8.5/10Luck Stealer - Petit voleur à la sauvette ?

/ Critique - écrit par OuRs256, le 31/05/2014
Notre verdict : 8.5/10 - Volera bien qui volera le dernier ! (Fiche technique)

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Yûsei Kurusu possède l’étrange pouvoir d’aspirer la chance des autres par simple apposition des mains. Mais un homme privé de sa chance est condamné à mourir. Pour sauver la vie de sa fille, incapable de produire sa propre chance, il s’attaque à des criminels, qu’il vide de leur bonne fortune. Mais personne ne peut agir ainsi sans attirer l’attention, et désormais, tout le monde dans les bas-fonds a entendu parler de l’assassin nommé Luck Stealer.

Luck Stealer est une série qui a commencé il y a un moment mais qui avait été ralentie pour cause de ventes trop faibles (ce qui est triste quand on voit toutes les qualités dont elle dispose) mais Kaze a quand même tenu a la finir. Avec ses personnages au capital sympathie énorme et son histoire bien ficelée du début à la fin, on ne peut que saluer la persévérance de l'éditeur pour une série qui en vaut définitivement la peine. Petit coup de projecteur sur les tribulations du mystérieux Kurusu.

Aucun coup de feu qui retentit, la justice s'appelle Kurusu ! 

Luck Stealer - Petit voleur à la sauvette ?
Ce dernier est considéré comme le tueur à gages le plus dangereux du milieu. Ses missions, ils les réussit sans avoir à utiliser une arme et sans laisser de traces. Son secret ? Il peut voler la chance de ceux qu'ils touchent avec ses mains (le contact avec la peau est nécessaire pour que le pouvoir fonctionne). Seulement voilà, le jeune homme n'a rien d'un véritable tueur qui fait cela pour l'odeur du sang et/ou l'argent. Kurusu, lui, a besoin de la chance de ses victimes pour sauver sa fille Karin. Cette dernière est atteinte d'un mal incurable et mystérieux dilapidant la chance en grande quantité (elle a donc besoin d'être « rechargée » assez souvent). 

Pour ne pas avoir trop de problèmes avec sa conscience, il choisit ses victimes parmi les pires pourritures du milieu mafieux grâce à l’aide de son intermédiaire qui lui permet de passer d’une mission à l’autre sans trop avoir de problèmes. Lorsqu’il est en mission et qu’il doit être en contact avec des tueurs, Kurusu ne manque pas de sérieux. Par contre, dès qu’il s’agit de retrouver sa fille, il se transforme en papa gâteau presque indigeste qui n’a absolument rien d’effrayant (on pourrait presque dire qu’il est normal). L’auteur met d’ailleurs en valeur cette disparité à plusieurs reprises puisque son personnage va, dans certaines situations, devoir jongler entre sa « tête de tueur » et sa « tête de papa ». 

*ATTENTION MINI-SPOILER* Très rapidement, il se rendra compte qu’il entretient des liens assez fort avec une secte dénommée La Clarus qui ne cesse de le pourchasser. Pourquoi ? Je vous laisse le découvrir en lisant la série. En tout cas, Hajime Kazu montre qu’il maîtrise sa série du début à la fin avec un découpage efficace, des flashbacks utiles et une fin qui conclut de manière correcte son récit (il se permet une petite facilité pour rendre sa happy end possible mais on lui pardonnera ce petit écart qui ne nuit pas énormément à la série dans sa globalité). *FIN DU MINI-SPOILER*

Un hasard qui n’en est pas vraiment un ? 

Luck Stealer - Petit voleur à la sauvette ?
Pour ceux qui s’attendaient à une histoire redondante et linéaire, c’est raté. Même si les premiers volumes peuvent laisser penser que l’on va suivre des assassinats similaires pendant quelques temps, l’auteur va très vite inclure un personnage qui servira de fil rouge pour percer le secret du pouvoir de Kurusu. Hajime Kazu nous raconte d’ailleurs une sorte de quête d’identité de son personnage qui va chercher ses origines et tenter de découvrir qui il est vraiment tout en protégeant sa fille, qui se trouve liée (on s’en doute et lui aussi) à sa faculté de voler la chance. Pourtant, plus que son propre sort, il s’avère que c’est celui de sa fille qui le préoccupe le plus et ce voyage dans le mystère qui l’entoure ne sera qu’un prétexte pour trouver un moyen de libérer celle qu’il chérit plus que tout de sa malédiction, un coup du sort dont il est sûr d’être le principal responsable. 

La couverture du premier volume (et des suivants aussi en fait) annoncent presque la couleur de prédilection de l’auteur (le blanc) mais aussi son aversion pour les décors ! Bon ok, j’exagère peut-être mais il faut avouer qu’il n’y en a vraiment pas beaucoup et qu’il est assez difficile d’adhérer au graphisme au premier coup d’oeil. C’est assez vide et les personnages semblent assez sommaires. Cependant, après un petit temps d’adaptation, on se rend compte que l’auteur possède un talent assez fou pour exprimer les émotions grâce aux yeux de ses personnages. En réalité, on ne se rend compte de tout ça qu’à partir du volume 4 et du flashback qui raconte un pan de son passé, celui où il se trouvait avec sa femme (la mère de Karin donc). L’auteur nous sert une histoire poignante et superbement racontée qui ne laissera aucun lecteur indemne. La vie de Kurusu n’a pas été facile et difficile de ne pas éprouver énormément de sympathie pour ce jeune père de famille qui a souffert à cause d’un caprice du destin.

Luck Stealer aborde des thèmes assez variés : le meurtre dans les milieux mafieux, les sectes, la relation père/fille et la recherche de soi. Hajime Kazu réussit à créer des personnages qui s’attirent très facilement la sympathie du lecteur (les principaux comme les secondaires) et auxquels on s’attache très rapidement. Il n’hésite pourtant pas à les utiliser comme bon lui semble, ce qui implique quelques surprises. Même si la publication aura connu ses hauts et ses bas, la relecture de la série dans son intégralité avant de faire cette critique m’aura montré que le titre possède ce petit quelque chose des seinen sur lesquels il est difficile de faire l’impasse, un style et une narration qui lui est propre.