5.5/10Nambul

/ Critique - écrit par juro, le 27/03/2008
Notre verdict : 5.5/10 - La revanche des coréens (Fiche technique)

Tags : manga nambul jeunesse japon guerre livraison coree

Le manhwa polémique sur un conflit Corée - Japon. Une vieille rancoeur datant de la seconde guerre mondiale qui trouve encore un écho aujourd'hui...

Le lecteur averti de manga finira par croire que les Japonais sont une espèce en voie de disparition avec toutes les catastrophes qu'il s'infligent dans leurs bandes dessinnées. Rien qu'avec les catastrophes d'ordre naturel, les Nippons trépassent, notamment avec Spirit of the Sun dans lequel le monde se partageait les lambeaux d'un pays coupé en deux. Tous ? Non. Seul un petit pays n'a pas eu cette chance et il a bien décidé de résister en revisitant l'histoire avec Nambul. Un titre qui signifie Corée...

Invasion

Nambul (c) Kami
Nambul (c) Kami
Alors que la deuxième guerre du Moyen-Orient entraîne le monde dans une nouvelle crise économique, le Japon - dont les ressources pétrolières ont été coupées - décide d'envahir l'Indonésie, à la recherche de nouvelles sources. Des attentats menés par des japonais, entraîneront la Corée voire le reste du monde, à déclarer la guerre. Pendant ce temps-là, des tensions raciales éclatent à Tokyo, lorsque Hesung - le leader de la plèbe adolescente coréenne-japonaise - est filmé en flagrant délit par un journaliste de NHK, assassinant un yakuza de Tokyo.

Et si la Corée envahissait le Japon ? Pourquoi pas, même si on reste sceptique sur l'idée de départ grosse comme un paquebot qui revisite l'histoire en mettant en scène un Japon expansionniste de la guerre du Pacifique mais aussi deux pays largement développés et alliés économiquement aujourd'hui dans un climat de guerre incompréhensible au premier abord et quasiment médiéval au vue de la propagande ambiante qui s'en dégage mais dans une vision unilatérale (le contraire de Zipang en bref). Bien plus encore, ce sont surtout les oppositions qui se dégagent de Nambul qui posent question : deux frères aux destins antagonistes, deux femmes aux caractères opposés, un pays qui s'embrase contre toute attente tout en développant la peur de l'étranger en faisant des amalgames grossiers... Sur ce point, le manhwa a néanmoins le mérite de dénoncer la rancoeur existante dans le coeur d'une partie des coréens encore aujourd'hui. Pour le reste, le manhwa conjoint de Lee Hyun Se et Ya Sul Lok se montre rythmé, faisant la part belle à un diptyque houleux mais tout de même attrayant par son sujet inexploité. Les maladresses sont mal compensées par l'opposition des deux frères ennemis mais l'embolie militaire et les déclarations assassines amenant à la guerre engendre une tension palpable et aguichante.

Capitulation

Nambul ne peut laisser indifférent le lecteur averti, immédiatemment rebuté par le contexte géopolitique ou bien intéressé de voir l'évolution. La deuxième catégorie aura tout de même du mal à trouver son compte tant l'action se trouve centré sur l'histoire fraternelle et des valeurs de propagande nationalistes parfois poussés à l'extrême mais pas à l'extrêmisme. Beaucoup de foin a été fait autour du manhwa mais il convient de le dédramatiser et à le prendre comme un titre de fiction tellement les faits sont gros. De toute les façons, le nippon moyen est ridiculisé mais les pro-coréens ne dégagent pas une meilleure image derrière leur violence et leur philosophie sous la ceinture.

Graphiquement, Nambul ne conquiert pas. On reste sur sa faim à la vue du dessin de Lee Hyun Se tellement le trait sonyung et le manque de proportions semble manquer de finesse. Au rayon des points réjouissants, il est tout de même intéressant de noter une variété de personnages importante, un sens du détail et du remplissage intéressant drapé dans une mise en valeur perpétuelle de ses créations.

On ne fera pas de Nambul le manhwa de la dernière décennie (qui peut détrôner Priest ?) mais il touche à une corde sensible de l'Extrême-Orient. Pourtant, trop mal traité pour être réussi, le manhwa perd de sa superbe dès le début pour ne jamais se rétablir sur ses pattes. On n'y verra qu'un avertissement et une rancoeur comme une sorte d'éclairage inavoué sur un conflit silencieux...