Le Micmac de l’été #15 - « Bienvenue… dans le monde de demain ! »

/ Critique - écrit par OuRs256, le 19/08/2015

Ah le futur… Si loin et si proche à la fois… Quand on demande aux enfants, ils ont tous envie d’y être le plus vite possible. Pourquoi ? Pour le rêve qu’il procure, les innovations qu’il inspire et surtout parce que le bonheur s’y trouve toujours… ou pas. En tout cas, ces titres nous montrent qu’il ne sera ni tout noir, ni tout blanc.


Baymax 1 & 2 (Pika) : Machine inutile. 

Adaptation manga du nouveau Disney Les Nouveaux Héros, Baymax nous raconte l'histoire d'Hiro, un jeune garçon surdoué qui rêve d'être inventeur avec son frère. Malheureusement, ce dernier semble pris dans une histoire plus complexe qu'il n'y parait…

Bon je crois que ce que je retiendrai le plus de ce premier tome de Baymax, c'est la traduction d'un prénom puisque l'un des élèves de l'université s'appelle… Jean Yamada ! Mis à part ça, difficile de donner un véritable avis tant le contenu est maigre des deux volumes est maigre. 

Le premier volume lance difficilement l'intrigue puisque les trois quarts du volume sont pris par la vie universitaire d'Hiro. Certains passages seraient presque de trop tant ils ne servent pas l’action et lui servent de frein. 

Les personnages ne sont pas vraiment développés et on a un vague aperçu du caractère ado « j’en ai marre de tout » de Hiro qui fait un peu sa crise tout le temps. Le jeune garçon est tellement introverti que personne n’arrive vraiment à le sortir de son mutisme.

Ainsi, on aurait pu imaginer un petit développement avec Baymax mais ça reste très sommaire et pauvrement mis en scène. L’auteur passe beaucoup trop vite dessus et on sent le manga de commande spécial pour le film avec un nombre de volumes limités.

Le deuxième volume, aussi étonnant que ça puisse paraître, vient tenter de répondre aux interrogations posées dans le premier à la vitesse de l’éclair. 

Je caricaturise un peu mais, en deux chapitres, Hiro est devenu un ado super positif et déterminé qui est enthousiasme à l’idée de sauver son frère un jour et qui pardonne au scientifique fou sans vraiment aller chercher plus loin. Euh… Pourquoi ? Comment ? On ne le saura jamais.

Graphiquement, c’est joli mais pas transcendant. On sent que le titre tire un peu sur le kodomo, ce qui bride un peu l’auteur en ce qui concerne la patte graphique, au même titre que la marque « Disney ». Dommage car on aurait pu avoir un coup de crayon un peu plus travaillé pour contrebalancer l’histoire médiocre…

Au final, cette adaptation des Nouveaux Héros est tout simplement ratée. Si vous aimez l’univers ou bien le style, allez plutôt voir le film qui s’en sort bien sans être un chef d’oeuvre. Par ici, c’est le désert. 

Ex-Vita 1 & 2 (Tonkam) : You’re (not) under arrest.

Tonkam continue à nous sortir des titres dans sa mouvance Young seinen. Après plusieurs tentatives infructueuses comme Momo ou encore Buddy Spirits, les voilà de retour avec Ex-Vita, une série qui allie boobs, robots et travail policier. 

Ex-Vita de Shin-ya KOMI fait la part belles à deux enquêtrices du futur. Dans un commissariat, où le ratio hommes/femmes semble être l’inverse de ce qui se voit dans la réalité, chaque policier possède un équipier robot qui l’assiste dans les missions quotidiennes. 

Quand on voit ça, on se dit « chouette, ils ont un bouclier humain ». Sauf que… pas vraiment. Alors qu’on assiste aux premières missions de Minami, on voit que la jeune policière fait tout pour éviter que sa co-équipière, Alma, soit blessée. 

Sachant que c’est un robot qui peut être réparé très facilement, on se demande pourquoi l’humaine décide de ravager des pans de la ville qui seront beaucoup plus coûteux à remettre en état… La vérité derrière tout ça, c’est que KOMI tente de faire passer le sempiternel message des classiques du genre : « Les robots sont des humains comme nous ».

Oui mais non. Les robots d’Ex-Vita n’ont pas vraiment de sentiments. Alma a un semblant d’éveil mais ça reste très limité. De plus, certaines actions sont tellement stupides que si Minami n’était pas intervenue, les dégâts auraient été moindres… 

Alma est beaucoup plus pragmatique, calculatrice, réfléchie comme le veut sa condition de robot. Elle sait analyser froidement une situation et fait preuve du bons sens dont manque sa partenaire. L’auteur nous propose donc une paire pour le moins complémentaire qui permettra des réactions différentes, quelles que soient les situations. 

Au niveau de l’histoire, on a le droit a une succession de petites enquêtes avec un pseudo fil rouge à la fin. Cependant, en seulement deux tomes, il n’y avait pas vraiment matière à développer quoi que ce soit. Après, il semblerait qu'un reboot nommé Ex-Arm ait vu le jour cette année au Japon, avec un vrai scénariste donc on peut imaginer quelque chose d’un peu plus intéressant. 

Même si on a l’impression que le fanservice sera l’un des arguments de vente du titre, pour une fois, ce n’est pas tout à fait vrai. On voit effectivement Alma très souvent dans le plus simple appareil mais c’est la seule. En fait, aucune humaine n’apparaît dénudée (en sous-vêtements parfois mais c’est tout), seulement l’androïde. 

Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi mais il semblerait que l’auteur ait un fetish sur les robots… Bon après, ça reste souvent en fin de combat et ce n’est pas vraiment ni gênant ni encombrant dans l’histoire. Disons que si ces scènes destinées à montrer du boobs n’étaient pas là, la qualité intrinsèque du manga ne changerait pas.  

D’ailleurs, graphiquement, c’est plutôt joli (chose nécessaire en général quand on veut faire un peu de fanservice) et on voit que KOMI n’a pas été l’assistant de Masakazu Katsura (Zetman, I’s, …) pour rien… Du coup, les décors sont plutôt classes et les personnages faciles à reconnaître et avec une bonne bouille. 

On ne peut pas en dire autant de l’édition catastrophique de Tonkam avec un festival d’erreurs : des inversions de bulles, du texte cadré n’importe comment dans les bulles, plusieurs fautes d’orthographe… Bref, c’est la totale… 

Avec seulement deux tomes, Ex-Vita nous promet au moins une chose : une histoire complète, qui ne se prend pas la tête. Quand on se décide à le lire ainsi, ce n’est pas si mauvais que ça. Les héroïnes fonctionnent bien ensembles et il y a un semblant de fin (même si ça reste très ouvert).

Est-ce que l’on peut vraiment attendre plus d’une telle série ? Je ne sais pas trop. Même en y réfléchissant sérieusement, j’ai eu du mal à trouver la réponse. C’est vrai, ça fait une petite heure de lecture sympathique mais au final, on en retire rien. Cette série, je l’aurais probablement oublié d’ici quelques jours, et vous aussi…

Knights of Sidonia 13 (Glénat) : Amour inter-espèces.

Eh oui, ce qui devait arriver… arriva ! Après plus d’une dizaine de tomes à voir Nagate et Tsumugi se tourner autour, les deux tourtereaux se sont enfin révélés leurs sentiments mutuels. Si vous suivez, vous devez être en train de vous dire « Hein ?! ». Personne ne pensait que ça arriverait vraiment mais il faut croire que Tsutomu NIHEI est capable de tout.

L’auteur commençait pourtant loin d’une comédie romantique avec une bataille spatiale dont il a le secret. Une installation importante pour l'humanité qui tourne mal, un gauna traître et sadique… Bref, du tout bon. C’était sans compter le petit grain de folie de l’auteur qui vient dire à tout le monde que l’amour, c’est universel. Si on caricature, un humain doit pouvoir aimer une chaise si jamais elle venait à être en vie (syndrome La Belle et la Bête). 

Mis à part ça, ce tome de Sidonia no Kishi est un peu vide. L’histoire n’avance pas vraiment et on retrouve les humains au même point qu’au début du tome, l’installation du convertisseur d’énergie ayant échoué. Plutôt que d’aller de l’avant dans son histoire, NIHEI privilégie le ressenti de ses personnages.

Que ce soit Tsumugi, Nagate ou même les jeunes pilotes qui ont effectué leur vol inaugural, ils sont sortis grandis de cette épreuve. Elle les a changé. C’est un peu l’idée de Knights of Sidonia, parler de changement. Avec ce tome 13, NIHEI a clairement rempli son objectif.

Orbitaria 1 & 2 (Doki-Doki) : Vous êtes dans une école mais en fait non… 

Orbitaria, c’est l’un des nouveaux titres proposé chez Doki-Doki ces derniers. Cette série est dessinée par Masakazu OOI et est terminée en quatre volumes (les 3 & 4 sont encore à paraître en France), pour le plaisir des plus petites bourses et des réfractaires aux séries fleuves. 

Passons rapidement sur la base de l’histoire. Al est un ado. Classique.  Al a un pote blondinet et une amie d’enfance de sexe féminin. Moui… Al est fan de mécanique. Là, ça commence à vous rappeler vaguement quelque chose. Al vit en fait sur un robot géant où la ségrégation est reine. Bon, ok, il y a quand même une petite touche d’originalité !

Le début de la série nous montre des scènes d’école tout ce qu’il y a de plus classiques. Al coule des jours heureux avec ses potes et rien ne laisse imaginer ce qui arrive après leurs examens de fin de scolarité. C’est d’ailleurs l’une des forces du titre de OOI : il parvient à surprendre fortement le lecteur. 

Cependant, le développement ne parvient jamais à construire correctement sur le choc provoqué. L’auteur va se lancer dans des histoires de guerre séculaire peu intéressante comparée à ce qui se passe sur le vaisseau en lui-même. 

Après l’examen final, les élèves sont divisés en deux groupes : administrateurs et travailleurs. Vous l’avez compris, il y a les « nobles » et le « petit peuple ». L’un ordonne, l’autre s’exécute. OOI nous propose ainsi la vision d’une société de classes ou la rigueur et l’ordre sont les mots d’ordre. 

L’auteur nous expose ainsi l’une des faiblesses classiques des sociétés humaines. Alors que les hommes doivent s’entraider dans l’adversité, ils ne trouvent rien de mieux que de se diviser, avec tout ce que ça implique : querelles, plaintes, complots, confiance inexistante… Ces problèmes, OOI les gère plutôt bien même s’il les traite de manière assez classique (avec un leader « ami » dans les deux camps).

Niveau personnages, rien de particulièrement original à signaler. On a le droit aux stéréotypes du genre : le héros enthousiaste, motivée et capable de tout ; le rival, ami du héros, capable de tirer 100% du potentiel de son ami ; l’éternelle amie d’enfance qui a un lien étroit avec les deux personnages… Amateurs d’originalité, vous n’allez pas sauter au plafond…

En fait, il se disperse un peu trop. En voulant intégrer rapidement un maximum d’informations à son histoire, il finit par noyer le lecteur dans les situations et ne prend pas assez de temps pour se concentrer sur ce qui compte. Certaines scènes semblent donc « rushées », trop rapides et bien trop superficielles… 

Graphiquement, difficile de trouver ça joli quand on regarde les personnages. Ils ont un petit côté SD qui infantilise un peu la série inutilement (surtout qu’elle est catégorisée comme un seinen par l’éditeur). Les décors restent bons même si très simple pour la plupart. Par contre, tout ce qui est robot/mecha est magnifique. C’est détaillé, plutôt original et pour les orbitaria, grandiose. 

L’édition reste bonne, comme d’habitude avec Doki-Doki. Un format un peu large, des pages fines mais pas transparentes et surtout, des textes bien centrés dans les bulles ! Oui, ça peut paraître « normal » mais figurez-vous que de nombreuses sorties ces derniers temps semblent oublier ce petit détail… 

Doki-Doki nous sort une petite série qui ne révolutionne pas le genre mais qui aurait pu être mieux traitée dans sa narration. Même si graphiquement, les mecha ne sont moches graphiquement, le reste manque de consistance. Pour le moment, Orbitaria, ça reste lisible mais c’est loin d’être époustouflant.

Seraph of the End 1 (Kana) : Regardez, c’est nouveau !… Ah non, en fait, c’est juste des vampires… 

Des vampires… Comme c’est original ! Y’a peut-être même des ninjas vu qu’ils parlent de Sasuke… Le nouveau shônen des éditions Kana ne brille pas par son audace mais si c’était le seul problème, on ne serait pas aussi méchant. 

Owari no Seraph est l’un des derniers gros succès du magazine Jump Square (qui a vu naître la plupart des titres « Shônen Up » de chez Kazé Manga comme Kurenai, Luck Stealer, Embalming…). 

Parlons tout de suite du seul point positif que j’ai réussi à trouver : le dessin. On retrouve Yamato YAMAMOTO aux commandes, le même qui a dessiné Kurenai qui était déjà plutôt beau en son genre. Cependant, j’ai l’impression que les univers post-apocalyptiques et les monstres ne sont pas vraiment la tasse de la thé de ce mangaka

C’est très vide par moment. Pourtant, l’auteur se trouve en terrain connu puisqu’on se dirige rapidement vers un milieu scolaire. Pourquoi ? Parce que le lectorat cible, c’est les ados… Evidemment, on ne peut que remarquer qu’il n’y a pas vraiment de temps à perdre avec des maths quand les vampires tentent de vous bouffer comme des moutons mais soit…

Le reproche principal qu’on peut faire au dessin, c’est le côté trop « humains » de certains vampires qui n’inspirent pas grand chose si ce n’est l’ennui (ils sont quand même en mode relax en permanence…). Les monstres restent classiques mais efficace même si, pour une série comme celle-là, on attendant un peu mieux. 

Alors que le premier contact (visuel donc) était plutôt bon, c’est au niveau du scénario et des personnages que ça coince. Le titre de YAMAMOTO et KAGAMI est bourré de clichés. Il n’y a pas quelques uns et ils ne sont pas utilisés à bon escient. Non… On aurait bien aimé. Pour le coup, ils en ont mis partout. 

On a le droit au meilleur ami traître, à la jeune fille volontaire qui servira d’amoureuse quand ils en auront besoin, le mentor bourru et mystérieux mais bienveillant… Tout ça dans un monde où les hommes sont tous grands, minces et beaux. Je serais une jeune adolescente, je pourrais faire un magnifique « Mukyaaaaaa !! » mais je vais m’abstenir. 

Le héros, Yûichiro est à la limite du supportable. Il passe son temps à se plaindre, à faire n’importe quoi et surtout, il n’assume pas les conséquences de ses actes. La perte des êtres qu’il considérait comme « chers » l’a déboussolé. Depuis, il ne répète qu’une chose, qu’il va tuer tous les vampires. La dernière fois que j’ai vu un héros à la pensée aussi unique, il me semble bien que c’était dans Pokémon Noir et Blanc, un kodomo donc…

Quid de l’utilisation des personnages secondaires ? Dans le premier tome, elle est quasiment nulle. Enfin… Ils sont utilisés comme simple élément de faire-valoir. Leur influence sur le héros est quasi-inexistante puisque ce dernier ne comprends ses bêtises qu’une fois mis devant le fait accompli… 

Oui, c’est vrai, une grande partie des déceptions de Seraph of the End provient d’une attente trop forte. La faute à l’éditeur qui l’a suscitée ? Peut-être. En tout cas, il n’y a aucun élément qui ne soit réellement satisfaisant à 100%. Dur dur pour Kana qui a du miser gros dans ce titre clairement sur-côté dont j’ai encore du mal à m’expliquer le succès au Japon (il a été adapté en anime quand même !)…

L’édition, c’est une classique Kana avec un petit format toujours agréable à tenir en main mais dont les textes de certaines bulles ne sont clairement pas fait pour les aveugles. Je ne parle pas des petites qui doivent contenir beaucoup de mots mais plutôt des grosses bulles ou 4 ou 5 mots (soyons gentils) occupent environ 1/5e de l’espace disponibles. Non, à ce niveau là, c’est juste ridicule. 

Pour conclure, je ne vais même pas m’abaisser à critiquer l’un des arguments de vente qui met en avant un « héros au destin tragique dans la veine de Sasuke, personnage de Naruto ». Tout ce que je peux dire, c’est que le trait de YAMAMOTO est beau mais que l’histoire, les personnages et même l’édition sont loin d’être convaincants. En fait, ils ne le sont tellement pas que je ne me risquerais pas au tome 2.