Le Micmac de l’été #12 - Magie magie, et vos idées ont du génie (peut-être)

/ Critique - écrit par OuRs256, le 13/08/2015

Le manga, c’est toujours la porte ouverte à l’imagination. Les auteurs ne se privent d’ailleurs jamais vraiment pour donner des pouvoirs ou autres capacités spéciales à leurs personnages. Cependant, on ne trouve pas souvent de la magie pure. Retour sur cinq titres où elle est particulièrement présente.


A Certain Magical Index 14 (Ki-oon) : Du rififi à la Cité Académique.

C’est le premier jour de la compétition des étoiles, la fête sportive de la Cité Académique, mais le pauvre Tôma va avoir du mal à y participer. Comme d’habitude, il s’est fait embarqué dans une histoire qui le dépasse complètement. 

Au niveau de l’originalité, ce n’est pas toujours ça puisque le conflit proposé est encore centré sur la querelle entre les deux Eglises. La rivalité ne semble pas s’atténuer et les fidèles semblent de plus en plus fous. La dénommée Oriana cherche à convertir toutes la Cité Académique avec un artefact, rien que ça. 

Ce qu’on peut apprécier, c’est que, plutôt que de nous montrer un combat bien bourrin, les auteurs font passer ça de manière plus subtile. Tôma fait ce qu’il sait faire de mieux : utiliser sa tête. Avant de pouvoir vaincre la jeune femme, il faut comprendre son plan et la trouver. 

Le running gag continue avec Index que l’on voit pendant… hum… 3 cases. J’ai vraiment du mal à comprendre la position de l’auteur sur l’utilisation du personnage éponyme de son titre. On peut comprendre qu’il veuille la placer comme un « élément à protéger » mais là, ça en devient assez ridicule…

On n’en a pas parlé depuis un petit moment mais le trait a bien évolué. Alors qu’il pouvait sembler un peu vide au début de la série (avec une grosse dose blanc), on remarque que le dessinateur a progressé énormément dans l’utilisation des trames, ce qui permet de donner un peu plus de profondeur à ses personnages mais aussi aux décors. 

Dans l’ensemble, A Certain Magical Index est toujours une série qui passe « bien » mais sans plus. Elle contient tous les éléments du shônen classique et ce n’est pas ce quatorzième volume qui va venir le contredire avec ses nombreux raccourcis et son deus ex machina.

Fairy Tail 44 (Pika) : « J’te pète un dragon moi gamin ! »

Le quarante-quatrième opus des aventures de Natsu et sa clique voit le combat contre Tartaros continuer dans une battle royale gigantesque. Il y a cependant deux événements qui valent le coup d’être remontés.

Tout d’abord, Natsu rencontre à nouveau Zeleph. Le magicien est toujours aussi mystérieux et ne va lâcher qu’une poignée de mots qui n’aideront pas vraiment à comprendre ses motivations ni même sa place dans l’histoire. Depuis le début de la série, MASHIMA semble le garder comme « solution de secours » pour un arc qui n’arrive toujours pas. Pour quelques volumes, je dirais « pourquoi pas » mais après 44 tomes, ça commence à devenir assez lassant…

Le deuxième événement marquant, c’est l’éveil de Wendy. La jeune fille commence à comprendre comment utiliser son pouvoir de chasseur de dragon pendant le combat. Elle qui semblait faible et presque « victime » attitrée de MASHIMA prend conscience de sa puissance et ne fait qu’une bouchée de son ennemi. Du début à la fin, le combat est bien mené, plein de rebondissements, probablement l’un des meilleurs depuis quelques volumes. 

Pour le reste, on a le droit a un peu de baston par-ci par-là avec pas mal d’Erza qui, comme à son habitude, ne reste pas habillée très longtemps. Cette mauvaise manie qu’a l’auteur de la dénuder laisse maintenant indifférent. La jeune femme est toujours très forte, ce qui fait que ses combats sont facilement prévisibles, un peu dommage… 

Fairy Tail, c’est une recette qui ne change pas. Il y a beaucoup d’action, un peu (trop souvent) d’ecchi, des pouvoirs à ne plus savoir qu’en faire et une histoire qui tient sur un timbre poste. Que vous aimiez ou non, force est de constater que ça marche. La preuve, la série a dépassé les 50 volumes au Japon !

Fairy Tail Blue Mistral 1 (Pika) : Maquillage et crustacés. 

Autant le dire tout de suite, Blue Mistral, c’est côté obscur de Wendy. Alors que le tome 44 de Fairy Tail nous la montrait sous son meilleur jour, le premier volume de ce spin off est une vraie calamité. 

C’est difficile de trouver un quelconque point positif à cette série mais je vais essayer quand même. Quand on y réfléchit, le but d’un spin off est d’étendre l’univers de la série originale et dans une certaine mesure, Blue Mistral le fait. 

Le problème, vous l’aurez compris, c’est qu’il le fait mal. Wendy est une gamine insupportable sortie des pires shôjo que l’on a pu lire. Elle n’a rien du personnage déterminé, volontaire et surtout courageux que l’on connaît. C’est comme si Fairy Tail n’existait pas et que WATANABE nous proposait une réécriture du personnage. Malheureusement, elle le rend insipide plus qu’autre chose…

L’histoire, elle aussi, est anecdotique. On nous présente ce qui serait une mission que la jeune membre de Fairy Tail aurait entreprise toute seule. Pour quelqu’un avec son niveau de magie, on était en droit de s’imaginer un problème plus compliqué à résoudre. Le développement est tellement prévisible que l’on peut presque lire les 10 premières pages et les 10 dernières pour avoir une idée de ce que ça vaut… (soit rien). 

Graphiquement, c’est juste une horreur. Le dessin n’est pas beau et très (trop) vide. Il mélange shôjo enfantin pour les personnages avec du shônen pour les décors et les pouvoirs. Cependant, Rui WATANABE ne maîtrise clairement aucun des deux et les problèmes de proportions sont flagrants et je ne vous parle même pas de l’utilisation calamiteuse des trames… 

Pour ma part, j’ai du mal à concevoir comment MASHIMA a pu autoriser un tel « truc ». Il n’y a rien à sauver dans ce premier spin off et si les autres sont du même niveau, je dois vous avouer que j’ai très très peur de ce qui va arriver… Au final, Blue Mistral, c’est un trait raté, une histoire timbre poste sans intérêt et la réécriture ridicule d’un personnage que MASHIMA avait réussi à re-dynamiser. Bref, à éviter. 

Wizard of the Battlefield 1 (Doki-Doki) : Gandalf, il est ringard comme magicien… 

Dans ce nouveau titre des éditions Doki-Doki, on débarque dans un monde en proie à la guerre. Afin de mettre les chances de victoires de leur côté, les armées utilisent maintenant des magiciens sur le champ de bataille. 

Ces êtres nés avec une capacité particulière viennent pimenter un peu les conflits et surtout donner l’avantage à ceux qui savent les utiliser. Haru Amagi peut voir la « vie », ce qui lui permet de repérer les soldats qui arrivent de très loin mais aussi leurs points faibles. Son don fait d’elle un sniper hors pair qui est surnommé le diable noir. 

Dans ce premier volume, Hiyama nous propose le portrait d’un monde particulièrement sombre où le conflit règne en maître et où l’être humain n’a pas grande importance si ce n’est pour le personnage principal. 

Que ce soit des relations positives ou négatives, Haru est définie par ceux qu’elle rencontre : les humains qui l’ont rejetée en découvrant son pouvoir, ses compagnons d’infortune qui l’ont acceptée peu importe sa différence et en ont fait un membre à part entière de sa famille et surtout ses ennemis ou encore les nouveaux groupes qu’elle rencontre qui ne sont pas forcément très ouverts. 

Graphiquement, c’est très propre et sans fioritures mais ça reste peut-être un peu trop dans la norme actuelle ; l’auteur ne prend pas vraiment de risque. On notera surtout quelques planches particulièrement intenses lorsqu’Haru s’énerve, comme si le mangaka s’énervait aussi un petit peu sur son crayon. 

En ce qui concerne l’édition, c’est du standard de chez Doki-Doki soit un objet bien fait et dont les couleurs ne bavent pas. Wizard of the Battlefield va devoir faire ses preuves après un premier volume tout juste moyen qui le rend très difficile à mettre en avant par rapport à une autre série du genre.

Yamada and the Seven Witches 1 (Delcourt) : Embrasse-moi idiot ! (air connu)

Miki YOSHIKAWA, c’est l’auteure du génial Drôles de Racailles. Quoi ?! Vous ne connaissez pas ?! Je ne peux que vous inviter à aller lire notre critique, ça vaut le détour. L’auteure, qui a été l’assistante d’Hiro MASHIMA (ça explique leur style graphique similaire), n’abandonne pas ce qui a fait son succès dans un premier temps. 

Parlons technique tout de suite. L’édition de Delcourt est honnête, traditionnelle même pour un shônen chez eux. Il n’y a pas trop de textes mal centrés dans leurs bulles et l’adaptation reste crédible (on ne dirait pas que les dialogues ont été trop « rajeunis »). On pourra juste être un peu ennuyé par les quasi 30 pages de pub à la fin du tome… C’est pas la fête… 

Le dessin de l’auteure n’a pas bougé d’un poil. On a quand même l’impression qu’elle utilise les trames un peu plus que dans Drôles de Racailles mais globalement, on reste sur quelque chose de très très similaire. Après, c’est vrai que la réutilisation d’un environnement scolaire n’aide pas vraiment à voir la nouveauté.

Eh oui, ce nouveau titre de YOSHIKAWA  se passe à nouveau en école, au lycée pour être précis, et qui fait la part belle à l’humour ; deux éléments clés de sa précédente série. Cependant, elle ajoute un petit élément qui va venir tout changer : un peu de magie. On ne sait pas encore trop d’où ça vient ni pourquoi Yamada possède cette capacité mais il peut changer de corps avec n’importe qui pour peu qu’il l’embrasse ! 

C’est cocasse, me direz-vous. Oui, effectivement et dans un univers lycéen, c’est même sujet à de nombreux quiproquos, doutes… j’en passe et des meilleures. Yamada a beau être un gros dur, cette « contrainte » lui fait quand son petit effet, donnant un peu plus de profondeur à ce faux voyou dont la vie et la réputation se sont construites sur un malheureux concours de circonstances. 

Miki YOSHIKAWA est une auteure qui utilise les contrastes à merveille. On le voyait déjà très bien avec Adachi et Shinagawa dans Drôles de Racailles mais c’est toujours vrai dans Yamada-kun & the 7 Witches avec Shiraishi et Yamada. La jeune fille est studieuse, imperturbable, calme… une vrai montagne. Yamada, c’est tout le contraire, un volcan qui va exploser à la moindre petite chose. 

Ce n’est nouveau personne. Les différences restent une source intarissable quand on parle de comédie. YOSHIKAWA se nourrit de l’opposition presque extrême entre ses deux protagonistes pour créer des situations grotesques (cf. leur façon de marcher qui fait partie de leur personnalité) mais aussi pour les rapprocher. 

La fougue de Yamada va permettre de débloquer la situation d’ijime dont est victime Shiraishi tout en renforçant la vision positive que la jeune fille à de lui. Dans le même temps, le voyou au grand coeur va se rendre compte qu’il y a des choses qui se passent dans sa classe dont il n’aurait jamais eu l’idée auparavant. C’est grâce à son passage dans le corps de sa camarade qu’il va en faire l’expérience. 

En réalité, l’auteure n’a pas vraiment quitté le monde de sa précédente série puisqu’on revoit de nombreux personnages en caméo. Ils sont là, invisibles pour l’oeil du nouveau venu, mais bel et bien présents pour faire plaisir au fan. Selon moi, c’est surtout sa façon de s’excuser pour le « titre » de sa série qui, après le premier tome, apparaît encore comme illogique. 

Preuve qu’elle a prévu quelque chose d’un peu complexe pour la suite ou qu’elle nous a tous bernés bien comme il faut ? On le saura très probablement en lisant le prochain tome. Rendez-vous fin août, début septembre pour connaître le fin mot de l’histoire !