Le Micmac de l’été #21 - On prend notre temps…

/ Critique - écrit par OuRs256, le 31/08/2015

Il y a des titres que l’on lit tranquillement. Impossible de rusher, de ne pas prendre son temps sous peine de se retrouver à l’ouest niveau histoire. Dans l’espace, chez les bactéries, dans les méandres de l’Histoire… Peu importe l’endroit, allez vous promener !


Billy Bat 15 (Pika) : Promenons-nous dans l’Histoire… 

Urasawa continue à balader ses lecteurs et arrive dans une période un peu plus contemporaine. L’empire construit par Walt Disn— Erm… Chuck Culkin connaît de grands bouleversements alors que l’état de santé de son « directeur » se détériore. 

L’auteur est parvenu à changer la dynamique autour de ce personnage de manière très intéressante. Déjà, de son vivant, il était toujours entouré de nombreuses personnes et tout le monde cherchait à le voir. A l’hôpital, il est seul et c’est à peine si quelques uns de ses hommes de mains viennent lui rendre visite.

Son caractère dominateur a, lui aussi, été réduit à zéro. On le connaissait comme un homme fort, qui dirigeait l’empire Billy Bat d’une main de fer. Il n’en reste plus rien. Sa fille fait ce qu’elle veut, ses caprices ne sont plus écoutés… Le faux Culkin a donc perdu ce « contrôle » qu’il affectionnait tant…

Ce quinzième tome est aussi l’occasion pour Urasawa de bien s’occuper de certains de ses personnages secondaires, de faire en sorte de conclure un peu leur histoire. On découvrira donc ce qu’il est advenu de Smith mais aussi la vie alternative de Kurusu, ce qu’il a bien pu faire pour aller de l’avant.

Cependant, le plus intéressant, c’est le destin de Duvivier. On le pensait mort après sa chute mais il a été recueilli in extremis par le mangaka qui a tout appris à Kevin, Yamagata, pas Goodman. Alors que la chauve-souris lui a révélé son destin, le personnage a pris une dimension nouvelle.

Urasawa prouve que chacun de ses personnages peut soudainement prendre une place de choix dans son récit. On se rapproche de plus en plus de notre époque avec un événement majeur qui a changé notre façon de voyager en avion. Je ne vous en dit pas plus… 

minuscule 2 (komikku) : Petit mais costaud ! 

Après quelques mois, on se replonge dans le monde de Takuto KASHIKI et ce qui en ressort, c’est un véritable sentiment de calme. minuscule fait partie de ces titres qu’il faut lire tranquillement, sans se presser dans la mesure où la richesse se trouve dans les décors et les petits détails du quotidien qu’il décrit.

De quoi l’auteur peut-il bien parler pendant 200 pages ? Eh bien, de choses simples mais qui peuvent s’avérer dangereuses pour des personnes de petite taille. Entre un exercice de couture, une cueillette de feuilles sauvages qui se transforme en guide de survie, la construction d’un mur et la fabrication d’une liqueur, Hakumei et Mikochi auront du pain sur la planche ! 

Vous le savez déjà si vous avez lu le premier volume mais il n’y a pas de fil directeur dans minuscule. Chaque mini-histoire peut-être lue indépendamment, chose qui rappelle un peu le kodomo manga. Cependant, même si les sujets sont simples, ils ne sont jamais traités de manière enfantine. Le dessin, bien trop beau pour une production jeunesse, cassera aussi toute tentative de comparaison. 

L’univers de Takuto KASHIKI est incroyablement riche et se complète au fil des volumes. La seule critique que l’on pourrait faire, c’est un manque d’évolution. On découvre leurs différentes facettes mais on ne les voit jamais changer ni même vraiment s’adapter à de nouvelles situations. Après, c’est peut-être quelque chose qui sera creusé dans les prochains tomes…

Très beau graphiquement, souvent bien documenté, il y a de quoi faire avec ce deuxième tome de minuscule qui, comme tout manga « tranche de vie » continue à faire des pages avec le quotidien. Si vous cherchez une lecture reposante et bien menée, le titre est fait pour vous. 

Mokke 9 (Pika) : Les esprits sur la gauche s’il vous plait ! 

La relation entre Tôko et Shizuru connaît des hauts et des bas. Alors que les deux jeunes filles se sont découvertes grâce à leur « don » commun, elles n’ont pas du tout la même vision de ce pouvoir et possèdent des personnalités singulières. Elles ne réagissent pas du tout de la même façon dans des situations similaires. 

Malgré quelques désagréments et une attitude particulièrement violente de la part de Tôko, lorsque cette dernière va perdre sa grand-mère, Shizuru va tout faire pour l’aider à remonter la pente. Evidemment, tout serait « trop » simple s’il n’y avait pas un esprit impliqué… 

Tôko est victime d’un nozuchi un serpent géant sans oreilles et sans yeux qui s’agrippe à la tête des humains aux pensées noires. Pour l’exorciser, Shizuru va devoir plonger dans le passé de son amie et découvrir que tous ceux qui découvrent des pouvoirs ne sont pas aussi compréhensifs et intelligents que son grand-père.

Via ce flashback, on découvre surtout qu’il y a deux catégories d’adultes : ceux qui font passer l’enfant en priorité et ceux qui font passer ce qu’ils considère comme « le bien commun » d’abord. Il n’y a pas vraiment de méthode qui soit meilleure que l’autre quand il s’agit d’élever un enfant mais chacune à ses points forts et ses points faibles.

Poussée par sa grand-mère, chef d’une secte, Tôko a du utiliser ses pouvoirs sans relâche pendant sa jeunesse, très souvent contre sa volonté. Effrayée par ce qu’elle voyait, la petite fille ne comprenait pas vraiment pourquoi sa grand-mère la forçait à voir ces choses horribles. C’est avec une vision assez négative qu’elle a grandi et c’est toute cette rancoeur qui sera amplifiée par le nozuchi.

Pour Shizuru, c’était différent… Son grand-père était beaucoup plus attentiste concernant son pouvoir. Il a décidé de laisser l’enfant se développer plutôt que de forcer la jeune fille à être au contact de créatures, d’esprits qui l’auraient effrayée. Elle avait aussi la chance d’avoir une soeur qui attire les esprits et avait donc une raison immédiate de chercher à les voir.

Pourtant, ce n’est pas pour rien que la grand-mère utilisait le don de Tôko et ce n’est qu’après qu’elle s’en rendra compte. Il y avait une véritable volonté de sauver des vies et pas de mettre seulement son bien-être en avant. Elle a fait un choix tout simplement. 

Mokke est la série la plus proche de Mushishi que l’on puisse trouver sur le marché. C’est un vrai plaisir de voir que Pika est allé jusqu’au bout dans la publication et qu’on possède un titre aussi bon en France. Avec 9 petits tomes, beaux et enchanteurs, difficile de ne pas vous conseiller le titre de Takatoshi KUMAKURA.

Moyasimon 6 (Glénat) : Voyage en bagnole à la française 

On voyait la petite équipe de héros partir pour la France à la recherche d’Hasegawa à la fin du tome précédent et ils y arrivent enfin ! Evidemment, ils dépensent tout leur argent en quelques jours et se retrouvent très vite à la rue… 

Ils vont tomber sur celle qu’ils cherchent un peu par hasard, juste après avoir rencontré Marie, une jeune femme prête à prendre la suite de son père à la tête d’un domaine viticole. Même si sa famille possède de quoi vivre, le temps n’est pas au beau fixe dans les finances du domaine. Une intervention était donc nécessaire…

C’est un peu la double peine pour Sawaki qui va devoir résoudre deux problèmes : les « fiançailles » forcée d’Hasegawa mais aussi les problèmes de succession de Marie (qui est un clone blond d’un personnage que l’on connais bien d’ailleurs !).

Les deux histoires sont plutôt bien gérées et… sans trop de textes ! Il y a toujours ce petit côté didactique lorsque l’on parle de vin et de sa production mais ça reste réduit au maximum. Ce qui ressort le plus, c’est l’importance données aux sentiments d’Hasegawa et de Marie. 

Masayuki ISHIKAWA montre ainsi qu’il peut aussi faire quelque chose de plus traditionnel dans la narration avec un petit road trip sympathique en compagnie de Sawaki et ses potes mais aussi avec un problème clairement plus humain que ceux qu’il nous avait décrit jusqu’à maintenant. 

Ce tome de Moyasimon est plus accessible que les tomes précédentes avec une aventure plus humaine et moins centrées sur les bactéries. Pour la série, je ne suis pas sûr que ça soit un plus. On perd un peu en originalité et en mise en scène même si on obtient quelque chose de plus lisible. 

Space Brothers 11 (Pika) : Canette Story.

En tant que gros lecteur de manga, chaque tome de Space Brothers est un petit moment de plaisir. Il me permet de prendre mon temps, de flâner et… d’avoir fini en moins de 30 minutes ! C’est horrible. Le titre se lit vraiment trop vite et ce, même s’il est blindé de bonnes idées et de rebondissements…

Dans ce onzième volume de la série de Chûya KOYAMA, il y a deux choses à retenir. La première, c’est le début d’une nouvelle épreuve. Toujours divisés en plusieurs équipes, les astronautes vont devoir créer une sonde spatiale tenant dans une canette de soda. Plus que des talents physiques, ce sont les cervelles qui vont être mises à l’épreuve.

Pour le coup, Mutta va pouvoir briller puisque le bricolage, c’est un peu son dada. Cette épreuve permettra peut-être à l’équipe de remonter un peu la pente après être arrivée dernière lors de la survie dans le désert. Sachant que personne n’est ingénieur, il y a quand même une certaine difficulté à se lancer… C’est donc un peu de variété que l’auteur introduit sans peine et qui permet de changer un peu son style de narration. 

Le deuxième élément clé, c’est le personnage de Pico. L’ingénieur déchu se retrouve d’office avec l’équipe de Mutta. Un petit peu alcoolique sur les bords, on se demande bien quel est l’intérêt de KOYAMA à l’intégrer à son roaster déjà bien fourni. 

On ne le comprends que vers la fin, quand on commence à voir qui Pico est vraiment lors du flashback qui vient expliquer son passé ainsi que celui de Vince et Brian Jay. Les trois compères se sont fait une promesse en étant plus jeune et il est possible que Pico s’en veuille encore pour quelque chose dont il n’était pas vraiment responsable.

Un nouveau personnage et une épreuve plus axée sur la réflexion que sur l’action, c’est le programme du onzième tome de Space Brothers. Pour le reste, la recette fait des miracles. On apprécie toujours autant les personnages et leurs traits de caractères particuliers et on ne peut que déplorer un temps de lecture aussi court !