5/10Un Monde Idéal - Les Contes du Villageois - Cycle 1

/ Critique - écrit par juro, le 20/10/2006
Notre verdict : 5/10 - Un monde idéal... mais lent (Fiche technique)

La Chine évolue, les mentalités aussi. Sa relative ouverture d'esprit au monde occidental nous permet d'apprécier les oeuvres de ses auteurs qui nous montrent souvent des personnages empreints de naïveté dans des univers manquant de maturité. Oubliez tout. Ce n'est pas le cas d'Un Monde Idéal, manhua au format BD signé conjointement par Chen Weidong et Chao Peng. L'itinéraire d'un jeune perdu dans un monde où l'on demande une performance progressive, oublier ces rêves et sa fantaisie, grandir trop vite. Tout ceci y transpire. Sauf que c'est lent, très lent à se mettre en route...

Détresse d'un raté convaincu

Un monde idéal
Un monde idéal
AYou est un jeune homme ordinaire... enfin presque. Sa petite taille le fait paraître plus jeune que la réalité. Son quotidien, c'est l'usine dans laquelle il exerce le métier de cariste. Bof ! Pas vraiment passionnant. D'autant plus qu'il est particulièrement malchanceux... Aussi, lorsque par accident il provoque une véritable catastrophe, il décide d'aller voir ailleurs, et de partir à la recherche du bonheur...

Tout à fait dans l'esprit de Lewis Caroll et de son oeuvre Alice au Pays des Merveilles, on sent un grand rêveur derrière l'esprit du personnage principal d'où une narration extrêmement consciencieuse de ses pensées. Le scénario montre un héros sans charisme qui va progressivement changer pour atteindre sa plénitude à travers une quête de soi. A mi-chemin entre le shônen et le seinen, ce premier cycle des Contes du Villageois montre la détresse et l'apprentissage pour s'aimer soi-même et réaliser ses rêves sans qu'une aventure extraordinaire ne soit conté. Juste la vie quotidienne faite des éléments récurrents de la jeunesse : petit job, voyage, moment de détente... mais le scénario met tellement de temps à trouver une ligne directrice d'intérêt qu'il en devient difficile de s'accrocher durablement à l'oeuvre. D'autant plus que les moments creux sont vraiment très longs...

Une lueur dans la grisaille

Les manhuajis ont pris le parti de développer l'intrigue dans une cité européenne faites de tuyaux apparents et de coloris au teintes sombres pour symboliser que le progrès prend le pas sur la vie humaine laissant derrière lui pollution, individualisme et gens blasés. Un ensemble qui a déjà été symbolisé dans les mangas et entré depuis plusieurs années dans les consciences collectives au travers de nombreuses oeuvres. Mais en fonction du contexte local, ceci prend une autre signification.

L'évolution graphique est assez étrange. Les personnages passent du bon au mauvais avec un trait empruntant soit au manga, soit à la BD européenne. Les changements se font sans prévenir, et lorsque l'ordinateur vient s'y mêler, cela donne un regroupement foutoir de tout ce qui peut se faire de pire et de meilleur dans le dessin. Hétérogène et difficilement résumable. La touche de couleur permanente apportée au dessin le rende un peu plus convaincant et finalement l'oeuvre est juste agréable à lire.

Les aventures d'AYou ne passionneront pas plus que cela, sans doute dû à un manque d'action et de rebondissements latents mais qui s'apprécie plus pour ses thèmes sous-entendus développés parfois avec une légère candeur mais plus souvent avec un regard critique sur la jeunesse d'aujourd'hui.