Letter Bee

Letter BeeL'épopée de postiers dans un monde fantastique peuplé de monstres tout droit tirés de Jayce et les conquérants de la Lumière se révèle être une bonne trouvaille de la part de Kana. A travers un monde rappelant parfois celui de Fragment et une aventure moins musclée que celle de Banya, Hiroyuki Asada nous offre un spectacle explosif avec pas mal d'idées. A savoir, un monde divisé en castes sociales aux caractéristiques exacerbées mais parlantes, une créativité hors norme pour rendre l'ordinaire extraordinaire et quelques personnages attachants. Ainsi si Lag part à la recherche de Gauche Suede, on retiendra surtout les secondes rôles comme Steak ou Niche. Eux pimentent l'aventure en ajoutant une dose de gags bienvenus. L'ensemble se révèle sympathique avec l'impression que le mangaka domine son sujet, sans se laisser aller à de vagues divagations. Ici, la narration est claire et les quelques fils à tirer pour développer le scénario solidement maillés.

Asada possède sa touche personnelle déjà entrevue dans I'll, qui a fait sa gloire. Letter Bee change complètement de registre avec son faux ton enfantin et la diversité géographique de l'Amberground. L'auteur explore autant ses personnages que son remplissage, montrant de réelles qualités quant à créer. Créer tout. Du chara design au sens du détail aigu, le mangaka possède beaucoup d'armes pour arriver à ses fins.

Concernant Letter Bee, on peut regretter un traitement parfois un peu trop juvénile des réactions des personnages (avec notamment des pleurs à corps et à cris) ainsi que quelques thèmes trop fortement imprégnés de la culture shônen pour se montrer percutants. Mais l'ensemble est incontestablement plus fort qu'une grande part de la production actuelle. Une très agréable surprise.