Naruto The (not so) Last (movie) - Dernière incursion dans l’univers de Kishimoto ?

/ Critique - écrit par OuRs256, le 18/05/2015

Annoncé comme une conclusion, le dernier long-métrage tiré de l'univers de Naruto ne l'est pas vraiment même s'il apporte une sensation de clôture aux lecteurs de la première heure. Retour sur les "derniers" instants du ninja sur le grand écran.

Naruto The (not so) Last (movie) - Dernière incursion dans l’univers de Kishimoto ?

Ce dernier opus scénarisé par Masashi Kishimoto et mis en scène pas Tsuneo Kobayashi trouve sa place entre les chapitres 699 et 700, derniers chapitres écrits par auteur qui ont mis un point final (?) à la série en novembre dernier (au Japon seulement, les derniers tomes ne sont encore pas arrivés en France). Ce film reprend l’histoire du village de Konoha, deux ans après la quatrième grande guerre des ninjas. Naruto s’apprête à célébrer la fête de l’hiver entouré d’Hinata et de ses amis. Soudain, une météorite déchire la nuit de son intense lumière et voilà que la lune se rapproche anormalement de la Terre. Le Conseil des Kage se réunit en urgence face à cette menace de destruction de la planète. Pour Naruto, Sakura, Shikamaru, Saï et Hinata, le compte à rebours pour sauver la planète a commencé...

Après avoir suivi le manga de l’auteur pendant près de quinze ans – et être resté sur notre fin après des dernières pages intenses – on attend forcément une suite épique. On en veut encore plus quand on sait que le film est supervisé par le maître lui-même et qu’il est diffusé sur grand écran, on espère quelque chose d’autant plus ambitieux. Cependant, quelques déceptions sont au rendez-vous.

Tout d’abord, le scénario est un peu léger mais surtout, il fait appel à du vu et revu. Ce n’est en effet pas la première fois que l’on voit un psychopathe sortir d’un clan inconnu avec une idée en tête : détruire la terre pour préserver la paix dans le monde, et recommencer à zéro. En plus d’être une pâle copie de Kaguya, notre grand méchant Toneri Ôtsutsuki, qui ne restera pas dans les annales, ne se montre vraiment qu’après quarante minutes de film. Le reste du temps, il envoie des marionnettes à sa place et n’entre en action que dans les trente dernières minutes du long-métrage. 

En plus d’avoir un film long à démarrer, les scènes se répètent énormément sous forme de flashbacks. On obtient ainsi les même scènes avec une petite suite à chaque fois, ce qui casse un peu le rythme du film. Même si le méchant Toneri, petit-fils de Kaguya, a pour but de détruire toute trace de shinobi sur terre, l’auteur tient à nous montrer que ce personnage sans charisme n’est qu’un méchant de second plan. En réalité, il veut conserver un enjeu humain au premier plan : l’amour. Pendant plus d’une heure, Hinata tente d’avouer ses sentiments à Naruto qui, lui, n’y comprend rien et confond l’amour qu’il a pour les bonbons à celui qu’il porte à Hinata. Au fur et à mesure, Naruto va se rendre compte de ses sentiments pour elle, mais, petite touche d’humour, il sera trop tard et se fera larguer, et partira en dépression. Même si les scènes se veulent assez romantiques (comme le démontre toute l'imagerie présente dans les décors : paysages à fleurs de rose, musiques charmantes...), les dialogues des personnages ne sont pas assez travaillés, ce qui nous fait ressentir un manque de sincérité et de sentiment. Si cette partie du scénario avait été mieux travaillée, les deux heures de film se sentiraient beaucoup moins...

En ce qui concerne le positif, on peut noter que les combats restent toujours aussi dynamiques, comme d'habitude avec Kishimoto. Leur fluidité, accompagnée de musiques très entraînantes mais aussi d’explosions et de ninjas qui sautent partout donnent un rendu particulièrement plaisant. On y trouve aussi une bonne dose de nostalgie alors que l'on revoit l’évolution de tous nos personnages préférés deux ans après la guerre, même si ces derniers sont un peu effacés par l’histoire d’amour entre Hinata et Naruto vers la fin. Enfin, pour les fans de Sasuke, une apparition éphémère de quinze secondes vous mettra l’eau à la bouche pour pas grand chose !

Le début du film résume en noir et blanc ce qu’il se passe dans les chapitres précédents grâce à de belles images, on est rapidement replongé dans l’histoire et on retrouve cette envie de connaître la suite. Bien qu’un peu spoiler pour ceux qui n’ont pas lu les derniers chapitres mais aussi ceux qui suivent l'anime, ce départ vient plus ou moins mettre au même niveau les fans de la version papier et ceux de la version animée. Cette séquence apporte aussi des interrogations sur le public ciblé par le film. Trop avancé pour vouloir attirer les accros à l'anime, pas sûr que tous les fans du manga de Kishimoto rappliquent directement et vu la faiblesse du scénario, pas sûr qu'ils restent non plus si jamais ils s'étaient laissés tenter.

Le combat final, même s’il est assez rapide, il n’en reste pas moins admirable, avec un combat sur deux plans : un Naruto qui se reprend en main et qui balance des rasengan à tout va comme on les aime et son bijuu Kurama qui se donne aussi à fond de son côté. Visuellement le film vaut le détour. La qualité des scènes d’action et le travail des dessins sont tout simplement sans précédents pour la série, avec un design délicieusement épuré et un style de personnages totalement cohérent avec les précédentes ébauches de Kishimoto.

Finalement, même si le film n’est pas forcément adapté à sa sortie française (que l'on peut presque qualifier de précoce), en particulier à cause de sa position dans  l'oeuvre de l'auteur (notamment sur la bataille finale Naruto/Sasuke). Naruto The Last reste pourtant très plaisant à regarder pour les fans de la série et c’est sur la relation entre Naruto et Hinata – où tout est bien qui finit bien – que l’auteur nous propose de dire adieu à notre héros blondinet. Néanmoins Masashi Kishimoto ne nous laisse pas sans rien car on peut d’ores et déjà retrouver notre Naruto dans Naruto Gaiden, accompagné de son fils Boruto, qui sera le héros... du prochain film ! Ce ne sera donc pas un adieu mais plutôt une ère qui se termine afin de laisser place à la jeunesse, comme le dirait notre cher Gai-sensei.

Article rédigé par Nissim Assaraf, édition par Salomon Ifrah (@Krinein_Ours256).