Premier regard - The Heroic Legend of Arslan - La légende héroïque selon Hiromu Arakawa 2.0

/ Critique - écrit par OuRs256, le 02/06/2015

Tags : arslan tome manga legend volumes oricon parse

Ce n’est pas la première fois que l’auteur de Fullmetal Alchemist fait du manga de légendes guerrières très inspirées des grandes frasques chinoises. Sa première incursion remonte à 2007 avec Jushin Enbu ou plutôt Heros Tales chez nous. Il y avait déjà un scénariste derrière le titre à l’époque et c’est la même chose cette fois avec The Heroic Legend of Arslan puisque la mangaka adapte une oeuvre littéraire, celle de Yoshiki Tanaka. Alors, retour gagnant ?

The Heroic Legend of Arslan (ou Arslan Senki pour ceux qui préfèrent le titre japonais) nous amène à la frontière de l’Orient et de l’Occident, à la découverte du prospère royaume de Parse. Cette richesse est le résultat d’un règne juste mais strict et austère du redoutable roi Andragoras. Avec sa frêle carrure et son maniement approximatif des armes, difficile pour le jeune prince Arslan de revendiquer son statut d’héritier au trône (comparé à son père, on a plus l’impression de voir une chiffe molle…). L’année de ses 14 ans, il va (enfin ?) prendre part à sa première bataille afin de repousser l’envahisseur lusitanien dans la plaine d’Atropathènes. Un jour marqué du sceau de l’infamie qui fera basculer à jamais son destin et celui du royaume de Parse…

Premier regard - The Heroic Legend of Arslan - La légende héroïque selon Hiromu Arakawa 2.0

Premier constat que l’on peut faire : c’est lent (et ce, malgré une bataille épique). On sent clairement que le rythme de narration est plus ralenti que ce que l’on voit généralement chez Arakawa. Cette dernière sait jouer avec sa mise en page mais aussi comment modifier la vitesse d’évolution de ses personnages. Aucun doute là dessus. Cependant, dans Arslan Senki, les choses prennent un certain temps à se mettre en place. On remarque très souvent ce ralentissement dans les adaptations réussies de light novels ou de romans comme dans Ascension de Shin’ichi Sakamoto par exemple. Cependant, comme on l’apprend dans la petite interview croisée des deux auteurs à la fin, ce premier tome du manga est inédit. Puisque ce « prologue » ne se trouve pas dans le roman, difficile de justifier du rythme avec la nature de l’oeuvre originale… ou du moins pas directement. Ma théorie est simple : Arakawa, en grande professionnelle, s’est imprégnée du rythme de l’auteur lors de sa lecture du roman et a adapté sa technique narrative en conséquence. 

Ce nouveau titre d’Arakawa s’inscrit clairement dans une mouvance shônen. Que ce soit sur l’aspect « quête initiatique » du héros ou sur ses combats épiques, le travail de l’auteure est remarquable. L’issue des batailles n’est pas jouée d’avance et surtout, chacune d’entre elles possède un rôle à jouer dans l’évolution d’Arslan. En seulement un tome, le jeune garçon grandit très vite pas véritablement par choix mais parce que la vie l’y oblige. Le monde dans lequel il vit est en guerre et la violence fait partie de son quotidien. Même si c’est difficile pour quelqu’un d’aussi frêle qu’Arslan, il faut une certaine force d’esprit pour pouvoir survivre dans un tel environnement. Les plus branchés « Histoire » remarqueront d’ailleurs des similitudes entre la Parse et la Perse, normal puisque le premier est inspiré du second (c’est l’auteur qui le dit) et on retrouve ainsi un univers cohérent dans sa construction et complexe dans ses coutumes.

Contrairement à Fullmetal Alchemist et à l’instar de Hero Tales, les personnages d’Arakawa évoluent dans un monde réaliste. Ce n’est pas son choix mais celui de l’auteur du roman et scénariste Yoshiki Tanaka mais on sent quand même que la mangaka est en territoire connu. Pourtant, le monde qu’elle nous met en images possède toute la complexité de la réalité dans laquelle vivent ses lecteurs. La guerre n’épargne personne et surtout pas le héros qui va devoir surmonter de nombreuses épreuves. Alors qu’il va entrer en contact avec un prisonnier de guerre devenu esclave vont se poser les questions de religion et de liberté. En effet, ce dernier ne vénère pas la même divinité que lui et Arslan va se demander pourquoi. Il aura aussi du mal à comprendre comment quelqu’un de son âge peut être considéré comme une marchandise et être mise en gage. La disparition d’un être cher va également secouer le jeune prince et le forcer à revoir sa façon de penser mais aussi sa façon d’être. 

The Heroic Legend of Arslan fait partie de ces titres qu’il est très difficile de juger avec son premier tome car il ne constitue qu’une mise en bouche de ce qui nous attend. Même si les lecteurs les plus fans (mais aussi les moins patients) n’hésiteront pas à se jeter sur l’anime disponible sur Wakanim, le manga de Kurokawa reste un très bel objet. La première édition fait même l’objet d’une dorure, de pages couleurs et d’une interview exclusive. Autant dire que l’éditeur a fait les choses bien en proposant un objet à la hauteur des attentes des fans de l’auteur. Arakawa, de son côté, pose solidement les bases d’une histoire qui s’inscrit dans la plus pure tradition des légendes chinoises. Le jeune Arslan devra surmonter de nombreuses épreuves pour remonter sur le trône et redonner toute sa splendeur au royaume de Parse. Après Fullmetal Alchemist, Arakawa nous propose donc une nouvelle quête initiatique dans un monde plus réaliste qu’auparavant. On sait tous de quoi l’auteure est capable. Il ne tient donc qu’à elle de nous épater encore et encore…