Le Micmac de l’été #14 - « Vis ma vie de… »

/ Critique - écrit par OuRs256, le 18/08/2015

Aujourd’hui, un spécial Laurence Ferrari avec beaucoup de variété mais en même temps, c’est « Vis ma vie » quand même ! Vous n’avez aucune idée de ce que je raconte ? Bah tant pis, il y a quand même pas mal de choses à lire !


Barakamon 10 (Ki-oon) : … résident insulaire ! 

Attention les yeux, les parents de Seishû débarquent sur l’île où vit leur fils et ils ne viennent pas seuls… Ils seront accompagnés par Kirié, l’un des personnages les plus détestables jamais introduits dans une série humoristique.

Parlons tout de suite de l’impresario du père de Seishû. Kirié est quelqu’un (ni homme ni femme donc je vais essayer de ne pas utiliser de pronoms) d’exigeant, qui a l’oeil pour l’art mais qui a un caractère de cochon ! Le personnage passe son temps à se plaindre et à insulter la plupart des personnages qu’il rencontre. 

Disons que, dans un manga comme Barakamon qui est rempli de bonne humeur, c’est un peu gênant. C’est vrai que ce genre de personnage permet d’apporter des situations assez drôle mais disons que l’amener sur l’île, c’était peut-être un peu trop dans la mesure où le style de gag l’utilisant est trop répétitif. 

Les parents de Seishû sont… deux extrêmes. D’un côté, on trouve son père : composé, calme, sûr de lui, « qui en impose ». De l’autre, il y a sa mère : impulsive, effrayante (si si…) et prête à tout pour défendre son fils (euphémisme…). 

Mélangez ça avec les différentes individualités qui se trouvent sur l’île et en résulte un produit aux ressorts comiques inépuisables ! Les différentes interactions des parents avec les autres membres de l’île sont encore plus marquées que les « premières fois » de Seishû. 

Même s’ils ne sont pas vraiment venus pour s’amuser mais plutôt pour annoncer une nouvelle importante à leur fils, ils vont prendre le temps de voir comment il vit, s’il est bien entouré… Et le « Grand maître Handa » va même aller jusqu’à donner un cours de calligraphie avec son fils à la classe de Naru, une belle preuve d’amour paternel, vous ne croyez pas ?  

Barakamon, c’est toujours aussi drôle et même si ce n’est pas la première fois que Satsuki YOSHINO fait venir des citadins à la campagne, les situations ne se répètent pas et les gags sont bien renouvelés. C’est une série dont il serait dommage de se passer ! 

Bienvenue au Club 6 & 7 (Akata) : … lycéenne !

6/Bienvenue au Club, c’est la série « à la cool » d’Akata. L’éditeur a bien fait pour parier sur la série de Nikki ASADA qui apporte un côté relax’ à son catalogue. 

Dans le tome 6, c’est une subvention qui en jeu. En effet, un marathon des clubs non-sportif est organisé par le conseil des élèves avec une somme d’argent conséquente à la clé. Evidemment, Yoriko la veut et va demander à l’otaku de service de participer. Alors qu’Okinoshima devient une sorte de prix pour le vainqueur, Nima se lance à son tour.

La jeune fille se montre sous un jour nouveau et force est de constater que le personnage d’ASADA possède un potentiel d’évolution intéressant. L’auteure gère parfaitement les mises à l’épreuves de ses héros et les gère de manière réaliste. 

On n’est pas dans un shônen donc ce n’est pas vraiment un power up que récupère Nima mais plutôt une nouvelle vision d’elle-même. Elle sait qu’elle est capable si elle y met du sien. Attention, on parle bien ici d’épreuve physique ! Elle s’entraîne sérieusement pour le marathon et s’améliore vraiment. 

Chose étonnante, le tome se lit très vite et ce, malgré une certaine dose de texte, nécessaire au genre dira-t-on ; une preuve de plus que Nikki ASADA sait comment gérer ses situations et surtout le temps de parole de ses personnages. Un peu comme lors d’un débat présidentiel (cet exemple complètement nul… désolé…), chacun a le droit à son petit moment de gloire.

Que ce soit Okinoshima qui se fait de plus en plus rare ou même le président des élèves dit « maman » qui n’a pourtant que quelques cases d’apparition, tous ont de quoi faire. Humour, manigances, simples commérages lycéens, ce n’est pas non plus la variété qui manque. 

Après six volumes, le titre de Nikki ASADA est toujours aussi frais. On le lit avec un plaisir inchangé. Les situations restent classiques mais possèdent toujours un petit élément original qui vient les rendre un peu plus intéressantes que ce qui se fait chez la concurrence. La preuve, ASADA réussit à rendre un simple marathon intéressant. Je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus ! 

7/Seri Hinomisaki commençait à prendre de l’importance dans le monde créé par Nikki ASADA qui confirme son nouveau statut avec ce septième opus.

En effet, même si Nima reste l’instigatrice principale des actions d’une grande partie des personnages, l’intrigue est focalisée sur Seri. Le lycéen n’est pas dans son état normal et derrière ses sourires et ses sa sournoiserie inhabituelle se cache un problème plus personnel. 

C’est étonnant que l’auteure peut faire changer ses personnages en quelques cases, avec un détail qui n’est pourtant pas forcément flagrant. Elle possède des caractères forts sur lesquels s’appuyer et se base sur eux pour monter de petites intrigues secondaires qui viennent mettre en valeur tel ou tel personnage. 

Hinomisaki possédait ce petit quelque chose en plus des personnages dont on voudrait voir plus, qu’on voudrait connaître mieux. ASADA a du le ressentir aussi et en a profité pour le développer, nous parler un peu de son passé. Ne vous attendez pas à une révélation complètement folle, on reste dans quelque chose de classique mais ça reste joliment fait et raconté. 

En intégrant Seri, elle change encore la dynamique de son histoire mais surtout de son groupe principal. Alors qu’Okinoshima commence un peu à s’intéresser à Nima, ASADA en profite pour lui glisser un rival et pré-former un triangle amoureux qu’elle pourra facilement réutiliser par la suite.

Bienvenue au club, c’est un shôjo qui réussit à passer pour autre chose. Il y a bien une histoire d’amour mais elle reste vraiment en arrière-plan comparé à la « vie lycéenne ». Je serais même tenté de dire que c’est plutôt ça qu’ASADA essaye de décrire dans son ensemble et les histoires de coeur n’en sont qu’une partie. 

Ce septième tome ne fait que confirmer mon propos en développant une nouvelle amitié, le tout, dans un bon esprit de camaraderie et d’entraide. 

One Piece 75 (Glénat) : … pirate ! 

Le soixante-quinzième tome (quand même !) de One Piece est un pivot de l’arc Dressrosa commencé il y a quelques temps maintenant… 

Première bonne nouvelle : le tournoi du Colisée se termine de manière assez abrupte. ODA a probablement décidé qu’il avait perdu assez de temps pour continuer à « meubler » et se permet donc d’y mettre un terme à sa manière, c’est à dire n’importe comment ! 

On se dit donc qu’on va enfin passer au plat principal soit Doflamingo mais… en fait non ! L’auteur se permet d’instaurer une nouvelle menace : la « cage aux oiseaux ». Est-ce vraiment un mal ? Oui et non. En fait, c’est le « compte à rebours » si cher à ODA, celui-là même qui apparait dans chacun des gros arcs de la série.

Vous vous souvenez de la bombe à Alabasta ? Elle était là pour la même raison que la « cage aux oiseaux », réduire un peu la zone d’action et limiter les possibilités de « digression ». C’est un peu la méthode qu’utilise l’auteur pour s’auto-limiter. Eh oui, quand on a une imagination aussi folle, il faut savoir se brider (sans mauvais jeu de mot…) !

L’exemple que je choisis n’est évidemment pas anodin puisque l’arc Dressrosa a de nombreux points communs avec l’arc Alabasta. ODA a clairement repris une structure et un thème qui lui sont chers et qu’il avait encore envie de creuser. La fourberie de Doflamingo est plus « recherchée » que celle de Crocodile qui fait tout de suite moins méchant à côté…

Au final, on a un tome plutôt sympathique qui lance la fin de l’arc (même si ça peut encore durer un moment) avec des passages drôles (Dieu Usopp, c’est juste le top du top du « nawak »), du combat et quelques développements intrigants. Prochaine étape : le flashback de Law.   

Sangsues 1 (Casterman) : … squatteur !

« En lisant Sangsues, j’ai cru voir ma soeur. » C’est une phrase que beaucoup pourront prononcer, pour peu qu’ils aient une soeur, alors qu’ils refermeront ce premier volume de ce nouveau titre de Daisuke IMAI. 

Quand on lit bien, Sangsues est un manga en deux temps. On commence avec un pitch particulièrement intrigant qui nous pousse à continuer grâce à la curiosité mal placée que possède tout être humain (et qui permet de vendre des kilos de magazines people ridicules). On a envie de découvrir comment Yoko fait pour vivre sans exister.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’exister ? Dans notre société moderne, le mot est très souvent associés à d’autres comme « social » ou « interagir ». Yoko n’a pas l’air malheureuse, elle qui ne parle à personne et se fait oublier de tous. La jeune fille est débrouillarde, autonome et parvient à subvenir à ses besoins de base. 


Peut-on la considérer comme un parasite ? En réalité, Yoko ne possède rien, elle puise dans les ressources d’autres personnes pour survivre, un peu comme une bactérie ou un virus qui se nourrit des forces de son hôte pour se multiplier. Des habits ? Elle emprunte ce qu’elle trouve. De la nourriture ? Elle regarde dans le frigo. Niveau hygiène ? Tout dépend de ce qui se trouve dans l’appartement dans lequel elle vit. 

Les disparus le sont-ils vraiment ? Là, on rentre clairement dans de la paranoïa mais on pourrait presque se poser la question. Je suis sûr que tous les fans de la « théorie du complot » l’ont déjà fait : « Si Daisuke IMAI avait vu ce qu’il ne fallait pas voir et qu’un lobby voulait faire passer ça pour de la pure fantaisie ? ».

Imaginez : La jeune fille se balade d’appartement sans être vue, sans que personne ne fasse attention à ce qu’elle fait. Comment réagirait une personne lambda si tout ça s’avérait réel ? Jusqu’où est prêt à aller l’homme moderne pour se protéger d’une « invasion » potentielle ? 

Comme vous l’avez vu, la première partie pose un certain nombre de questions et fait tout pour favoriser la réflexion du lecteur ainsi que son imagination. Le point noir de Sangsues, c’est sa deuxième partie. Alors que Yoko rencontre d’autres gens comme elle, le titre bascule dans une sorte de jeu de survie que l’auteur aurait pu éviter.

La jeune fille va apprendre qu’il existe des territoires et qu’elle ne peut pas vraiment agir à sa guise. Ce monde où elle pensait avoir trouvé la liberté est beaucoup plus dangereux et bien plus codifié qu’elle ne l’avait imaginé. Sans soutien, survivre risque d’être assez difficile… 

Parlons quand même un peu technique. Graphiquement, Sangsues n’est pas un titre qui abuse des trames. Le trait reste très fin et les aplats de noirs sont utilisés efficacement pour donner le ton de la série. IMAI n’hésite pas d’ailleurs à varier énormément les éclairages pour donner une ambiance intense, angoissante parfois, à son titre. 

L’édition est, comme d’habitude chez Sakka, soignée. Le format est celui d’un seinen classique chez beaucoup d’éditeurs et on ne note pas de soucis particuliers de bulles coupées ou autres mots manquants et bulles inversées. C’est du sérieux, c’est du solide. 

Au final, Sangsues est un titre intéressant principalement pour sa première partie qui mettra votre paranoïa à l’épreuve. Vérifiez vos affaires, souvenez-vous de ce pull que vous ne retrouvez plus depuis des semaines. Où est-il passé ? Est-ce que vous êtes sûrs de l’avoir oublié quelque part ? Vous le considérez comme perdu ? Il a peut-être été « récupéré » par une sangsue, qui sait… 

Ultraman 2 (Kurokawa) : … super héros !

Après des débuts prometteurs, Ultraman confirme avec un tome qui reprend tous les ingrédients du premier volume soit de l’action, une intrigue fouillées et un héros en pleine découverte. 

Shinjirô est en pleine période de doute. Il ne sait pas encore vraiment quoi choisir en ce qui concerne son avenir. D’un côté, il peut redevenir un jeune lambda, de l’autre, il peut devenir le nouveau Ultraman. Pour un ado, le choix n’est pas particulièrement facile et les auteurs parviennent à nous le faire comprendre sans trop insister et en quelques pages seulement ! 

Les auteurs n’oublient pas non plus de développer leur intrigue principale. En arrière-plan, se jouent donc un jeu de piste « politique » où la section d’études des singularités scientifiques va tenter de déjouer les complots extraterrestres. Pour le moment, cette partie reste vraiment en retrait par rapport à la décision de Shinjirô mais vu la fin du volume, ça devrait changer très rapidement. 

Concrètement, leur méthode de narration est très visuelle. Pendant les combats, on nous ballade littéralement de page en page, parfois même de double-page en double-page. Au niveau du dessin, il fallait donc que ça tienne la route et je crois qu’il est difficile de se plaindre de ce côté là même si je reproche quand même une utilisation de l’ordinateur un peu trop importante.

En effet, il a de nombreux effets de flou ou d’explosion qui ne ressortent pas particulièrement bien sur le papier ou du moins qui sont peut-être un peu trop exagérés disons. Après, ça n’enlève pas leur beauté à certains effets d’ombres ou à l’utilisation efficace de trames dans les décors.

Une utilisation de l'ordinateur peut-être un peu trop présente mais un graphisme toujours aussi beau. Ce tome est focalisé à 100% sur la volonté du héros et pas encore beaucoup sur les extraterrestres mais ça devrait venir !