Le Micmac de l’été #8 - Et si on parlait d’amour ?

/ Critique - écrit par OuRs256, le 06/08/2015

L’amour… Ce sentiment fou qui pousse les gens à faire n’importe quoi. Eh oui, comme le dis le proverbe : l’amour rend aveugle (sauf dans une émission de télé-réalité bien pourrie)… mais certains événements peuvent rendre la vue (le premier qui dit « le mariage » a perdu !). Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, je vous propose quelques lectures qui sauront vous faire rougir… ou pas.


Alice au royaume de Joker 2 & 3  (Ki-oon) : Folies amoureuses au pays des merveilles.

Le second tome d’Alice au royaume de Joker continue sur les bases posées par le premier tome. On se trouve clairement dans un univers différent des deux premières séries (ou du moins un monde parallèle) et la première donnée qui nous met la puce à l’oreille, c’est Alice elle-même. 

La demoiselle dessinée par Fujimaru est beaucoup plus proche de la jeune fille de bonne famille un peu sotte qui passe son temps à errer sans but de Lewis Carroll. Il faut dire que ça fait plutôt plaisir quand on voit ce qui avait été fait dans les deux premières saisons : une femme en proie au doute avec un harem personnel… 

Titre oblige, le Joker (qui ne pourra probablement pas être campé par Jared Leto, du moins, c’est ce qu’on me dit dans l’oreillette) a une place de choix dans ce deuxième tome, apparaissant un peu quand ça le chante, mystérieux et toujours déstabilisant. Difficile pour le moment de bien voir ce qu’il cherche à faire et surtout pourquoi il y en a deux avec une attitude dissimulatrice et maligne au possible. Espérons que les élucubrations amoureuses de la jeune fille ne finissent pas (trop) par reprendre le pas sur un titre qui a repris de bien belle manière (même si c’est un shôjo). 

Malheureusement, le troisième tome des aventures d’Alice dans un monde qui semble être chamboulé par Joker est très clairement en deçà du précédent au niveau de l’histoire. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’on retrouve cette femme insupportable qui doute, qui doute et qui ne sait pas ce qu’elle veut. Les auteurs semblent avoir abandonné l’idée de se rapprocher de l’Alice de Carroll et veulent plutôt revenir à leurs fondamentaux. 

S’ensuit une cascade de situations ridicules où les prétendants vont se succéder sans succès. Le jeu de séduction pourrait prendre (il ne faut pas oublier que le titre est adapté d’un jeu de drague donc l’auteur sait plus ou moins ce qu’il fait) si le personnage n’était pas aussi insipide mais surtout si Alice était capable de faire un choix. 

Heureusement que Joker relève un peu le niveau en continuant à semer la zizanie de manière fourbe, au moins la série peut se targuer d’avoir un méchant digne de ce nom même si, pour le moment, on n’a pas vraiment pu le voir vraiment à l’action. Par contre, le lecteur aura du mal à comprendre l’intégration de nombreuses scènes qui ne servent que de bouche-trous. 

Pourquoi nous bassiner avec ce genre de scènes du quotidien vues et revues dans les deux séries précédentes ? En effet, même si QuinRose et Fujimaru nous ont bien fait comprendre que le monde de Joker était un univers parallèle, ils ne se gênent pas pour faire de nombreuses références à ce qui s’est passé dans le Royaume de coeur et le Royaume de trèfles. C’est un peu la règle du jeu de drague, on vous donne des conseils quand vous le recommencez pour que vous ne tombiez pas sur la même fin et la façon dont cet élément a été intégré est plutôt bien pensée. 

Tout n’est donc pas à jeter dans Alice au royaume de Joker et ce, malgré la direction que prend le titre !

Magical Girl Site 1 (Akata) : Amour amical ou… ?

Kentarô Satô est de retour chez Akata mais pas forcément où on l’attendait. Alors que son autre titre, Magical Girl of the End est dans la collection WTF?! à juste titre, Magical Girl Site est un titre beaucoup plus « posé ». On suit les aventures d’une jeune fille qui n’a pas beaucoup de chance. Entre les harcèlements au collège, les brimades de son frère et le peu d’amour maternel qu’elle reçoit… On comprend facilement qu’elle soit intéressée en découvrant le site qui promet de faire d’elle une magical girl

Celle qui lui annonce sa sélection est… comment dire… super-angoissante. Elle apparait seule en plein milieu d’un fond blanc, elle qu’on croirait tout droit sortie de Ring. Pas sûr qu’elle ne soit pas une de ses soeurs éloignées… En tout cas, Aya n’est pas ce qu’on pourrait appeler un personnage assertif. Même une fois en possession de sa baguette, elle hésite beaucoup avant de vraiment utiliser ses pouvoirs. 

C’est sa rencontre avec Yatsumura qui va la faire changer, petit à petit. Satô la fait évoluer progressivement, de sorte à ce qu’elle soit prête au combat lorsque le danger arrive. Comme toujours avec cet auteur, les choses ne sont pas aussi simples qu’elles ne semblent l’être. Les deux collégiennes apprennent qu’un événement étrange appelé Tempest va chambouler leur monde… Comme si ça ne suffisait pas, une autre fille se met à chasser les magical girls pour leur prendre leurs baguettes. 

En réalité, la menace est omniprésente pour Aya et sa nouvelle amie. C’est d’ailleurs dans l’adversité que les deux jeunes filles vont apprendre à se connaître et à s’apprécier, de sorte à former une véritable amitié, chose qu’aucune des deux n’avait jamais connu. La complicité s’installe et, peu à peu, elles parviennent à utiliser leurs pouvoirs conjointement et de manière intelligente. 

Si vous vous attendiez à une autre série du style de Magical Girl of the End, vous serez peut-être un peu déçu. Kentarô Satô semble se concentrer beaucoup plus sur l’intrigue et moins sur le massacre dans Site. Le résultat est différent, plus grand public. Son talent pour disséminer de petits indices sur son scénario pendant les chapitres n’a pas changé et la façon dont est pensé cette nouvelle série laisse présager un développement qui pourrait être meilleur que dans la série originale. 

Il ne laisse évidemment pas de côté les scènes de baston qui restent assez dantesques mais qui virent moins au carnage que dans Magical Girl of the End. La raison ? Seules les détentrices de pouvoirs s’affrontent ! Plus question de vraiment fuir ici mais plutôt d’élaborer une stratégie pour gagner (j’en entends qui disent « Jojo ! Jojo ! » dans le fond). Magical Girl Site est une bonne surprise et pourra se lire soit en complément de Magical Girl of the End, soit en stand alone pour les plus récalcitrants à la boucherie de Satô. 

Au final, on se trouve en présence d’un premier tome intrigant pour le lecteur qui a lu l'autre série de l'auteur. Comment va-t-il lier ses deux séries ? Pour l'instant, le mystère reste entier !

My teen love 1 & 2 (Pika) : Confusion X Ami d’enfance

Dans My Teen Love, on suit Miu, une jeune fille sur le point d’entrer au lycée qui vit seule avec son père et dont les années collège ont été assez tristes suite au départ de son ami d’enfance, Keita. Alors qu’elle le revoit, certains sentiments refont surface…

Rien que là, comme ça, j’entends déjà les lectrices de shôjo un peu plus âgées hurler au scandale. Comme ce résumé succinct vous l’indique, la base de l’histoire est vraiment trop classique. Elle l’est tellement que je me demande comment l’auteure va réussir à nous proposer des situations originales avec un tel départ. En deux tomes, on enchaîne le déjà-vu (disponible en mieux - comprenez, en plus original - dans des titres de chez Pika comme Say I Love You ou même Le Garçon d’à côté) et il est vraiment difficile de s’attacher aux personnages.

Miu a un comportement de midinette. Elle ne sait pas trop ce qu’elle doit faire, comment elle doit réagir, son coeur se serre, elle regrette ses décisions passées… Bref, rien de très fou mais une galerie de sentiments à laquelle toutes les jeunes collégiennes pourront (peut-être) s’identifier mais ça n’ira pas plus loin. Il n’y a aucune complexité réelle dans la situation de Miu et tout pourrait être résolu par quelques discussions bien senties et l’auteure le prouve très rapidement… 

Alors oui, c’est un mini-spoil mais comme dans tous les shôjo, le personnage principal masculin finit par vivre une histoire avec le personnage principal féminin. Shizuki Fujisawa ne tarde pas trop à créer ce couple afin de les faire vivre de nombreuses choses. Avec les huit tomes qui composent la série, on comprend ainsi qu’elle va plutôt se focaliser sur la vie en couple que sur sa formation et ce n’est pas plus mal. On n’aura pas 3 ou 4 volumes où les héros se tournent autour et le récit pourra rester clair et efficace.

Les personnages de Fujisawa ne sont pas très larmoyants et s’expriment plutôt en hurlant. Après tout, pourquoi pas. C’est une manière de rebuter un peu moins le public masculin qui pourrait s’énerver à la vue d’un « personnage robinet » qui s’ouvre toutes les trois pages. L’auteure obtient ainsi une ambiance un peu plus attrayante où les héros sont plus portés sur l’avenir que sur le passé. Ils tentent toujours d’aller de l’avant et ce n’est que le manque d’originalité des situations qui vient un peu desservir le manga. 

Ce manque d’originalité, il est flagrant. C’était sous-entendu avec le pitch de départ mais c’est encore plus flagrant par la suite. Attendez-vous donc à avoir les malentendus habituels, les tentatives de rendre l’autre jaloux avec une autre fille/un autre garçon, le feu d’artifice lors d’un festival, le parc d’attractions, les « Je t’aime » en folie… Non vraiment, à ce niveau là, My Teen Love n’innove absolument pas. 

Graphiquement, ce n’est pas vilain pour du shôjo mais le trait n’a rien de transcendant. Aucun élément graphique ne se distingue d’un autre et l’auteure ne maîtrise pas mieux les trames qu’une autre mangaka shôjo. Avec un graphisme standard, il ne faut pas non plus s’attendre à une édition folle. On retrouve la même que pour Yona ou Le Garçon d’à côté chez le même éditeur soit un petit format classique qui ne mange pas de pain (au contraire, à 6.95 euros, il va falloir économiser sur les baguettes…) mais qui fait son office.

Deux volumes qui donnent la couleur très rapidement. Comme son nom l'indique, My Teen Love est plutôt un manga pour jeunes adolescentes, pas sûr qu'un autre public parvienne à accrocher. 

Orange 4 (Akata) : « Il faut sauver le soldat Kakeru ».  

Orange, ce n’est pas seulement l’histoire d’une tentative de sauvetage, Orange, c’est surtout l’histoire d’une relation. Qu’on le définisse comme un amour, comme une amitié très forte ou même simplement comme une simple complicité, le lien qui unit Naho a Kakeru est spécial. 

Alors que le tome précédent était assez triste, plutôt axé sur le désespoir de Kakeru vis à vis de la perte de sa mère (et par extension de tous ses repères du quotidien), Ichigo Takano revient à une narration plus lumineuse. Poussé par la peur de perdre celui qu’elle aime, Naho (avec l’aide de son groupe d’amis) va faire naître l’espoir chez le jeune homme. 

La fête du sport est un moment clé dans la vie du jeune homme puisqu’il va enfin se rapprocher réellement de celle qu’il aime. Les deux adolescents vont en profiter pour resserrer leur lien, continuer à se rapprocher peu à peu, étape après étape jusqu’à arriver au ***** (auto-censure !). 

Plus que leur simple relation, c’est tout le groupe qui se resserre. Ils n’ont toujours pas avoué à Kakeru qu’ils avaient tous reçu une lettre du futur mais tous sont au courant et partagent ce qu’elles contiennent afin de l’aider au mieux. Ichigo Takano faisant les choses bien, les informations sont complémentaires et c’est évidemment la mise en commun qui permet d’agir effectivement sur les événements les plus tragiques. Naho n’est plus toute seule et la différence est flagrante en ce qui concerne l’efficacité. 

Ce quatrième tome est plein de sourires, énormément, comme si l’auteur voulait compenser le ton assez sombre des premiers volumes. Le jeune Kakeru accepte enfin de partager son fardeau et décide de ne plus porter la mort de sa mère sur ses épaules. Il a trouvé un groupe d’amis à qui se confier, avec qui discuter, avec qui profiter de la vie. 

On peut dire qu’à travers Orange, Ichigo Takano nous donne une véritable leçon de vie : vivre seul, ce n’est pas possible. Pour apprécier pleinement le présent et le monde qui nous entoure, il faut le partager. Le message est beau, l’oeuvre est belle et elle s’adresse à tout le monde. Je ne sais même pas pourquoi vous n’êtes pas en train de la lire. 

Sun-Ken Rock 22 (Doki-Doki) : Parce que l’amour, c’est pas juste avec des jeunes filles en fleur. 

Boichi nous avait déjà fait quelques volumes avec des filles plus que dénudées mais là on est dans le soft porn puisqu’on assiste à l’union entre Ken et Yumin. Alors qu’il s’apprête à livrer son plus grand combat, le jeune homme peut enfin profiter  pleinement de ce qu’il a toujours voulu : un moment avec celle qu’il aime. 

Ken n’a jamais vraiment cherché le pouvoir, l’influence ou l’argent… Depuis le début, c’est pour taper dans l’oeil de Yumin qu’il tente de se faire un nom et de devenir un homme digne d’elle. La scène n’est pas traitée de manière vulgaire (ça aurait été étonnant de la part de Boichi de toutes façons) et l’auteur n’a pas hésiter à sublimer les courbes de Yumin dans des poses qui la mettent particulièrement en valeur (graphiquement, le trait de Boichi est juste divin : précis, rond comme il faut et d’un dynamisme complètement fou). 

Un volume sans trop de baston (il n’en est pas dénué non plus) mais qui fait presque plus plaisir qu’un énième volume d’entraînement (qui n’aurait servi à rien tant Ken est balèze !). On voit vers la fin  du volume qu’on va passer aux choses sérieuses et que le combat final va commencer.

Qu’est-ce qui se passe quand une force inarrêtable rencontre un object inamovible (spécial dédicace à mon ami le Joker) ? Espérons que le combat apportera une réponse à cette question !