'est-à-dire un destin de femme tragique prise dans un développement aux multiples rebondissements. Une réussite totale pour le mangaka qui s'illustre une fois de plus pour notre plus grand plaisir.