6.5/10Gringo

/ Critique - écrit par juro, le 30/09/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Gringolet (Fiche technique)

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Japonais en terrain étranger, ça peut donner un touriste avec son Nikon autour du cou ou bien une version un peu plus musclée comme dans Gringo.

En 1982, dans un monde où la concurrence est féroce, une grande compagnie japonaise nomme Hitoshi Himoto, 35 ans, à une haute fonction dans sa filiale d'Amérique du Sud. Hitoshi qui a du abandonner son rêve de faire une carrière de sumo est conscient de cette promotion exceptionnelle et déterminer à faire son chemin ! Le hic est que ces gisements se trouvent dans une zone contrôlée par les guérilleros dirigés par le terrible Jose Garcia. Toutefois, entraîné de mutation en mutation suite à la disgrâce de son chef, Hitoshi atterrit dans la république bananière de Santa Luna. Il y découvre un autre monde : dictature, misère, corruption, insurrection. Un peu par hasard, Hitoshi découvre l'existence dans les sous-sols, de métaux précieux pour l'électronique. Désormais considéré comme le "gringo", Hitoshi devra faire face à de multiples obstacles pour négocier avec les rebelles l'accès, l'achat et l'export des précieux minerais tout en louvoyant parmi les politiques locaux et sa hiérarchie !

Gringo
Gringo
Une intrigue politico-financière signée Osamu Tezuka voit le jour avec Gringo. Sujet plutôt rare et mature pour un seinen manga, le titre ne possède pas de comparaison et se lit comme une de ses sagas au long cours tel que
Ikki Mandara, mêlant la petit histoire à la grande. Cette fois-ci le personnage principal peut apparaître détestable avec le prototype même du capitaliste japonais ambitieux et travailleur. Mais loin d'être uniquement une fourmi, Hitoshi Himoto se présente comme un honnête père de famille, présentant un portrait contrasté d'homme d'affaires avec un fonds humain. Le titre parle de la condition du Japonais en général, de sa relation au monde face aux étrangers, aux autochtones sud-américains. Et Tezuka arrive souvent à la conclusion que le nippon a beaucoup à apprendre d'autrui... Car même si le titre demeure inachevé, Gringo soulève suffisamment d'aspects et de thèmes forts que sa lecture est recommandée.

Osamu Tezuka « virilise » son trait avec un chara design s'approchant plutôt de ses titres engagés comme L'Histoire des 3 Adolf que de ses nombreux shônen. Mature et décidé, ce Gringo s'offre comme un éclairage, une sorte d'appel aux japonais de se regarder dans le miroir et se remettre en question. Du coup, l'auteur accentue son effet en présentant un protagoniste regroupant les principales caractéristiques du japonais moyen de l'époque pour en tirer un mélange détonnant graphiquement : un gnome au regard décidé et nullement nunuche.

Un one-shot explosif mais qui reste mineur dans la bibliographie du maître en raison d'un nombre de thèmes seulement survolés et d'amorces non exploitées, s'ajoutant à une non fin plus compréhensible. L'édition de Kana est superbe, montrant bel et bien que le bunko a de l'avenir. Bref, un titre non essentiel mais assez unique en son genre, qui mérite un petit coup d'œil.