8/10Maison Ikkoku

/ Critique - écrit par juro, le 14/08/2007
Notre verdict : 8/10 - La maison du bonheur (Fiche technique)

Tags : ikkoku maison edition rumiko takahashi manga juliette

Le mabnga culte de Rumiko Takahashi nécessite-t-il une présentation ? Malgré toutes les années, il n'a (presque) rien perdu de ses qualités...

Spécialiste du manga ayant bordé les enfances de l’époque du Club Dorothée, Tonkam se plaît à nous servir des œuvres au nom déjà connu et réputés pour leurs qualités (Georgie, Orange Road, Kimengumi…). Chaque nouvelle réédition donne lieu à un atermoiement des fans et ce, à juste titre pour Maison Ikkoku plus connu sous son appellation télévisuelle Juliette je t’aime.

La fête à la maison

Etudiant raté, Yusaku Godaï décide un jour de quitter la pension de famille dans laquelle il vit car les autres locataires n’arrêtent pas de faire la fête dans sa chambre. Mais ce même jour arrive Kyoko Otonashi la nouvelle responsable. Elle est veuve à seulement 20 ans et Yusaku tombe directement amoureux d’elle.

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Maison Ikkoku (c) Tonkam
Le trio amoureux de Maison Ikkoku exploite un genre apprécié des Nippons avec ce fameux système de pension familiale donnant naissance à de nombreux descendants au succès commercial avéré (Love Hina, No Bra…). Si les gags éculés de ces exemples vous décourageraient de lire celui de Rumiko Takahashi, ravisez-vous car celui-ci possède le charme subtil des bonnes histoires allié aux qualités des quiproquos souriants. Evitant les passages obligés que les mangas d’aujourd’hui accumulent, la narration s’attarde sur les difficultés d’un couple adulte à s’avouer leur attirance. Les plans de Yusaku pour s’attirer les bonnes grâces de la douce Kyoko vont sans cesse se retrouver contrariés par les autres résidants de la pension (détestables mais tordants) tout en livrant une lutte acharné face à Shun, professeur de tennis au sourire étincelant. Les chapitres drolatiques sont menés tambour battant par une mangaka très en verve, resservant des blagues et des jeux de mots à deux sous dans son style le plus pur. A côté de cela, comme souvent, le côté dramatique des récits (ici le veuvage) de Rumiko Takahashi passe anodin les trois quarts de l’intrigue avant de se décanter sur la toute fin.

Love (et ses petites désastres)

Ce qui a fait, fait et fera le charme éternel de Maison Ikkoku se révèle dès le premier chapitre : un ensemble de personnages extrêmement aboutis, toujours pleins de bonne humeur pour gâcher les tentatives de Yusaku. Les personnages secondaires correspondent à la marque de fabrique de l’auteure mais cette fois-ci, elle s’est surpassée… Entre Yotsuya, l’homme rampant à l’attitude déroutante, Akémi la serveuse extravertie ou Hanaé et Kentaro, mère et fils ligués pour rendre l’étudiant ridicule aux yeux de la « patronne », c’est un beau panel de forts caractères qui se côtoie. Les personnages principaux demeurent dans les carcans des couples ne demandant qu’à entendre l’autre parler d’abord mais chaque événement est joyeusement dynamité par une bande jamais en manque d’idées pour leur pourrir la vie… Et derrière Maison Ikkoku se cache une critique légère d’un Japon social modeste peu montré habituellement mais aussi de l’emprise des traditions sur les comportements.

Rumiko Takahashi présente sensiblement le même trait que dans Urusei Yatsura, rondouillard, rempli de bonnes bouilles bien typées, juste dans les proportions, peu créatif dans l’ensemble mais toujours avec le but de créer des mimiques. Les personnages en prennent « plein la tronche » à tout point de vue, la mangaka se faisant un plaisir de les rendre ridicule à la moindre occasion avec une préférence pour Yusaku. Le découpage dynamique en petites cases permet de nombreux dialogues, moteur du manga. le remplissage laisse à désirer parfois mais l’essentiel est largement assuré.

Que dire ? Une valeur sûre qui n’a pas perdu tant que cela au fil des années. Le trait de Rumko Takahashi ayant tout de même tendance à perdre de son attrait le temps passant, Maison Ikkoku peut tout de même compter sur un scénario bétonné de fond en comble avec une pléiade de personnages originaux et absurdes. Du même hauteur et dans le même style, Un Bouquet de Fleurs Rouges saura aussi répondre aux même attentes. Pour finir, voici un manga à placer dans sa collection de bonnes comédies romantico-dramatiques à côté de son lot de Adachi et du prometteur Suzuka.