Liselotte et la forêt des sorcières - Natsuki Takaya perd les lecteurs de Delcourt en forêt

/ Critique - écrit par OuRs256, le 22/06/2015

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Que vous aimiez le shôjo ou non, je doute fortement que le nom de Natsuki Takaya ne vous dise rien. Non ? Vraiment ? Vous n'avez pas entendu parler de Fruit Basket ? Dans ce cas, n’hésitez pas à consulter notre article pour plus d’informations. En tout cas, Liselotte est la dernière série en date de l’auteure de l’un des shôjo les plus célèbres en France. Le premier volume nous avait laissé un arrière-goût de déception mais est-ce confirmé après quatre tomes ?

On raconte que, très loin vers l'est, existe une forêt peuplée de sorcières. C'est l'endroit qu'a choisi la jeune Liselotte, exilée par son frère, pour s'installer en compagnie de ses deux domestiques Anna et Alto. Un beau jour, ce qui semblait n'être qu'une légende prend vie: la jeune fille croise le chemin d'une menaçante sorcière. Elle parvient à lui échapper grâce à l'intervention d'Engetsu, un jeune garçon qui ressemble étrangement à l’un de ses amis d’enfance qu’elle croyait perdu à jamais, un dénommé Einrich. A partir de cet instant, elle ne va plus vouloir le laisser partir et va l’inviter à vivre dans sa petite maison de campagne. 

Liselotte et la forêt des sorcières - Natsuki Takaya perd les lecteurs de Delcourt en forêt

Fruit Basket, c’est très loin. Pourtant, certains personnages sont toujours présents dans nos têtes. Tohru est juste inoubliable et les fameux zodiaques ont de quoi marquer l’esprit des lecteurs. Avec le premier volume de Liselotte et la forêt des sorcières, on ne retrouvait que très difficilement cette sensation. Natsuki Takaya nous présentait une héroïne très cruche, d’une bêtise sans borne, qui n’était pas franchement intéressante. Eh bien, l’auteure a su complètement retourner son personnage principal en quelques chapitres seulement. Liselotte est un personnage bien plus complexe qu’il n’y parait. Son passé très douloureux est encore très flou mais il semblerait que la jeune fille ait vécu des choses capables de briser un être humain. On ne peut ainsi qu’être attendri par l’attitude déterminée et positive de la jeune fille qui ne veut plus regarder le passé mais au contraire, se tourner vers l’avant, vers un futur où elle pourra être heureuse mais surtout rendre heureuse. Plus on avance dans la série et plus on se dit qu’elle possède des traits de Tohru et en particulier sa volonté de fer. 

Même si son côté « nunuche » peut agacer dans les premières pages, elle est plus dégourdie qu’elle ne le laisse le voir. Sa volonté force le respect et même si ses raisons ne sont pas toujours les meilleures, elles partent toujours d’un bon sentiment, d’une idée positive. Grâce à cet état d’esprit, elle réussit, sans trop se forcer, à fédérer un grand nombre de personnages aux origines différentes. Ainsi, elle se retrouvera à gérer une maison où se côtoient sorcières, familiers, humains et Engetsu (il est unique !). Dans un monde où les différences raciales (dans le sens premier du terme, ce n’est pas juste une histoire de religion ou de couleur de peau) forcent une marginalisation, la jeune héroïne va à contre-courant et se pose un peu en pacificatrice. Elle envoie un message de paix universelle intéressant à une époque où (même dans la réalité), les choses sont peut-être plus compliquées que les médias voudraient nous le faire croire. 

Natsuki Takaya nous emporte dans un univers intéressant et complexe. Les différents flashbacks permettent d’en apprendre un peu plus sur le passé de Liselotte mais aussi sur les différentes crises qui ont frappées les populations le monde dans lequel évoluent les personnages. Le cas des sorcières est encore flou et, mis à part la crainte qu’elles sont censées inspirer, on ne sait pas exactement pourquoi elles ont été mise au ban de la société. Leurs implications dans les guerres entre les différents royaumes leur aura été funeste et la plupart d’entre elles seront devenues racistes envers les humaines, ce qui explique l’attitude d’Hilde lors de sa première rencontre avec Liselotte mais aussi la haine maladive de Werg qui ne peut pas voir les humains en peintures (encore une fois, une thématique qui sied à merveille à notre actualité internationale). En ce qui concerne le passé de Liselotte, il apparaît comme très sombre pour un shôjo, avec de nombreux conflits familiaux et amoureux que l’auteure distille au compte-goutte. Chaque flashback est rapide et un certain flou est maintenu autour des images que l’on voit via une chronologie pas toujours évidente. Natsuki Takaya tient là l’un des moteurs principaux de son titre puisqu’elle a fait en sorte de piquer notre curiosité à vif en ce qui concerne la vie passée de sa jeune héroïne.  

Liselotte et la forêt des sorcières - Natsuki Takaya perd les lecteurs de Delcourt en forêt

Les personnages secondaires ont leur petit quart d’heure de gloire à chaque fois. Evidemment, Engetsu est un peu plus développé que les autres de par sa relation spéciale avec Liselotte mais Natsuki Takaya ne néglige personne et donne du temps de parole mais aussi d’apparition aux deux domestiques de la jeune fille et aux autres personnages de la maison, qu’ils sont importants ou non. Chacun possède son petit caractère qui lui assurera sa place dans le foyer créé par Liselotte. En fait, l’auteure s’est très bien débrouillée pour que les différentes façons d’être de ses secondaires ne se chevauchent pas. On a donc une belle impression de complémentarité puisque chacun peut apporter son expertise à l’autre. Evidemment, cette galerie de personnages permet aussi à l’auteure de bien varier les situations puisqu’elle a toujours un soutien pour Liselotte dans sa manche ! 

Au final, Liselotte et la forêt des sorcières est un manga qui est desservi par son premier volume plus que moyen (à la limite du pas top). Son héroïne fait sa force mais il faut lui laisser quelques chapitres, le temps de prouver ce qu’elle vaut. L’univers construit par l’auteur se goupille bien avec les volumes et s’avère plus complexe et plus sombre que ceux auxquels elle nous a habitué. Alors que la série est en pause au Japon et que le cinquième volume arrive en France (il est prévu pour le mois de juillet), il y a de grandes chances pour que les fans se mettent à pleurer si le cliffhanger est bien choisi. Espérons que l’état de santé de l’auteure s’améliore rapidement et qu’elle puisse continuer sur sa lancée !