Le Micmac de l’été #5 - C’est pour les enfants… mais pas uniquement !

/ Critique - écrit par OuRs256, le 03/08/2015

On démarre la semaine avec des titres qui s’adressent aux plus jeunes mais qui pourront aussi plaire aux plus âgés grâce à leurs thèmes bien traités et à un graphisme qui passe partout.


Animal Kingdom 9 & 10 (Ki-oon) : Taroza, le fils des âges farouches ; Taroza, plus vite que le vent !  

La Chose très subjective, ma série préférée chez Ki-oon en ce moment n’est autre qu’Animal Kingdom. Dans les tomes 9 et 10 du titre de Makoto Raiku, on commence à voir le début de la fin (il ne reste que trois petits tomes) avec l’assaut de la tour de Babel. 

Taroza et ses compagnons tentent de récupéré Riemu, capturée un peu plus tôt par Giller mais pour le moment, la tâche semble impossible tant les chimères qui leur barrent la route sont violentes. 

Le combat sera donc l’occasion de réfléchir un peu, sur ce qui a amené l’extinction de l’espèce humaine mais aussi sur le concept de création. Jusqu’où l’homme peut-il aller pour ne pas se sentir seul, pour ne pas se retrouver face à son propre destin ? Le désespoir de Taroza, mis face à face avec son impuissance est exprimée dans une scène particulièrement émouvante (le découpage, le format narratif aident bien) qui laissera difficilement les lecteurs de marbre. 

Animal Kingdom est une lecture plus complexe qu’il n’y paraît. Les plus jeunes y trouveront leur compte avec de l’action (les combats sont tous épiques dans ces deux tomes) et des bons sentiments (Taroza reste l’ami de tous et ses sentiments très forts sont diffusés en permanence via son lien psychologique avec les autres animaux) tandis que les adultes se pencheront plutôt sur le côté philosophique de l’oeuvre et sur la réflexion qu’elle propose sur des thèmes universaux. 

Kamisama 2 & 3 (Ki-oon) : Fées, poésie et magie. 

Kamisama est l’une des premières oeuvres éditées par Ki-oon en 2010. Il a même été traduit par les deux fondateurs de la boîte. Afin d’uniformiser leur catalogue mais surtout de le remettre un peu en avant (les moyens n’étaient pas les mêmes à l’époque), l’éditeur a décidé de le remettre au goût du jour avec des couvertures rafraîchies et leur nouveau format kids (une centaine de pages couleurs, pas de sur-jaquette…), l’autre série de Keisuke Kotobuki, Roji! sortant déjà dans un ouvrage adoptant ces nouvelles contraintes d’édition. 

Dans ces deux volumes, on suit les aventures d’humains qui rencontre des fées, de petits êtres qui tentent de rendre leurs vies un peu meilleures, de les aider. Chaque histoire n’a pas de lien avec la précédente (il y a un mini-fil rouge dans le tome 3 mais il reste anecdotique) et les recueils sont construits de sorte à ce que les plus petits puissent prendre n’importe lequel des trois volumes et lire l’histoire qu’il lui plait. 

Certains auront plus d’affinités avec certaines fées, d’autres préfèreront les couleurs ou le thème de telle ou telle histoire. A ce niveau là, c’est plutôt bien fait et bien pensé mais au final, on obtient une oeuvre assez pauvre d’un point de vue narratif. 

Au contraire, graphiquement, l’oeuvre de Keisuke Kotobuki est magnifique, le choix des couleurs et leur application sont très bons. Les tons pastels et l’absence de contours de cases (délimitées uniquement par l’arrêt du dessin et artificiellement par les couleurs) donnent à l’oeuvre un style proche de celui d’un livre d’enfant. Le peu de dialogue et la narration viennent aussi renforcer cet effet plutôt bienvenue compte tenu du public cible. 

Au final, Kamisama possède 3 volumes très courts pour une petite série enchanteresse. La série n'a pas le temps de s'éterniser et son format en histoires indépendantes permettra aux plus jeunes de se lancer sans avoir besoin de se soucier d'une quelconque chronologie. 

Lucika Lucika 8 (Ki-oon) : Moi aussi, je veux une fausse main ! 

La gamine endiablée de Ki-oon et d’Abe est de retour dans un huitième opus qui continue à repousser les limites de son espièglerie et de son imagination. Au programme de ce tome : de la glace carbonique, du shampoing, une encyclopédie, les soldes et des gants ! 

Même après huit tomes, l’auteur continue de déborder d’idées d’enfants et fait preuve d’une jeunesse d’esprit étonnante pour surprendre les enfants qui liront son oeuvre mais aussi les adultes qui apprécieront le côté mignon des réactions de la petite. Franchement, le coup des gants à la fin est vraiment bien trouvé. 

En fait, si dans les précédents tomes, l’imagination débordante de la petite Lucika (ou plutôt Kimika même si elle ne veut pas qu’on l’appelle ainsi) pouvait paraître souvent un peu trop psychédéliques, il semblerait qu’Abe revienne à des choses un peu plus terres et terres, beaucoup plus réalistes. Les cinq situations de ce volume aurait très facilement pu être vécues par n’importe quel adulte qui possède un jeune enfant. 

La glace carbonique qui fait des nuages, on l’a tous entendu au détour du supermarché ou autre magasin spécialisé comme Thiriez, non ? En tout cas, on sent une volonté de revenir à quelque chose de plus efficace, à des réactions plus naturelles et c’est assez réussi. 

Ki-oon nous propose une fois de plus une édition de très bonne facture avec un papier que je trouve particulièrement bien choisi pour des pages en couleurs. Il n’est ni trop lourd (ou luxueux) ni trop léger; il rend bien les couleurs, qu’elles soient vives ou sombres et surtout, elles ne transpercent pas ! 

Le huitième volume est bon, aucun doute là-dessus et on retrouve une série qui se rapproche de plus en plus de Yotsuba& ; l’auteur a bien capté la façon de vivre des petits et la retransmet avec un talent certain. 

Megaman ZX 1 & 2 (nobi nobi) : Megaman X Robots X Gentils enfants. 

Les adaptations de jeux sont toujours assez « casse-gueule ». En effet, et ça se comprend facilement, il n’est pas si facile que ça de changer la composante principale d’un jeu, à savoir que le joueur n’est pas passif. On se souvient tous des mauvais Assassin’s Creed chez Ki-oon et Devil May Cry 3 chez Kazé Manga ou des médiocres Zelda chez Soleil ou encore Ace Attorney chez Kurokawa… C’était pas la folie. Après, si on prend l’exemple de la saga Pokémon, une petite lueur d’espoir brille dans nos yeux. 

Megaman ZX, comme ce dernier, est un kodomo manga, un titre destiné aux plus jeunes. Graphiquement, ça se voit tout de suite. Si vous êtes adeptes de graphismes fins avec des personnages plutôt réalistes, passez votre chemin tout de suite, on est dans un graphisme type SD (Super Deformed) mignon assez rond qui ne se veut jamais réaliste. Le design des différentes armures de Megaman est plutôt réussi avec des spécificités qui utilisent bien les caractéristiques principales des robots vaincus (c’est le concept même de la saga Megaman où le héros s’approprie les pouvoirs des ennemis qu’il défait). 

Ces robots, le Megaman (ou Vent, c’est son vrai nom) de cette série les rencontre tous très vite. En seulement deux tomes, les auteurs (car Shin Ogino est en fait un trio) ont du accélérer leur histoire au maximum, ce qui fait que le héros se retrouve très vite avec tous les pouvoirs (alors que dans les jeux, c’est plutôt ce qui prend le plus de temps !). C’est bien l’un des gros points faibles du titre : la narration. 

Comme tous les titres estampillés kodomo, on a cette impression que tout va trop vite. Alors oui, c’est vrai que les enfants ont moins d’attention que les adultes et qu’il faut un rythme démentiel pour maintenir leur intérêt mais là, quelques chapitres de plus n’auraient pas fait de mal à une histoire que l’on sent passer beaucoup trop rapidement.

Autre bonne chose, ils ont pensé à intégrer les points de vie dans leur dessin. Les nostalgiques des barres de vies (style bâtons) seront donc ravis de les voir diminuer au fur et à mesure du combat. Ce n’est pas tout, on retrouve même la notion de « point faible » puisque certains monstres perdent plus de points de vie quand ils sont attaqués avec une armure particulière… comme dans le jeu !

En ce qui concerne l’édition, nobi nobi a fait fort. On a un ouvrage particulièrement réussi avec une jaquette qui brille de partout (elle a un effet métallique superbe), une police d’écriture bien choisie et qui change selon les nécessités. Le format un peu plus grand que la moyenne ne sera peut-être pas très confortable pour les mains des plus jeunes mais il est le bienvenue dans la mesure où il met bien en avant les scènes de combat. 

Je mettrais quand même un petit bémol au niveau de la traduction avec l’utilisation de certains termes peut-être un peu trop formels comme « déférence » par exemple. Je suis pas sûr qu’un enfant de six ans soit assez curieux pour aller chercher le dictionnaire afin de vérifier le sens. Il aurait peut-être été un peu mieux de simplifier certains termes afin de leur faciliter la tâche, le titre s’adressant (encore une fois) à un public assez jeune.

Au final, c’est une première incursion plutôt bonne dans un style qui se rapproche plus du shônen que du kodomo pour nobi nobi même si on reste globalement dans une oeuvre qui ne sort pas de l’ordinaire puisqu’elle respecte les codes jeunesse à la lettre. Par contre, si on considère l’adaptation du jeu, elle est, pour le coup, plutôt réussie. 

Pokémon XY 2 (Kurokawa) : « Moi je préfère rester tout seul… » (air connu) 

La morosité chronique de X n’aidant pas, son groupe a mis un petit moment avant d’arriver à Par— hum, à Illumis. Alors qu’ils rencontrent le professeur Platane, les héros seront redirigés vers Lysandre, le créateur de l’Holokit, qui s’avère un personnage particulièrement inquiétant… 

Comme dans le premier tome, on retrouve une histoire un peu à deux vitesses. D’un côté, les événements qui ne dépendent pas du groupe viennent donner un peu de patate à un récit principal qui est tiré en longueur par l’incapacité de X à changer. Le jeune garçon continue à bouder dans sa petite tente et refuse toujours toute aide extérieure. Heureusement, sa rencontre avec le professeur Platane va lui faire reprendre un peu ses esprits et surtout réaliser quelles sont ses véritables capacités de dresseur pokémon. 

Le plus intéressant reste cependant la rencontre de son groupe d’amis avec Lysandre. Il y a une tension particulièrement bien retranscrite par les auteurs qui expriment parfaitement la peur des jeunes gens face à l’aura d’un homme charismatique, expérimenté et à la limite de l’agressif. Alors que ce sentiment n’avait pas été particulièrement développé dans les précédentes itérations de la série (Red était optimiste comme pas possible, Rubis était carrément chic et Noir n’avait rien dans le crâne), c’est un petit vent de fraîcheur et de nouveauté qui vient souffler sur un deuxième tome de Pokémon XY au graphisme toujours impeccable.