Le Micmac de l’été #7 - « Je te survivrai ! » (air connu)

/ Critique - écrit par OuRs256, le 05/08/2015

Encore une fois, mon titre n’est pas particulièrement subtil mais on ne me paye pas pour ça. En fait, on ne me paye pas tout court (snif) mais il n’empêche ! Aujourd’hui, on a un peu de zombies, quelques jeux sympathiques et donc de quoi lire tranquillement.


Aphorism 1 & 2 (Pika) : « Aujourd’hui, y’a la moitié de ma classe qui est morte et on a tué des monstres aussi ». Un élève du lycée Naraka au téléphone avec sa mère.

Au lycée Naraka, tout à l’air normal sauf que Rokudo et Hirasaka vont vite se rendre compte que leur scolarité ne sera pas de tout repos. En fait, s’ils sont arrivés dans ce lycée, c’est pour une raison bien précise : ils sont capable de voir une île qui flotte dans le ciel. Cette dernière n’est autre que le déclencheur des « éclipses divines », des épreuves durant lesquelles leurs nerfs et leurs corps vont être mis à rude épreuve. 

Chose assez violente pour être notée, la toute première a lieu sans que les personnages ne soient au courant de rien. Le lecteur non plus d’ailleurs. Si on a pas été assez curieux pour lire des informations sur le titre ou la quatrième de couverture, le début du premier chapitre laisse penser à une série en milieu scolaire tout ce qu’il y a de plus banal. Eh bien, figurez-vous que ce n’est pas du tout ça. Après quelques pages, on nous présente une sorte de massacre qui ferait presque pâlir l’Oeuf pourri de Deadman Wonderland puisque plus de la moitié des élèves enrôlés en première année n’en réchappera pas… Oui oui, la série commence avec une sacré hécatombe ! 

Autre bonne note, les épreuves semblent être plus diversifiées que ce qu’on nous laisse imaginer de prime abord. Alors qu’on s’attendait à une succession de combats contre des monstres, on a le droit à une deuxième épreuve plus réfléchie et qui mettra aussi à contribution les cerveaux des élèves. 

Evidemment, on ne pouvait pas demander à de simples humains de survivre dans un tel chaos et c’est pour ça que les auteurs ont inventé un pouvoir assez particulier. Tous les élèves ont eu à choisir un kanji (ces caractères japonais qui, souvent, ont une signification propre) qui s’est tatoué sur leur peau (avec des petites modifications stylistiques) et qui leur confère une force liée à son sens. Par exemple, Hirasaka peut faire apparaître un sabre puissant de nulle part puisqu’elle a choisi le kanji « sabre ». Certains caractères étant des verbes ou des adjectifs, il y a matière à faire des trucs un peu plus intéressants, comme avec le personnage principal (mais je vous laisse découvrir par vous même).

Pour l’édition, c’est du standard Pika (même format que Noragami par exemple) avec un joli travail d’adaptation. Comme je le sais ? Eh bien, ça se sent dans le flot des répliques. Il y a un vrai effort sur du langage parlé et sur l’enchaînement des dialogues que l’on ne retrouve pas tout le temps, que ce soit chez Pika ou même chez un autre éditeur. Je n’ai pas non plus noté de faute d’orthographe (alors qu’à une époque, chez Pika, c’était un peu la foire), ce qui laisse augurer du bon pour la suite. 

Ces deux premiers tomes d’Aphorism signent un départ efficace même si classique. Il y a tous les ingrédients d’un survival manga : un vivier d’humains, des pouvoirs, des épreuves variées. Si Karuna Kujô ne tire pas trop son histoire en longueur (en même temps, il n’y a pas tant d’humains restants que ça), on pourrait avoir une petite série en une quinzaine de tomes plutôt sympathique. 

Crueler than Dead 1 (Glénat) : « Je suis une humaine ! Sortez-moi de là ! »

Que vous soyez sortis de chez vous ou non, vous n’êtes pas sans savoir que Japan Expo se tenait du 2 au 5 juillet et que les deux auteurs de Crueler than Dead étaient invités par Glénat. Krinein a eu l’occasion de les rencontrer et on vous garde leur interview pour le mois de décembre (parce que tout le monde sait que les zombies sont un beau cadeau de Noël). Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une raison pour ne pas vous parler du titre en lui-même. 

Graphiquement, Takahashi n’hésite à balancer du gore et à le faire bien (et dans le détail) ; ça découpe, ça mord, ça arrache, ça déchiquète… Bref, des choses normales pour un manga de zombies mais on voit très rapidement qu’il ne se met absolument aucune restriction. Pour certaines scènes, mieux vaut avoir l’estomac accroché d’ailleurs. Mention spéciale à la gestion du sang qu’il fait gicler avec une précision… effrayante. Il a du bien s’amuser en faisant ses recherches préliminaires, peut-être même qu’il a travaillé un peu comme les experts avec des simulations utilisant des objets gorgés de peinture. 

Impossible de ne pas remarquer non plus un intérêt marqué pour les doubles pages qui sont nombreuses et particulièrement réussies. On y a droit pour des actes héroïques de l’héroïne, une ruée de zombies mais aussi pour des scènes plus anecdotiques mais qui vient renforcer énormément l’ambiance angoissante et glauque de certaines parties du titre. 

Malheureusement, cette spécificité fait qu'on arrive très vite au bout des deux cents pages du titre. Quand on sait que le deuxième tome n’arrivera qu’en juillet prochain, on se dit que Glénat aurait peut-être du sortir le titre en une intégrale de 400 pages et inviter les auteurs à Japan Expo 2016. 

Au niveau de l’histoire, ne vous attendez pas à quelque chose de complètement fou. C’est classique mais il y a quand même un petit twist. Un virus a transformé toute l’humanité (bla bla bla bla) mais les auteurs passent complètement toute cette partie ! On commence dès le début avec une jeune fille qui ne sait pas qui elle est mais qui va vite apprendre qu’elle porte en elle l’antidote capable de sauver tout le monde. Le problème : elle doit l’apporter au Tokyo Dome… 

Ce petit changement par rapports aux titres habituels du genre vaut son pesant de cacahuètes. Plutôt que de nous refaire un énième descriptif de la situation, on est directement dedans et le fait que l’héroïne soit une ancienne zombie lui confère une force dantesque dont elle aura bien besoin pour se sortir des échauffourées (celles avec les humains comme celles avec les zombies). 

Pour l’édition, je n’ai pas trop compris pourquoi le titre n’avait pas le droit à une sur-jaquette. Il est imprimé dans une édition de la même taille que Jaco ou les éditions « perfect » de l’éditeur qui, eux, y ont eu droit. En tout cas, la grande taille fait plaisir, surtout quand on tombe sur des doubles pages. Les zombies nous sautent aux yeux tout de suite !

En réalité, quand j’ai commencé cette critique, j’étais sûr que je ferais une référence à The Walking Dead quelque part mais au je pense que je vais la garder pour celle du prochain tome, quand on aura tout en main et qu’on verra ce que les auteurs avaient en tête. Le premier volume reste donc sympathique mais pas révolutionnaire malgré quelques planches vraiment bien senties. 

Darwin’s Game 5 & 6 (Ki-oon) : Attrape-moi si tu peux !

Pour les mordus de suspense et de thrillers, il y a aussi de quoi faire avec les cinquième et sixième tomes de Darwin’s Game. On continue à suivre les joueurs qui tentent de récupérer les anneaux pour survivre. Le groupe formé par Kaname se montre un peu plus intelligent que les autres et commence à comprendre les finalités de l’épreuve. 

Evidemment, ça ne se fera pas sans affrontements et certains antagonistes possèdent des pouvoirs classiques (le feu, le bouclier) mais ils sont utilisés de manière étonnante. Le « maître du feu » qui combat contre le camarade écolo de Kaname ne va pas balancer des boules de feu à tout va mais va entourer son corps d’une sorte d’AT Field de flammes. 

Mention spéciale aussi pour les capacités du policier, c’est super bien trouvé et ça donne un combat très intéressant ! Je me demande presque si les auteurs ne se dirigent pas vers des combats intelligents à la Jojo’s Bizarre Adventure… Les auteurs en profitent aussi pour renforcer l’idée que personne n’est à l’abris et que chaque personnage peut mourir, ami ou ennemi.

Si le tome 5 a provoqué en vous une réaction du genre « Mais ils ont pas bientôt fini avec leurs anneaux ?! » (ça serait fou mais sait-on jamais), le tome 6 devrait vous faire plaisir. La fin de l’event arrive enfin et le coup de poker final de Kaname le met dans l’embarras. Ce dernier va un peu coiffer le chef du clan des Eighth sur le poteau et s’en faire un ennemi mortel.

Ce dernier possède un sigil qui lui permet plus ou moins de se téléporter instantanément mais aussi une garde personnelle, ce qui le rend très difficile à attaquer et lui permet de régner en maître sur son territoire. Les auteurs annoncent donc le futur ennemi à abattre et le vrai rival de Kaname dans la série. Alors que le jeune garçon utilisent toujours sa tête, One est plutôt du genre à utiliser la force, peu importe la situation. 

Cependant, les 3/4 du tomes mettent plutôt en place le nouvel arc de la série. Après ses exploits dans le jeu des anneaux et son coup de folie face à One, Kaname subit le revers de la médaille : il doit se cacher pour ne pas être tué par les associés du chef des Eighth mais il est aussi très occupé à créer son clan avec les alliés qu’il a rassemblé pendant l’event

De plus, sa victoire lui a rapporté un peu de gloire et d’autres cherchent maintenant à le rejoindre voire même à le forcer à les rejoindre. En tout cas, c’est un cheminement totalement différent qui commence avec une traque sans merci du jeune homme qui va devoir redoubler d’ingéniosité pour survivre. 

Avec quelques révélations sur le jeu en lui même et un nouvel arc qui renouvelle bien l’histoire, ce sixième volume de Darwin’s Game est à placer dans le haut du panier. Le jeu de survie prend une dimension sociale des plus intéressantes qui fait que, le Darwin’s Game, un peu comme la vie, doit se faire à plusieurs !

Dilemma 1 (komikku) : L’aile ou la cuisse ? 

Dernièrement, la mode est un peu « survival manga ». Le public en demande donc on lui en donne. Malheureusement, tous les titres proposés ne sont pas de qualité égale. C’est donc avec une certaine appréhension qu’on ouvre ce premier tome du nouveau komikku. Premier constat : le héros n’en est pas vraiment un. On l’a vu et revu cet anti-héros antisocial, banal et qui devient presque caractéristique de la victime d’ijime ou du futur hikkikomori (ces reclus qui ne sortent jamais de chez eux) du Japon moderne. 

Fort heureusement, ce qui est un peu plus original, c’est la situation dans laquelle il se trouve. Juste avant de rentrer dans sa nouvelle classe, il souhaite qu’ils soient tous mort et… c’est chose faite. Alors qu’il rentre, il remarque toutes leurs âmes au plafond et leurs corps sur le sol. Pour l’aiguiller dans cette situation, une sorte de déesse nommée Wabiko qui n’est pas sans rappeler Murmur de Mirai Nikki

Un peu à la manière d’un Jiminy Cricket (Pinocchio), Wabiko va faire en sorte que Yuzuru fasse des choix. Cette notion est un peu la clé de cette série puisque chaque épreuve est basée sur une décision que doit prendre le héros. Il n’a pas besoin d’avoir de pouvoirs, d’être fort ou autre, juste de choisir. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix puisque chaque épreuve se termine automatiquement par une mort. Cependant, on se doute que les personnes que Yuzuru ramènera à la vie pourront l’aider dans les futurs jeux, ce qui rend le choix un peu plus intéressant.

Pourtant, même à la fin du premier tome, le lecteur est laissé dans le flou, ce qui vient un peu ternir ce premier tome. Le personnage principal n’est vraiment pas attachant et tellement spécifique que toute identification est très difficile. Pour le reste, on ne sait pas grand chose. D’où vient Wabiko ? Pourquoi Yuzuru ? Quel intérêt ? Alors que dans un tome 1, on s’attend à avoir une bonne exposition de la situation, ce n’est pas encore le cas pour le moment. On ne veut pas tout savoir, loin de là, mais on aurait bien aimé une ligne directrice un peu plus nette.

Néanmoins, il y a un domaine où Dilemma fait très mal et c’est au niveau du trait. L’auteur possède un style proche de celui de Kei Sanbe (auteur de l’excellent Erased disponible chez Ki-oon) et… c’est vraiment joli, tout simplement. L’encrage varie selon la situation, renforçant l’intensité ou le danger d’une situation donnée, de même que le tramage qui vient donner de nombreux niveaux de complexité aux noir utilisé. 

Au final, la série tente de faire un démarrage à la Jeux d’Enfants, très rapide et marquant mais ça ne prend que très difficilement. C’est loin d’être mauvais mais c’est aussi loin d’être très bon, la faute à une narration qui s’attarde un peu trop sur les choix possibles que sur leurs possibles conséquences. Si les auteurs parviennent à développer cet aspect de leur série, la suite devrait être un peu plus intéressante.

Ladyboy VS Yakuzas 3 (Akata) : Une femme peut en cacher une autre… ou même un homme en fait…

Parler de survie sans parler de Ladyboy VS Yakuzas aurait été une grossière erreur. Parmi tous les jeux de survie et autres folies morbides, Akata a fait le pari d’un titre complètement à l’ouest pour notre plus grand plaisir. Pour Kozô, survivre, ce n’est pas vraiment échapper à la mort mais plutôt garder ses parties génitales… pour lui. Les prisonniers de l’île cherchent évidemment à l’attraper par tous les moyens, et ce, même s’ils doivent utiliser mais en réalité, Kozô se fiche un peu d’être blessé. Ce qu’il veut éviter par dessus tout, c’est de se faire violer. 

Le deuxième opus donnait à la série un ton un peu plus sérieux (passé l’effet de base, l’auteur a quand même une histoire à mener mine de rien), le troisième va réussir à lui donner une petite touche solennelle ! L’histoire de Lion, aussi triste soit-elle, reste l’histoire d’un tueur désaxé. Cependant, dans toute cette folie, elle va réussir à émouvoir Kozô qui s’est véritablement pris d’amitié pour celui qui l’a défendu bec et ongle pendant un bon moment dans la forêt. 

Le yakuza transformé en jeune femme commence donc à être à court d’idées pour se défendre et les autres détenus de l’île ont accès à de plus en plus d’informations sur son passé. Ils vont découvrir l’identité de son père et l’utiliser comme moyen de pression et ça ne serait pas étonnant qu’ils découvrent sa véritable nature et se retournent contre leur « employeur ». 

La fin du volume se veut un peu plus mystérieuse avec un Kozô épuisé qui s’écroule en pleine forêt sous l’oeil intrigué d’un de ses poursuivants. Le personnage semble las, épuisé par tant de fuite, la déception et la tristesse. Il semblerait presque qu’il ait abandonné l’espoir de quitter l’île, au grand dam de ses deux maitresses qui continuent à suivre ses souffrances sur grand écrans (et que l’auteur utilise souvent comme ressort comique). 

Ce troisième volume de Ladyboy VS Yakuzas continuent l’entreprise démarrée dans le second, à savoir qu’on a un peu moins de grand n’importe quoi mais un récit un peu plus dense et des personnages plus intéressants et plus développés. Sakurai n’a pas encore l’air décidé du sort du Kozô et devrait faire souffrir son protagoniste encore un petit peu histoire de faire « rêver » ses lecteurs.