7.5/10Fruits Basket

/ Critique - écrit par juro, le 25/04/2004
Notre verdict : 7.5/10 - Panier garni (Fiche technique)

Tags : fruits basket tohru manga soma kyo yuki

Un bon shojô qui reste cohérent et prend une tournure intéressante au cours de son avancé

Un, deux, trois, nous irons au bois... quatre, cinq, six, cueillir des cerises... sept, huit neuf, dans un panier neuf... dix, onze, douze... euh... rien à voir avec cette comptine enfantine parlant de fruits et de panier mais Fruits Basket est un shojô tout aussi entraînant que ce petit air. Très typé sentiments débordants d'amour et jeunes filles en fleur, le manga parvient tout de même à se démarquer de ses concurrents par son intrigue principale ténébreusement prenante autour des signes du zodiaque chinois. Les maudites affaires de la famille Soma vont éclater aux yeux et à la figure de l'héroïne principale pour le meilleur et pour le pire d'entre eux mais toujours accompagné d'un humour faisant la part belle aux situations les plus rocambolesques qui permettent de composer ça et là un shojô correctement travaillé par la mangaka Natsuki Takaya pour son premier manga paru dans l'hexagone.

Les cygnes du Zodiac

Fruits Basket
Fruits Basket
L'horoscope n'est pas une de mes lectures favorites mais Fruits Basket a tout changé. Mais reprenons depuis le début... Le deuil de sa mère à peine terminé, Tohru Honda est contrainte de quitter sa maison pour celle de son grand père. Malheureusement, celui-ci ne peut l'accueillir que pour une durée limitée et Tohru se doit d'emporter une nouvelle fois son baluchon pour s'installer sous une tente dans une clairière... à ce moment-là, ce n'est pas très folichon car le coup de la petite orpheline a déjà été réalisé cent fois.

Pourtant, on se surprend à lire la suite et lorsque Tohru fait la connaissance de deux jeunes hommes, Shigure et Yuki, le manga change d'allure prenant sa réelle dimension orientée entre la profusion de sentiments et l'humour doux dingue se terminant souvent par des petites scènes d'affrontements ou des provocations intempestives. Yuki est justement un élève de la classe de Tohru et on se rend vite compte que le coeur de l'héroïne balance en sa faveur, ce qui a le don d'agacer toutes les autres prétendantes. Courageuse et positive, Tohru n'hésite pas à aller travailler dur pour espérer se sortir du pétrin dans lequel le destin l'a poussé... et la roue tourne le jour où Yuki et Shigure découvrent une tente plantée sur leur vaste et dedans une Tohru malade comme un chien.

La décision est rapidement prise afin que la jeune fille puisse passer la nuit dans la demeure des deux jeunes hommes. Cependant, ils vont rapidement se rendre compte que la présence féminine que Tohru apporte à ce conservatisme masculin est loin d'être déplaisant. Ils vont donc lui proposer de l'accepter définitivement au sein de la demeure Soma. Pourtant...

... La décision a même été prise un peu trop rapidement car des règles régissent le quotidien de cette famille masculine maudite depuis plusieurs générations par les esprits des signes du zodiaque chinois. En effet, au contact proche d'une jeune fille (du genre « viens dans mes bras ! »), ceux-ci se transforment en un des treize animaux auxquels leur existence les a prédestinés. Les situations dramatiques sont donc à l'ordre du jour lors de ces contacts... contacts qui ne vont cesser de s'envenimer avec l'arrivée d'un troisième larron, Kyo, justement caractérisé du treizième signe, le plus maudit parmi les maudits. Cette nouvelle apparition donne le ton de l'intrigue, basée sur la volonté de Tohru de grappiller les informations afin de connaître en détails les dix autres membres de cette famille sous leurs différentes formes, lever le secret qui pèse sur eux et pourquoi pas la malédiction par la même occasion.

Treize animaux et une cruche

La part belle est faite aux sentiments de Tohru. Un peu cruche sur les bords serait un doux euphémisme pour la décrire car au-delà de son comportement toujours positif avec un sourire jusqu'aux oreilles, elle devient vite énervante avec ses répliques pleines de non-sens ou de mélodrames incessants. Réconfortant et donnant confiance aux différents membres de la famille Soma, elle est tout de même le détonateur de l'histoire car ce sont ses rencontres et expériences qui nous font découvrir petit à petit les secrets de la malédiction. Sentimentalement, son coeur est pris à Yuki dès le début mais l'apparition de Kyo va chambouler la donne. L'amour timide que lui porte les deux jeunes lycéens et dont elle est souvent la dernière informée ne tourne jamais autour des mêmes situations. Amusant pour une fois d'éviter l'écueil de Love Hina. De plus, l'héroïne s'illustre par son caractère positif et ses talents de femme au foyer qui font le régal des fainéants qui l'entoure, tout en vivant avec le souvenir permanent de sa défunte mère...

Parmi les Soma, Tohru fera connaissance de Yuki dit « le Prince ». Talentueux dans tous les domaines et possédant son propre fan club au sein du lycée, celui-ci a un regard blasé qui fait fondre toutes les demoiselles aux alentours. Portant en lui les séquelles de profondes blessures, il garde cette mélancolie profondément enfouie mais l'arrivée de la jeune fille dans son lieu de résidence suscitera de profonds changements même s'il se refuse à l'admettre. En concurrence avec Kyo pour obtenir l'affection de Tohru, il lui colle souvent des raclées.

Arrivé comme une bombe au milieu de la maison de Shigure, Kyo est un colérique en puissance qui se laissera progressivement amadouer par la gentillesse de Tohru. Personnage intéressant puisque considéré comme le mal aimé, il n'hésite pas à exprimer sa rage envers le monde car lui aussi porte des blessures non cicatrisées en lui.

Shigure est plus âgé que ces trois jeunes personnes, il est d'ailleurs le responsable de la maison mais cela ne veut pas dire qu'il est le plus sérieux ! Ecrivain aux productions diverses, il a aussi un talent d'orateur qu'il n'hésite pas à utiliser pour faire valoir son charme afin d'essayer de draguer Tohru ou lancer des petites piques assassines envers les deux autres présences masculines. Lui aussi cache son jeu derrière sa bonne humeur apparente.

La galerie s'étend encore un peu plus avec les dix autres personnages qui entreront au fur et à mesure dans le manga. Chacun disposant d'un caractère bien particulier défini par l'auteur qui s'attache à décrire des caractères extrêmes. Tous sont aussi confrontés à la malédiction et les relations entre les différents personnages ne sont pas toujours au beau fixe d'où une complexification du scénario qui rend l'intrigue plus intéressante à chaque nouveau volume.

Fruits Basket, un prétexte à l'auto biographie de Takaya

La critique devient plus acerbe en ce qui concerne le dessin avec un désenchantement à plusieurs niveaux. Les têtes des personnages au menton triangulaire et les grands yeux sont caractéristiques du trait de Takaya mais justement tous ses personnages se ressemblent un peu, d'où une saturation de ronds globuleux et d'extrémités triangulaires au fil des pages. Agaçant. Si ce n'était que les personnages, les transformations en animaux aussi ! Le plus gros reste sans doute le remplissage de certains fonds de case. En effet, celles-ci sont aussi particulièrement ridicules avec un vide chronique ou des fonds remplis de petites fleurs naïves qui laissent bouche bée. Heureusement, Takaya se rattrape un minimum avec des passages en SD plus comiques que bien dessinés mais l'ensemble reste quand même convenable et un volume se déguste comme un millésime.

Par ailleurs, Nastsuki Takaya est fière de sa création et ça se ressent énormément car elle intervient constamment pour raconter sa vie en début de chaque chapitre. Si le principe est sympathique et contribue à renforcer la relation entre le lecteur et la mangaka, le contenu est beaucoup moins probant avec les récits de la vie « passionnante » d'une grande amatrice de jeux vidéo. Enfin bon, on pourra au moins dire que la mangaka se donne à son public tout entière et même plus...

Pour finir, Fruits Basket a été adapté en anime pour le plus grand bien avec une réussite au niveau de l'animation. Un bon shojô qui reste cohérent et prend une tournure intéressante au cours de son avancée. Un poil moins prenant que Nana mais les dix volumes actuels de l'oeuvre de la mangaka laissent prévoir un dénouement final appétissant dont l'issue reste pour l'instant bien secrète.