Les komikku du mois de janvier 2015

/ Critique - écrit par OuRs256, le 02/02/2015

Tags : manga komikku editions janvier japon mois tome

Le mois en deux mots trois mouvements : tension / nourriture / lecture / dinde (?) ou lapin (?)

Les komikku du mois de janvier 2015

6000 1 : Les éditions komikku démarrent l’année 2015 avec une petite nouveauté qui va venir enrichir leur catalogue seinen. 6000 est une série de Nokuto Koike, auteur encore inconnu chez nous qui nous propose une histoire où le mot d’ordre n’est autre que tension. Il plante le décor en pleine mer des Philippines (sans dire où exactement) où se trouve un complexe sous-marin gigantesque appelé « Cofdeece » (non, pas « Cofidis », rien à voir avec la maison de crédit, je vous vois venir !). Kengo Kadokura va faire ses premiers pas d’ingénieur junior à bord de cette bâtisse située au fond de l’eau qui a été le théâtre d’un accident pour le moins mystérieux… D’abord, rendons grâce à la couverture qui est tout simplement magnifique. Elle réussit à incorporer tous les éléments qui donnent une identité au titre : le côté clos du hublot avec l’eau qui entoure le complexe, en faisant un endroit clos d’où personne ne peut s’échapper mais aussi le sang qui renvoie au(x) potentiel(s) meurtre(s) survenus pendant « l’accident », tout y est… Le lecteur n’est donc pas pris par surprise lorsqu’il se lance dans la lecture de ce premier tome qui est plus qu’avare en information. L’auteur nous plonge dans un univers dont on ne sait rien via son personnage principal (qui n’en sait pas beaucoup plus). Evidemment, il se débrouille pour faire monter la tension au fur et à mesure que Kengo découvre les différentes salles de son nouveau lieu de travail mais aussi la façon de fonctionner des équipes présentes dans le complexe. L’attitude de ses supérieurs mais aussi ses hallucinations ne font évidemment que rendre la situation plus inquiétante et permettent de développer une ambiance angoissante qui n’est pas déplaisante. Au final, on peut conclure que le départ est plutôt bon même si on ne peut que regretter le peu d’informations divulguées dans ce premier tome. L’histoire avance assez lentement pour une série en quatre tomes et j’avoue que j’aurais plutôt vu komikku sortir les deux premiers tomes d’un coup pour tenter de capter un public plus important d’un coup. Rendez-vous donc en avril pour la sortie du deuxième volume qui devrait nous en apprendre un peu plus sur les intentions de l’auteur. 

Le Chef de Nobunaga 5 : Ken accompagne Mori à Sakai pour tenter de convaincre les marchands de leur céder fusils et poudre comme participation à l’effort de guerre de Nobunaga. Malheureusement, ces derniers ont été un peu froissés par les paroles de l’unificateur du Japon et ne se laisseront pas convaincre si facilement. C’était sans compter sur l’habileté aux fourneaux de celui qui venait du futur… C’est étonnant de voir qu’une série qui mélange deux thèmes qui peuvent paraître aussi éloignés au départ réussit à s’inscrire dans la durée. Les auteurs parviennent à doser parfaitement le côté historique et l’aspect culinaire qui vient s’y greffer. Alors qu’il tente de reproduire des plats qu’il connaît avec les moyens du bord, Ken tombe sur des ingrédients qui apparaissent pour la première fois au Japon comme la banane (Nobunaga Oda est l’un des premiers japonais a en avoir mangé). On en apprend aussi un peu plus sur les circonstances de la mort de la légende vivante ainsi que sur ses relations avec Mitsuhide Akechi, celui qui est censé le trahir et le tuer. Même si, au départ, Ken tentait de ne pas trop modifier le passé, il semblerait qu’il se soit fait à sa nouvelle vie et qu’il tente, au contraire, d’éviter un destin funeste à ceux qui étaient auparavant des personnages dans des livres d’Histoire mais qui sont maintenant devenus ses amis. Que ce soit en tant que seinen ou en tant que manga tout simplement, Le Chef de Nobunaga est une valeur sûre à côté de laquelle il serait vraiment dommage de passer. 

Le Maître des livres 3 : Je vous en avais déjà parlé longuement dans un Zoom de la semaine mais pour moi, Le Maître des livres est un titre terriblement enchanteur. Pourquoi ? Déjà parce que la façon dont l’auteur utilise la librairie comme carrefour des vies de ses personnages est particulièrement efficace. Dans un manga tranche de vie, on ne retrouve pas toujours une grosse cohérence entre les récits et le liens entre les protagonistes et autres âmes vagabondes des récits ne sont pas toujours bien exploités. Grâce à la bibliothèque, Umiharu Shinohara parvient à régler ce petit souci (sans trop se forcer). Elle est le point de départ, le point de réunion mais aussi le point d’arrivée pour chacun. La découverte d’un nouvel ouvrage enclenche un nouveau cycle, une nouvelle découverte, une nouvelle plongée dans le quotidien d’un de ses fidèles lecteurs. Dans le troisième tome, l’auteur développe les relations entre le Champignon et sa soeur. Cette dernière possède caractère très similaire à celui de son frère; elle est froide à l’extérieure mais généreuse et accueillante à l’intérieur (et je me rends compte que ça sonne super mal cette phrase mais peu importe, je l’aime bien moi !). Le tome ne s’arrêtera pas là puisqu’on retrouvera aussi le dessinateur amateur Isaki dans un petit pan de son passé plus traditionnel qu’on aurait pu l’imaginer. L’auteur en profitera aussi pour nous raconter l’histoire d’un petit américain qui tente de s’intégrer alors qu’il ne parle absolument pas le japonais. La barrière de la langue va lui donner l’occasion d’évoquer la VO et les différences avec une potentielle traduction. Eh oui, Le Maître des livres est un manga qui parle avant tout de littérature mais qui n’hésite pas à aborder des thèmes qui lui sont liés. Cerise sur le gâteau, c’est fait avec une justesse enfantine qui saura vous enchanter !

Rudolf Turkey 2 : Le premier tome de Rudolf Turkey avait su me surprendre alors que je n’en attendais absolument rien et il faut croire que le deuxième tome continue sur la belle lancée du premier. En effet, alors que le premier tome était plutôt composé d’histoires uniques (qui se terminaient en un seul chapitre), l’auteur semble décidé à produire des histoires un peu plus longues puisqu’on a le droit à un arc narratif sympathique qui va faire intervenir tous les personnages introduits jusqu’ici mais aussi de nouveaux ennemis. C’est la belle demoiselle courtisée par Rudolf qui va être la cible de ses adversaires et en kidnappant « Lapin », ils espèrent que l’adjoint du maire saura faire preuve de bon sens et se rendre sans faire de vagues. C’était bien mal le connaître et il va mettre à contribution tous ses contacts mais aussi des ressources faramineuses pour aller libérer sa bien aimée (même si elle le rejette à chaque fois !). Il n’y a rien à dire sur l’exécution, c’est vraiment du tout bon. Le titre est toujours porté par une narration ultradynamique où l’action est utilisée comme pierre angulaire d’un système parfaitement huilé. Les événements s’enchaînent sans le moindre temps mort et le spectacle est au rendez-vous. Pour ma part, j’étais tellement décontenancé par le graphisme somptueux à la Kotah Hirano que je n’ai même pas eu le temps de me rendre compte que j’avais lu le volume en moins de vingt-cinq minutes… C’est triste mais il va falloir patienter pour avoir le tome 3…