6.5/10Kimagure Orange Road (Max et compagnie)

/ Critique - écrit par Jade, le 27/05/2004
Notre verdict : 6.5/10 - O range! O desespoir! (Fiche technique)

Plus connu dans nos contrées sous le nom de "Max et Compagnie", Kimagure Orange Road est un manga datant des années 80, créé par Izumi Matsumoto. Cette aventure raconte les déboires amoureux du jeune Kyosuke sur une période de quatre ans répartie en 18 volumes. On pourra douter de l'intérêt d'une histoire d'amour banale, et longue qui plus est. Il faudra donc trouver un autre intérêt à ce manga, ce qui n'est pas forcément évident.

Kyosuke Kagura n'est pas un jeune homme comme les autres. Sa famille est héritière de pouvoirs surnaturels. Seulement, à cause de ses pouvoirs, les Kagura sont forcés de déménager régulièrement. C'est ainsi que le jeune Kyosuke débute sa classe de seconde dans une ville où il ne connaît personne. Très vite, il fera la rencontre d'une charmante jeune demoiselle du nom de Madoka Ayukawa qui va dans la même école que lui, où elle fait figure de rebelle. La seule personne daignant la fréquenter est une jeune élève appelée Hikaru Hiyama, son amie d'enfance. Impressionnée par les pouvoirs de Kyosuke, elle en tombe amoureuse. Mais Kyosuke est lui-même amoureux de Madoka, qui tombe elle aussi peu à peu sous le charme relatif du brave garçon. Une relation ambiguë s'instaure entre eux, alors que Hikaru pense innocemment vivre une histoire d'amour stable avec Kyosuke qui accepte de sortir avec elle.

C'est en deux volumes bien remplis que se met en place le triangle amoureux d'Orange Road alors que la fin met environ un volume à se profiler. Les personnages sont plutot réalistes, et l'histoire se déroule à un rythme plaisant. Seulement, entre le début et la fin, il y a treize volumes. Et treize volumes où il ne se passe rien, c'est très long. Dès lors, la partie "centrale" de l'oeuvre se résume à des petites histoires sans aucun lien entre elles. Ceci fait d'Orange Road un manga purement divertissant, sans aucun réel message, et surtout, extrêmement répétitif.

Néanmoins, les trois personnages principaux sont tous relativement intéressants. Mais le fait qu'ils n'évoluent qu'au début et à la fin du manga les rend bien plus limités. Le personnage d'Orange Road, c'est Madoka. Sa personnalité, ainsi que son physique aura marqué toute une génération. Froide et féminine, elle est presque à elle seule la raison du succès de la série. Pourtant, on aura surtout tendance à s'identifier au personnage de Kyosuke, par lequel toute l'histoire est racontée (force est de constater qu'Hikaru est quant à elle un personnage secondaire). A l'image du Keitaro de Love Hina, ce dernier nous est tout à fait antipathique par son caractère indécis, son esprit plutot pervers et sa débilité latente. Il est évident que la seule raison pour laquelle il réussit à séduire Hikaru et Madoka est son pouvoir. Une grande partie du comique du manga repose sur la nullité navrante du personnage. Et il faut avouer que l'on s'amuse bien. Au final, le fait que l'histoire n'avance pas, bien que très pénalisant, n'enlève rien au plaisir de lecture.

Pourtant, et comme le dit son auteur, Orange Road sait parfois être une oeuvre sérieuse. Je prendrai l'exemple de la conclusion, qui dès le départ, ne peut pas être bonne. Kyosuke devra choisir une des deux filles, et l'autre sera blessée de manière irrémédiable. Il ne faut pas chercher de grandes théories ou de l'originalité dans les propos d'Izumi Matsumoto. Mais force est de constater que derrière un aspect des plus anodins, une touche de réflexion vient relever le tout. L'aspect science-fiction n'est pas à négliger non plus. Il permet notamment une subtilité scénaristique ne se révélant au lecteur qu'après avoir lu l'oeuvre en entier.

Orange Road n'est pas un mauvais manga, et son aspect purement divertissant est tout à fait acceptable dans la mesure où l'auteur lui-même le reconnaît. Seulement, le lecteur devra passer outre la staticité du scénario, la niaiserie de certaines situations, et un style graphique se rapprochant dans un premier temps de celui d'un Adachi, bien que l'amélioration constante des dessins compense quelque peu cette tare. En faisant abstraction de ces trois défauts, le lecteur passera un moment agréable.