6/10La Légende de Songoku

/ Critique - écrit par juro, le 16/04/2007
Notre verdict : 6/10 - Conte simiesque (Fiche technique)

La première période de la vie de mangaka d'Osamu Tezuka a été axé vers la réalisation de shônen pur et dur, inventant ou reprenant de belles histoires rempli d'humour. Ces oeuvres de jeunesse lui ont immédiatement conféré une sacrée réputation et beaucoup d'aplomb pour le reste de sa carrière. Entre Le Roi Léo et Princesse Saphir, l'auteur s'est fait le chantre de raconter la mythique histoire du Roi singe à travers La Légende de Songoku, conte si connu - sans l'être totalement - aux lecteurs français par l'intermédiaire de Dragon Ball.

Malin comme un singe

La Légende de Songoku
La Légende de Songoku
L'odyssée de Songoku, un singe magicien quelque peu turbulent, intrépide et malin, qui accompagne un sage bouddhiste dans son voyage vers les Indes pour rechercher des textes sacrés du bouddha. Leur chemin sera semé d'embûches et de combats avec toutes sortes de monstres. Dans ce voyage, Songoku apprendra que la vraie sagesse se trouve en lui-même.

Voici la vraie histoire du Roi singe présenté de manière ludique mais avec le respect due à la littérature sinophile. Pas comme Saiyuki, Toyuki ou autre Saiyukiden. Le récit tourne autour de la légende avec des pointes d'humour propres à Tezuka. Cependant, la narration manque de punch et ne se trouve pas aussi peaufinée par rapport à ses oeuvres les plus réussies, à tel point que l'on peut parfois se demander si c'est le même auteur qui nous emballe tant dans d'autres oeuvres. Tezuka détourne habilement le récit par petits à-coups mais se coltine le gros du travail en présentant avec efficacité les grands faits de l'intrigue. L'auteur ne reprend pas intégralement le conte comme peut le faire le couple chinois du Voyage en Occident (sorti aussi récemment). Tezuka adapte, transfigure ses personnages au shônen et rend un travail tout à fait acceptable pour offrir à son public de jeunes lecteurs un compte rendu assez exhaustif.

Encore Songoku

Le voyage vers l'Inde de Songoku, ses compagnons et son maître se révèle tourmenté et le singe se retrouve confrontés à d'autres de ses congénères animaux, résolvant les problèmes à coups de bâton et nuage magiques. Pour arriver à son but, se rapprocher de l'homme, Songoku est prêt à s'assagir, lui, l'impétueux qui a défié les dieux et même Bouddha en personne. C'est un voyage riche en événements qui se programme pour nos héros à travers toute la Chine, rencontrant hommes, démons, esprits et malfaisants de tout genre qui les ralentissent dans leur avancée. Tezuka oublie volontairement la spiritualité du livre et ne conserve que l'aspect ludique d'une quête de soi.

Graphiquement, on sent encore que Osamu Tezuka se cherche, qu'il n'a pas encore atteint son plein potentiel comme dessinateur. Néanmoins, il parvient à offrir un manga plaisant, sans fioriture mais avec quelques erreurs de débutant qui seront bien difficiles à déceler dans ses oeuvres suivantes. La Légende de Songoku présente des caractéristiques similaires à celles de Princesse Saphir ou du Roi Léo, le mangaka n'ayant pas encore trouvé pleinement son « bestiaire » à personnages récurrents. On distingue tout de même la touche Tezuka avec un gros travail de chara desig pour donner une unicité à chaque personnage.

La Légende de Songoku peut intéresser autant au niveau du conte que de l'intrigue en elle-même, néanmoins elle manque véritablement de tonus et d'une narration parfois trop légère pour se placer dans les meilleures oeuvres de l'auteur. La légende du Roi singe semble inusable à adapter mais intéressera-t-elle le public français ? Peut-être que le manga pourra rameuter un public se focalisant sur le nom du héros si bien célèbre...