3/10Kaikan Phrase

/ Critique - écrit par juro, le 19/03/2007
Notre verdict : 3/10 - Le pouvoir des maux (Fiche technique)

Tags : phrase kaikan tome shinjo mayu manga pika

Avant de s'être fait véritablement les dents sur Love Celeb, shojô pas tout à fait désagréable par son humour égratignant ses personnages, Mayu Shinjo aurait pu passer à la vitesse supérieure et délivrer une oeuvre plus aboutie et efficace que son manga sur les stars éphémères et richissimes à l'égo surdimensionné. Aurait pu. Mais non. Avec Kaikan Phrase, le pouvoir des mots, revoilà sensiblement la même histoire resservie dans le milieu musical qui semble inépuisable tellement les mangakas y trouvent leur inspiration pour nous pondre des redites quasi similaires de titre en titre. Une bonne grosse copie antérieure à son manga précédent avec très peu d'intérêt...

Un manga qui déPhrase

Kaikan Phrase
Kaikan Phrase
Aïné, jeune lycéenne qui aime écrire, rencontre un jour Sakuya, le chanteur du groupe Lucifer. Il prend vite conscience du talent d'écriture de la jeune fille, et lui demande d'écrire les chansons de son groupe... À condition qu'elles soient teintées d'érotisme ! Aïné hésite parce qu'elle manque cruellement d'expérience dans ce domaine mais Sakuya lui fait comprendre que c'est justement l'imagination fertile d'une jeune fille vierge qui l'intéresse... Elle finit donc par accepter. Très vite, Aïné tombe sous le charme du jeune homme, mais celui-ci ne voit en elle qu'une collègue de travail pour son groupe, Lucifer. C'est du moins ce qu'elle pense...

Bah ouais mais comme il n'y a qu'elle qui pense... Et que le reste des fans n'est qu'un troupeau de moutons affreusement idiot et soumis aux ordres de la star incontesté et idolâtré qu'est Sakuya, bin... Prenez Love Celeb et transposez-le dans l'univers musical sans apporter une quelconque innovation et en oubliant l'humour qui y correspond et vous obtiendrez Kaikan Phrase, pâle copie sans saveur. En suivant Aïné, lycéenne un poil moins cruche que les autres et sachant se servir d'une plume pour écrire des paroles aux boys band, on se rend bien compte que le manga ne décolle pas des masses avec un intérêt qui se limite au couple de protagonistes. Rien ou presque n'existe autour avec un schéma classique de drama school tellement basique qu'il en devient risible en très peu de temps. La relation tumultueuse entre la star et sa parolière va tourner au vinaigre avant que la mayonnaise ne reprenne et ceci sur dix-sept volumes. Etonnant de la part d'un shojô à grand tirage, non ?

Popstar

Le garçon manipulateur, la fille manipulée mais conquise, l'histoire d'attirance centrée sur la beauté physique bien plus que tout autre argument, le genre de scénario à faire rêver les préadolescentes aux premières lecture manga... Un peu comme pour leur faire croire que M Pokora allait débarquer dans leur lycée pour leur faire la cour. Mais l'éditeur a sous-estimé les préadolescentes qui se rendront rapidement compte que les qualités du manga ne sont basées que sur un schéma ultra répétitif des plus classiques de la première histoire d'amour venu. Le côté sado-masochiste du shojô prend toute son ampleur : il l'allume, elle y croit, il s'arrête au dernier moment, elle hésite entre confusion et colère et ainsi de suite. Jusqu'à épuisement. Ou explosion du dernier neurone servant à la lecture.

Mayu Shinjo n'a pas varié d'un pouce avec un oubli profond (mais volontaire) de remplissage, un découpage shojô extrêmement explosif avec des cases tout partout, dans tous les sens et une concentration du travail sur les personnages. Ceux-ci conservent leurs attributs physiques caractéristiques, à savoir un menton proéminent, extension de leur visage plat et presque inexpressif si leurs yeux démentiels étaient absents. De son côté, Pika rend un travail d'édition des plus classiques de sa ligne directrice : sobre avec un papier de qualité moyenne, une impression correcte et un lettrage qui a fait ses preuves.

Kaikan Phrase, le pouvoir des mots rentre directement dans la case shojô à best seller avec une date de péremption passé douze ans. Le genre de manga que vous offrirez à votre petite soeur pour qu'elle se fasse une première idée du manga. N'attendez pas un retour critique en échange...