Mako, Rumi et Chii - Père de famille mais pas trop !

/ Critique - écrit par OuRs256, le 30/11/2015

Tags : tezuka format manga osamu date tomes editeur

La famille Ôsamu est sur le point de connaître un grand bouleversement. Tetsurô s'est toujours consacré entièrement à son travail de mangaka, mais il va désormais devoir faire des concessions, car son premier fils est sur le point de naître. Et s'il trouve son rôle de père difficile à assumer, il ignore encore ce qui l'attend avec ses deux filles, dans quelques années …

Difficile de rater la sortie d’un nouveau Tezuka tant les titres de l’auteur se font de plus en plus rares dans nos contrées tandis que les populations anglophones continuent à découvrir encore et toujours de nouvelles oeuvres du maître. Cette fois, c’est chez Black Box que l’on peut trouver son compte, un éditeur qui est, décidément, toujours là pour nous surprendre. 

Mako, Rumi et Chii - Père de famille mais pas trop !

Quand Tezuka nous parle de Tezuka…

Plus besoin de présenter le créateur du manga moderne, tout le monde connaît Ôsamu Tezuka quand même, non ? Pour ceux qui l’ignorent encore, Tezuka est l’auteur d’Astro Boy, entre autres, et a donné naissance au shônen contemporain. Il a codifié le format en cases et les développements sur plusieurs (dizaines de) pages, rien que ça. 

Dans Mako, Rumi et Chii, l’auteur nous parle de l’agrandissement de sa famille mais aussi des « désagréments » que cela a pu lui causer. On sent une certaine nostalgie mais aussi un certain « je m’en foutisme » dans les propos de Tezuka. Le père de famille décrit ses enfants de manière bienveillante mais sans omettre leurs défauts. En fait, il se fiche qu’ils soient comme ils sont et les acceptent tels quels, une belle preuve d’amour paternelle. 

Des enfants… turbulents. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les enfants ne laissent pas vraiment leur père travailler. Même si le premier est assez calme au début, l’arrivée de la deuxième va tout changer. Les batailles fraternelles vont commencer et… les enfants vont se mettre à agir en tant que tels évidemment. Capricieux, jaloux… Il est assez difficile de trouver des qualités à ces enfants qui semblent plus vouloir nuire à leur père qu’autre chose. 

Cependant, ce dernier apprend à vivre avec ces nouvelles présences. Lui qui passait tant de temps devant sa table à dessin va devoir gérer des choses nouvelles. Il va devoir réorganiser ses périodes de travail et son emploi du temps pour ne pas être surmené. La paternité, ça vous change un homme qu’ils disaient… Tezuka va en faire l’expérience… 3 fois ! 

Un titre pour les amoureux du vintage

Dire que Mako, Rumi et Chii s’adresse à tout le monde serait une erreur. Selon moi, il devrait être lu par tout le monde, aucun doute là-dessus mais malheureusement, ça risque d’être assez difficile. Le graphisme a vieilli. On peut bien dire ce qu’on veut mais, de nos jours, peu de jeunes sont capables de passer outre la barrière visuelle pour essayer de comprendre un message. 

Pour ceux qui sont assez bons pour reconnaître les qualités d’un trait vieillot, c’est peut-être le format qui les découragera. Black Box travaille principalement avec un format A5 qui, ici, ne met pas particulièrement en valeur le style de Tezuka. Les marges gigantesques donnent l’impression que le titre a été imprimé en mode « réduit », dommage quand on connaît les talents de l’auteur dans le découpage des cases et l’utilisation de l’espace…

Quoi qu’il en soit, il n’y a aucun doute sur la qualité du titre. Black Box nous propose une oeuvre teintée de nostalgie et d’amour paternelle qui ressort particulièrement bien grâce à une traduction qui paraît bien adaptée. Que ce soit au niveau des dialogues enfantins ou du vocabulaire un peu vieillot utilisé par le père de famille, on sent qu’il y a eu du boulot derrière. L’éditeur aura donc pris le pari de ne pas sortir un titre particulièrement « bankable » mais qui ira sans aucun doute rejoindre les bibliothèques des plus « mangaphiles » d’entre nous.