6/10MÄR - la série

/ Critique - écrit par Kurono-kun, le 04/03/2008
Notre verdict : 6/10 - L'anime sans fin (Fiche technique)

Tags : mar tome anzai manga nobuyuki ginta arm

Mär est-il un conte de fées qui porte bien son nom ? Avec un postulat de départ semblable à celui de Brave Story, un collégien qui a trop d'imagination et qui s'ennuie à l'école projeté dans un monde fantastique, Mär s'adresse à un public jeune et avide d'aventure...

Mär aka Märchen Awakens Romance (qu'on peut traduire de différentes manières, mais qui veut en gros dire que l'aventure et la "romance" ou plutôt le "romanesque" sont réalisables dans un monde de conte de fées) est l'adaptation animée de Mär, le manga créé en 2003 par Nobuyuki Anzai. Après avoir décidé de publier le manga en France, l'éditeur Kana acquiert aussi les droits de la série, dont le premier DVD devrait sortir sous peu, alors que la série est d'ores et déjà diffusée sur nos petits écrans par mcm.
Mär s'inscrit dans la lignée des séries animées de type "heroic fantasy et invocations", avec une action basée sur des duels et des tournois, un genre très populaire au Japon découlant des jeux vidéos RPG à la Final Fantasy. Un genre qui compte de nombreux succès depuis les Pokemon, Digimon et autre Yu-Gi-Oh, mais Mär se rapproche plus de l'esprit d'un Zatch Bell par son comique rafraîchissant (les séries précitées se prenaient trop souvent aus sérieux, ce qui les a desservies) et ses graphismes simplistes mais mignons.


Toramizu Ginta est un jeune collégien à l'imagination débordante, à tel point qu'il passe sont temps à rêvasser en cours. Plus petit que la moyenne des autres garçons, ils se fait toujours embêter par ses camarades. La seule échappatoire qui lui reste sont donc ses rêves, dans lesquels il se prend pour un héros capable d'exploits épiques. C'est pourquoi il souhaite depuis toujours pouvoir rejoindre le pays de ses rêves, Mär Heaven. Son rêve va soudainement se réaliser quand, en classe, un passage s'ouvre autour de lui, et qu'un étrange personnage l'invite à rejoidnre ce monde fantastique. Il y fera rapidement la rencontre de Dorothy, une jeune sorcière qui lui apprendra l'existence des "ärms", des artefacts sous forme de bijoux invocateurs qui font apparaitre différentes sortes de pouvoirs. Apparemment doté dans ce monde d'une force extraordinaire, Ginta va réussir à récupérer un "ärm" réputé légendaire, Babbo, qui s'avère malheureusement pour lui être un marteau de guerre/bilboquet parlant (et à visage humain, notez la moustache et le bouc ridicules) totalement insupportable !


Un bilboquet qui parle ?

Clairement destiné à un public de jeunes adolescents (oui clairement, déjà rien que pour les 150 répétitions du mot "cool" par épisode), Mär réunit consciencieusement tous les ingrédients nécessaires pour toucher ce public avide d'aventures fantastiques : outre le héros Ginta, consternant (on rit de lui mais il n'en devient que plus attachant) mais motivé, on trouve une sorcière aux cheveux roses sur son balai, un bilboquet parlant qui se prend pour un gentleman, une écolière "kawaï style" (Koyuki, sosie en plus jeune de Asahina l'heroïne du manga
Suzuka), des vilains très vilains et pas très vifs d'esprit, un chien affublé d'un bonnet de père noël (qui ressemble étrangement à Dogbert le chien de Dilbert dans la série eponyme) et même une petite fée clochette irritante. Le pitch en lui-même est également ciblé directement vers les jeunes garçons : un jeune collégien banal appelé dans le monde de Mär Heaven pour combattre le Chess no Koma, un groupe qui veut détruire toute la bonté du monde ; un sujet très manichéen donc, un prétexte parfait pour organiser des combats à longueur de temps et tenir le spectateur en haleine par la célèbre technique inhérente au shonen du "je fais exprès de ne pas finir le combat tout de suite pour que tu sois obligé de regarder le prochain épisode". Toute plaisanterie mise à part, Mär se débrouille assez bien dans son genre, et sa recette à base d'humour, de baston, de fantasy et de bilboquet parlant est somme toute assez efficace.


Pourtant, Mär ne peut se targuer d'un aspect visuel vraiment impeccable : les graphismes témoignent d'un mélange moyennement réussi d'images de synthèse (utilisées principalement pour les pouvoirs) et de dessins au style assez classique, dépouillé même tellement le character design et les décors sont simplistes. Les visages sont tous ronds (des yeux gigantesques) ou tout géométriques (la coiffure démodée et un peu Dragon Ball-esque de Ginta), peu détaillés et au bout d'un certain temps on a l'impression que les individus se ressemblent tous, ou sont tous construits selon les mêmes modèles.
Le spectateur devra se contenter d'une animation assez basique, lente, souvent mal intégrée à l'environnement graphique, les mouvements sont désordonnés et grossiers et les expressions faciales ne sont pas assez précises pour exprimer un grand éventail d'émotions.
Dans le même registre, les objets magiques et pouvoirs sont réalisés en 3D d'une qualité assez moyenne, et la plupart du temps sur fond noir car les images de synthèse sont assez mal intégrées au dessin classique, les ärms créés par ordinateur sont donc plutôt jolis et raffinés mais leur mouvements sont gauches, lents et peu convaincants.
Pour ne pas prendre le risque de mettre en évidence la qualité trop moyenne des graphismes et de l'animation, on imagine que le réalisateur a dû opter pour des choix de mise en scène simplifiés, ce qui expliquerait que la quasi-totalité des scènes sont construites à l'aide de plans rapprochés ou de plans simples ne montrant une seule personne à la fois, très peu de décors, et des arrière-plans souvent flous.
La musique assez typique du genre, mélant petites mélodies légères et sans prétention d'un côté, et passages plus "rock" de l'autre, pour annoncer les scènes d'invocation et les combats. Les mélodies sont bien dans le style contes de fées (assez modernisés toutefois, car souvent soutenues par des rythmes électroniques), mais ne brillent ni par leur originalité, ni par leur qualité musicale, le résultat est somme toute très banal, d'autant plus que certaines petites mélodies festives aux sonorités exotiques ou trop synthétiques sont assez agaçantes, et ressemblent parfois trop à de mauvaises musiques de jeux vidéos antédiluviens...


On ira tous à Mär Heaven

Ginta, anti-héros classique, se distingue malgré tout de la clique des héros en herbe par un look assez original : cheveux blonds en pétard et queue de cheval, petites lunettes rondes (seulement durant le premier épisode, car il semble retrouver une bonne vue comme par miracle ensuite), un mini-héros assez atypique donc, son créateur ne jouant pas du tout la carte du charme, privilégiant le côté otaku rêveur afin de permettre aux jeunes spectateurs de s'identifier plus facilement à lui. En effet quel fan d"heroic fantasy ou d'animes n'a jamais rêvé de se retrouver dans la peau de son héros favori, ou de devenir lui-même le héros d'une fantastique épopée dans un univers tout aussi fantastique ? MÄR comble donc les attentes de son public grâce à son concept redoutablement efficace : faire vivre au jeune otaku une histoire qui pourrait être la sienne.

De plus, Ginta est un héros attendrissant, qu'on prend plaisir à suivre petit à petit grâce à toute l'excitation et l'énergie qu'il dégage; si bien qu'il nous tire par la main pendant tout le début de la série, nous entraînant à le suivre dans ce monde inconnu, à la manière d'un Bastien dans l'Histoire sans Fin.

On peut également souligner d'autres bons points, comme par exemple l'ambiance très détendue au début de l'anime qui nous donne envie d'entreprendre l'aventure en compagnie de Ginta, le scénario qui distille de bonnes idées et tient la route (il est tout de même un peu trop juste), des personnages assez attachants et souvent drôles (les faces et réflexions cyniques de Dorothy font toujours sourire) et au premier plan la relation assez intéressante qui se noue entre Ginta et Babbo, qui ont besoin l'un de l'autre mais ne se supportent pas toujours, leurs rapports sont donc des ressorts comiques et sentimentaux efficaces à tout moment dans le récit.
Et pour finir on mettra en avant la bonne idée des "ärms", qui invoquent à la fois des objets inanimés (une arme par exemple) ou des gardiens animés (l'armure mouvante de Dorothy), mais aussi des "ärms" d'ombre qui donnent du pouvoir à leur porteur contre de la malchance, des "ärms" pouvant servir de portes dimensionnelles, et enfin les bénéfiques qui peuvent soigner les blessures. Les plus intéressantes sont les "ärms rares", tel Babbo, qui est l'objet de nombreuses convoitises, dont l'apparence étrange (une boule à visage humain moustachue tout de même !) et le comportement arrogant et farceur constituent un atout comique indéniable.


Enfin, la série se caractérise par un scénario qui ne s'embarasse pas de détails inutiles : effectivement, en moins de 15 minutes, le héros est déjà catapulté dans le monde de Märchen, sans autre forme de procès. Aucune explication, aucune surprise, tout se met en place en quelques instants, si vite que le spectateur n'a aucune chance d'avoir le temps de se poser des questions, il rentre lui aussi directement dans le vif du sujet ! [Petit clin d'oeil / anecdote : dans le premier épisode, Ginta raconte à son amie Koyuki qu'il a fait le même rêve 102 fois, ce qui est exactement le nombre d'épisodes de la série ! coïncidence ?]
Par la suite, on accompagne comme d'habitude le héros tout au long de son parcours initiatique, fait d'introspections (du genre "pourquoi, comment et qui a bien pu m'amener à Mär Heaven ?") et de rencontres plus ou moins amicales et de péripéties qui donnent du rythme au récit, mais ce parcours est assez mal calibré car tout va trop vite au départ (Ginta est trop rapidement devenu fort), et donc évidemment il stagne par la suite, ce qui entame un peu l'intêret de la série qui ne tient que relativement faiblement la route sur la longueur.


Néanmoins, on en ressort un message clair véhiculé par l'auteur et la réflexion de son héros : profitez de votre jeunesse pour vivre vos rêves, car avec l'âge adulte viennent les responsabilités, le travail, le mariage... et encore plus particulièrement au Japon, où la société exerce une telle pression que l'enfance et l'adolescence représentent les seules chances pour un individu de vivre à fond ses envies, avant de se retrouver encadré et engoncé dans un monde standardisé où l'individualité et l'imagination n'ont plus leur place.

Bilan : une série qui devrait trouver tout de même assez facilement son public chez des jeunes peu exigeants qui désirent simplement passer un bon moment de détente en suivant une grande aventure, et même éventuellement chez les moins jeunes qui souhaitent se relaxer les neurones le temps d'un bon petit shonen fleuve qui ne nécessite pas trop de concentration. Après tout, il en faut aussi des séries dans le genre de Mär, pas vraiment passionnante mais agréable à regarder quand elle laisse son humour un peu décalé prendre les choses en main. Une série à l'esprit relativement manichéen et naïf, mais aussi à l'innocence touchante et rafraîchissante.