Le Micmac de l’été #17 - C’est que… je suis pas vraiment humain moi…

/ Critique - écrit par OuRs256, le 24/08/2015

Aujourd’hui, les héros non-humains sont à l’honneur. On a des ombres, des vampires, des bactéries, des insectes… bref, comme vous le voyez, il y a de quoi faire !


Ajin 1 (Glénat) : Tue-moi si tu peux.  

Attendu depuis un bon moment par le public français, Glénat avait la pression pour la sortie de ce seinen qui a fait un carton au Japon. Mérité ou pas ? Lorsque l’on voit ce premier tome, il y a de quoi être dubitatif. 

En lisant ce premier volume, l’une des premières choses qui m’est venue à l’esprit était : «Ah mais oui, c’est les X-men en fait ! ». Bon, ça peut paraître très réducteur et il n’y a pas vraiment de mutants dans Ajin mais l’idée de mise au ban de la société est là. 

Un peu comme les personnages du Marvel Universe, les ajin sont considérés comme des parias, des personnes non fréquentables qu’il vaut mieux éviter. Pourquoi ? Tout simplement parce que les humains ne comprennent pas l’origine de leur pouvoir. 

C’est assez commun, ce que l’homme n’arrive pas à expliquer l’effraye. Quand il a peur, l’être humain est capable du pire (l’Histoire nous l’a bien assez prouvé). C’est ainsi que les ajin sont réduits à une existence qui n’est pas considéré comme humaine.

Ainsi, les pires sévices pourront leur être infligés sans que personne ne se pose la moindre question morale. Cette « non-humanité » est d’ailleurs bien ancrée dans la psychologie collective du monde créé par Tsuina MIURA et Gamon SAKURAI. On le voit aux nombreuses répliques des gens qui parlent des ajin. Si on remplaçait le mot ajin par n’importe quelle minorité, il y aurait parfois même de quoi choquer. 

Le moins bon, c’est la relation entre les deux personnages principaux. Amis d’enfance, soit mais de là à risquer leurs vies l’un pour l’autre alors qu’ils se retrouvent à peine ? Certes, l’un des deux est immortel mais quand même, on sent la mise en place à la va-vite et un peu (trop ?) de précipitation. 

Le manga capitalise plutôt sur les « sensations fortes ». Il tente d’embarquer le lecteur dans une spirale d’événements qu’il ne comprend pas et de le mettre ainsi dans la peau du personnage. Ce dernier est déboussolé. Il a du mal à expliquer ce qui lui arrive et sa situation. 

Forcé à fuir alors qu’il n’avait jamais eu de problèmes, sa vision des choses change complètement. Ajoutez de l’action à ne plus savoir qu’en faire et une poursuite nerveuse et vous obtenez un manga parfait pour les adolescents fans de films estampillés Marvel.

C’est un peu ce que je reproche à Ajin, à vouloir trop plaire à un public de pré-adultes, il en oublie peut-être la base du seinen, c’est à dire une histoire qui se doit d’être complexe et bien menée. Au lieu de ça, on nous balance des explosions un peu partout, un peu dommage…

Niveau édition, on ne peut que déplorer le nouveau choix de papier concernant les seinen. Il est beaucoup trop fin, en particulier pour les titres où l’ambiance appelle une utilisation intense d’aplats de noirs. Je ne donc que vous déconseiller de lire ce titre avec une lumière trop forte sachant que ça traverse très facilement, un peu trop même…

Le trait n’est pas non plus fantastique. On peut même dire que les premières planches sont à la limite du moche. Chose étonnante : certains personnages n’ont pas de nez… Niveau décors, difficile de vraiment juger sachant qu’une grande partie du tome se déroule de nuit, ce qui n’aide pas vraiment à bien voir. 

Le problème d’Ajin, c’est peut-être tout le tapage médiatique qu’il y a eu autour. On s’attendait à quelque chose d’exceptionnel mais pour le moment, on a juste quelque chose de correct. Ce n’est pas mauvais, la base de l’histoire est sympathique et pose des questions intéressantes mais ce premier volume est loin de donner une « envie folle » de lire la suite. 

Ajin n’est pas un véritable seinen. On peut en avoir l’impression avec son thème qui se veut complexe et son ton sérieux. Pourtant, la déferlante d’action, les pouvoirs, la relation entre les deux protagonistes tirent plutôt du côté du shônen. On se trouve donc difficilement en présence de la bombe annoncée et on se met difficilement à penser au volume suivant.

Cagaster 6 (Glénat) : Il est où le Baygon ?! 

L’épopée dessinée par Kachou Hashimoto touche à sa fin avec un sixième volume qui ne met pas autant l’accent sur le pathos que l’on aurait pu l’imaginer.

Des larmes, il y en a, soit. Les retrouvailles d’Ilie et de sa mère sont courtes mais intenses et il était difficile de ne pas imaginer un peu d’émotion de la part de la jeune fille. Cependant, ça ne l’empêchera de montrer un visage déterminé et une volonté de vivre qui force le respect.

De son côté, Kidow et Acht s’affrontent dans un combat qui verra le héros de l’histoire changer. On l’avait découvert comme un exterminateur prêt à tuer de sang froid n’importe quelle créature. Après six volumes, Kidow a bien changé, tellement qu’on pourrait difficilement le qualifier d’exterminateur. 

On devrait plutôt dire régulateur. Il est là en priorité pour s’assurer que les gens ne soient pas blessés mais aussi pour contenir le pouvoir imprévisible d’Ilie. Alors que la jeune fille voit son existence comme une malédiction, il lui fallait un point d’ancrage solide, quelqu’un à qui se raccrocher, ce qui montre une certaine logique dans l’évolution de Kidow. 

Ce dernier tome de Cagaster ne se veut pas moralisateur ou donneur de leçons mais va inciter les gens à prendre la vie comme elle vient, en restant le plus enthousiaste possible quant au futur. C’est un joli message que tente de faire passer l’auteure. Malgré l’adversité, l’entraide reste l’élément clé qui a permis à tous les personnages d’arriver où ils en sont et ils en sont tous conscients. 

Un héros transformé, un message universel, de l’action dynamique, un dessin superbe du début à la fin, Cagaster reste une série parfaitement plaisante à suivre et qui aura su nous tenir en haleine du début à la fin. Avec seulement six volumes, elle vaut la peine qu’on y jette un oeil !

L’Attaque des titans - Before the Fall 4 (Pika) : Mangez-moi Mangez-moi Mangez-moi…

Les titans n’en ont pas fini d’envahir nos librairies puisque la série semble se décliner à l’infini ! A l’ordre du jour, le quatrième tome de Before the Fall et la découverte d’un équipement qui n’a plus aucun secret pour les lecteurs de la série originale que nous sommes tous (j’en suis sûr !).

Alors que Kyklo est emprisonné, il va se lier d’amitié avec l’ancien prétendant de Carla. Les deux sont condamnés à l’exil hors du mur, synonyme de mort de la main ou plutôt de la bouche d’un titan. L’auteur souligne un point très intéressant : l’être humain a tendance à dissimuler des actes horribles sous des actions simples. 

L’exil, qui n’est, ni plus ni moins, qu’une condamnation à mort est plus facilement accepté par les masses dans la mesure où le mot offre un petit peu d’espoir avec même une survie potentielle à la clé. « Qui sait s’ils se feront dévorer ? Il n’y a pas de titans partout. Ils vont peut-être réussir à s’échapper… ». L’être humain est capable de tout quand il s’agit de se donner bonne conscience…

L’élément principal de ce quatrième tome reste la découverte à la toute fin du dispositif de manoeuvre tridimensionnel. On sait ce qu’il fait, ça ne nous surprend pas outre mesure mais quand même. Satoshi SHIKI exprime l’émerveillement à la perfection dans la mesure où il parvient à faire redécouvrir au lecteur quelque chose qu’il connaît.

Impossible de ne pas en prendre plein les yeux pour le lecteur. Le regard de Kyklo lorsqu’il voit le dispositif est évocateur. Il sait qu’il pourra faire de grandes choses avec une machine pareille et compte bien apprend à l’utiliser le plus vite possible. Il voit les possibilités, il voit une arme potentielle contre les titans. 

La découverte est donc terminée, l’auteur va pouvoir passer aux choses sérieuses et nous montrer ce que ses héros ont dans le ventre. L’ambiance de ce quatrième tome était aux petits oignons avec un peu de complot, un bel esprit de camaraderie et un petit passage furtif solide. 

Moyasimon 5 (Glénat) : Dr Mario n’est plus très loin. 

Cinquième opus et retour à la normale puisque Sawaki retrouve sa faculté de voir les microbes. Bonne nouvelle, ou pas, cela va lui permettre de s’impliquer à 100% dans le Festival des moissons. 

Au début, je dois avouer que j’avais un peu peur de voir une simple « redif’ » du festival de printemps mais pas du tout. ISHIKAWA parvient à se renouveler et à proposer des situations toujours aussi originales. Je le suspecte d’ailleurs d’avoir utilisé son vécu du Comiket (une convention qui se déroule au Japon) pour le « top départ » de son festival des moissons ou alors, il a regardé la télé pendant les soldes…

Cette masse de gens qui se ressemblent tous plus ou moins et qui se jettent corps et âme dans la « bataille » parce qu’il faut bien parler de combat ici. C’est une lutte ou chacun donne le maximum pour TOUT obtenir. Les gens sont venus en groupe où chaque membre à un produit spécifique en tête de liste. 

Qui dit organisation militaire (avec une belle référence à Eyeshield 21) dit incidents militaires et problèmes « diplomatiques » (oui oui, on parle toujours d’un festival où sont vendus des produits locaux). ISHIKAWA se débrouille vraiment bien pour imager et propose une vision original d’un événement pourtant très banal. 

La fin du tome lance un arc un peu plus long que d’habitude avec la « disparition » d’Hasegawa qui s’est rendue en France (l’auteur a même dessiné l’intérieur du terminal 2F à Charles de Gaule). Connaissant le style si particulier de la série, dur de ne pas être impatient de voir quels microbes sont « typiquement français » ! 

Petit mot quand même sur l’édition mais j’ai l’impression que le papier est de plus en plus fin, ce qui n’est vraiment pas pratique pour lire dehors (c’est quand même l’été). L’effet de transparence est vraiment désagréable et comme il a beaucoup à lire, ce n’est pas évident quand ça traverse…

Pour ma part, je suis sûr d’une chose, la traductrice doit s’arracher les cheveux sur chaque tome quand on considère la masse de texte faramineuse qu’ils contiennent (et je ne parle même pas des termes scientifiques…). Malgré cela, la série se suit plutôt bien et on commence enfin à avoir des arcs un peu longs, de quoi accrocher le lecteur un peu plus encore. 

Servamp 7 (Doki-Doki) : Vampire ou chat ? En tout cas, il a la flemme. 

On ne voit plus trop les héros depuis quelques temps et ce n’est pas ce septième tome qui me fera mentir puisqu’il est principalement consacré à Licht et Lawless. 

En effet, les deux… se frittent. Je crois qu’il n’y a pas d’autres mots, incapables de s’accorder, ils en viennent au moins, sans prendre en compte leurs positions de maître et servamp. Licht a des idées bien arrêtées mais son servamp est un peu victime de son passé.

Alors qu’il a tout perdu, il n’a trouvé personne vers qui se tourner. Eh oui, si vous vous demandiez pourquoi il était aussi fou, la surprise sera amère. Plutôt que de chercher quelque chose d’original, Tanaka STRIKE va puiser dans la facilité pour nous proposer quelque chose de très classique. Un peu dommage… 

Qui dit tome placé sous le signe du flashback dit très peu d’avancement de l’histoire principale et même si Tsubaki apparaît un peu pour mettre un petit peu de chaos dans tout ça, le lecteur commence un peu à se lasser. L’auteur ne se renouvelle pas vraiment et même si les combats sont beaux, le lecteur les lit de plus en plus machinalement.

Le septième tome de Servamp reste lisible mais il est tant que les choses bougent un petit peu. Il y a encore de nombreux aspects de l’histoire qui n’ont pas été traités et on espère un peu d’originalité si jamais Tanaka STRIKE s’en occupe parce que pour le moment, la série ne brille pas vraiment à ce niveau là.