5.5/10Goth

/ Critique - écrit par Kei, le 08/12/2006
Notre verdict : 5.5/10 - I've goth the blues (Fiche technique)

Tags : goth goths gothique romains siecle empire anglais

On s'en doutait depuis un bon moment déjà, mais c'est maintenant sûr : la police japonaise est composée d'incapables. Comment expliquer sinon qu'elle n'arrive jamais à résoudre les pires crimes sans l'aide d'une myriade de lycéens ? Comment expliquer que là où elle laisse courir un assassin pendant deux mois, il suffit de trente minutes à un gamin en uniforme d'écolier pour le retrouver et le punir comme il se doit ? A croire que tous ces détectives en herbes ne partagent plus les valeurs fondamentale du pays, et que la police souffre d'une image terrible. Ou bien tout ceci vient de la dégénérescence de la jeunesse, qui s'identifie de plus en plus à ces idées morbides et violentes portées par le mouvement goth. En tout cas, c'est ce que l'on serait tenté de penser à la lecture de ce manga.

Goth
Goth
Goth
est une suite de petites histoires, impliquant à chaque fois les deux mêmes personnages. Chacune de ces histoires a pour base un meurtre sadique ayant pris naissance dans l'esprit d'un détraqué aux goûts malsains. Une cruauté qui fascine nos deux héros. Ils ne tardent pas à se mettre à chercher l'assassin, qui agit - chance - dans leur voisinage direct.

Le coup de crayon d'Oîwa Kendi est parfait pour cette adaptation. Le trait net et précis fait ressortir toute la banalité des personnages, tandis que la mise en page et le cadrage contribuent à une atmosphère angoissante. Les plans sur lesquels on ne peut voir qu'une bouche déformée par un rictus sont tout à fait réussis et évoquent au lecteur des images de tueurs psychopathes. L'auteur en a bien conscience, et il tombe dans l'excès. On ne compte pas le nombre de visages dépourvus d'yeux, ceux-ci étant cachés par des cheveux ou par une ombre créée par un éclairage glauque. Il en abuse plus qu'il n'en use et cela mène à un des grands travers de ce manga : on ne reconnaît plus les personnages. A force de vouloir les rendre banals pour rehausser l'horreur qu'ils créent, tous ces protagonistes finissent par se ressembler. Bien malin est celui qui arrive à avoir les idées claires sur leurs identités du début à la fin.

Les scénarios sont plus que poussifs. Les personnages sont totalement creux. Leur fascination pour la mort et la violence ne les rend pas attachant pour un sou. D'ailleurs, l'image que l'auteur donne des goth n'est pas très reluisante. On se rapproche du niveau des reportages de TF1 et M6 : les goths sont des adolescents fascinés par la mort, prês à passer au meurtre à chaque instant. Ils ne s'habillent qu'en noir, ne sont pas dérangés par la vue de cadavres et couvrent des pages blanches de centaines de dessins de crucifix. Un portrait reluisant, non ?
Certes, ces clichés servent l'intrigue, mais les personnages en cause sont si peu attachants qu'on ne porte pas vraiment d'intérêt à l'histoire. Il aura fallu que je relise ce manga pour comprendre le scénario, tant j'avais apporté peu d'attention à la première lecture.

Tout n'est pas si noir pourtant. Mais il est difficile de s'identifier aux personnages torturés si l'on n'a pas soit même un pied dans cet état d'esprit. Peut-être que certains lycéens fan de Baudelaire y trouveront leur compte, mais pour les autres, les délires psychotiques de l'auteur ne provoqueront aucune émotion.

Goth est un manga qui entre parfaitement dans la ligne éditoriale de Pika Senpaï. A ce titre, l'édition est très sympathique. La jaquette est aussi agréable pour la vue que pour le toucher. Un petit bémol cependant : la tranche du livre à été colorée en noir, pour mieux coller à l'esprit du manga. Mais au final, le noir parait passé, et rappelle plus la tranche jaune ou rose des vieux livres de poche qu'on trouve au détour d'une bibliothèque.