Artsonic - Interview

/ Interview - écrit par Loic, le 21/05/2003

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C'est pendant le festival Le cri de la tour à Voisins le Bretonneux que nous avons eu le plaisir de rencontrer Boris, l'un des membres fondateurs et bassiste d'Artsonic, et Edgar, la nouvelle recrue, ex batteur de Lofofora. Nous leur avons posé ces quelques questions :

Krinein : Le packaging du nouvel album, les logos et votre site Internet ont un look très "communiste". J'imagine que c'était volontaire ?
Boris : Oui c'était un peu voulu, on a beaucoup réfléchi sur l'univers de l'album, le rouge et le noir, c'est plus les couleurs de la révolution que du communisme, donc on a bossé là-dessus. T'as eu le digipack ?

Oui.
B : Sur cet album on a eu envie de faire quelque chose, surtout que sur le troisième album, Fashion Victim, on a fait le packaging un peu à la va-vite, il y a la pochette et c'est tout, à l'intérieur t'as rien. Alors qu'on accorde pas mal d'importance au coté visuel. On a donc été un peu vexé du précèdent, alors pour celui-là, on voulait faire un gros truc, un digipack, t'as vu, il est super beau, et on a eu la chance que NTS ait accepté, bon parce que ça coûte cher à mettre en place, mais ils ont bien voulu jouer le jeu c'est ce qui donne un superbe digipack, l'un des plus beau je pense.

En parlant de NTS, j'imagine qu'ils vous ont apporté un peu plus que de pouvoir faire un beau digipack ?
B : Tu vois, on est passé de la case major à un label indé, une beaucoup plus petite structure, et nous on se sent mieux dans ces structures-là. Je prends un exemple. On est reparti en studio pour enregistrer des versions françaises et des versions acoustiques qui sortiront en septembre ou octobre. En fait, c'était Olivier Garnier, le responsable du label qui voulait qu'on fasse des morceaux en français et on était tous d'accord, alors un jour on est allé le voir dans son bureau, on lui a dit que dans 15 jours on était prêt, il a fait bon OK, on réserve le studio, et 15 jours après on enregistrait. Dans une major tu vois, ça on peut pas.

Et pour les nouveaux titres en français, comment pourrons-nous les trouver ?
B : Pour ceux qui ont déjà le digipack, il y aura la possibilité d'acheter un EP qui aura 8 ou 9 titres et qui sera vendu pas très cher. Et ils vont également ressortir le Hacktivist avec ces 8 ou 9 morceaux en plus. Comme ça pour ceux qui ne l'ont pas encore, ils pourront directement acheter un disque avec plus de 20 morceaux. Il y aura les deux solutions pour ceux qui ont déjà Hacktivist et pour ceux qui ne l'ont pas, et qui l'auront peut être découvert par le biais des morceaux en français.

Vous ne craignez pas qu'à défendre trop de causes différentes, dans vos textes, ou sur les liens présents sur votre site Internet, vous perdiez toute crédibilité ?
B : Ah, c'est à double tranchant c'est sûr, mais bon nous on a besoin de ça, et on a toujours eu besoin de ça, de faire de la musique, mais de faire passer en même temps un message, après bon, on arrive peut être pas toujours à le faire. Ce qu'on veut faire, c'est soulever des questions par rapport à la société dans laquelle on vit, de faire réfléchir les gens, qu'ils lisent nos textes, mais on ne veut quand même pas donner de leçons, c'est pas du tout notre but. Mais par rapport aux liens, je trouve ça intéressant quand tu vas sur Internet, ça peut te renvoyer sur d'autres liens, après t'en fais ce que tu veux, t'es pas forcément d'accord avec tout ce qu'on dit. C'est juste pour élargir un peu le panel.
EDGAR : Moi je pense que les paroles engagées, dans ce qui est artistique, musical, le côté engagé, sur des vrais textes c'est quand même un peu plus intéressant. Enfin, moi j'aime bien les Beatles, mais bon, il n'y a pas de soucis, mais bon après, Yellow submarine... c'est vrai quoi !
L'engagement après dans des textes français, Léo Ferré, Jacques Brel, c'était des chanteurs engagés ! Enfin bon, Sylvain il fait de l'anglais, mais bientôt du français pour les chansons qui sortiront à la rentrée, on sent un vrai côté engagement, c'est intéressant d'aborder ces sujets, pas politique parce qu'on est pas des politiciens non plus, on fait pas trop de politique, mais bon, je suis allé voter l'année dernière, c'était la première fois de ma vie que je votais, mais je me suis dit, faut que je vois ce que ça donne. Mais, pour revenir sur les textes, je suis assez fan, j'étais dans Lofo avant, et c'était aussi pas mal engagé, et Artsonic ça reste aussi engagé. Enfin, après tu peux faire du reggae et chanter l'amour et tout ça, pourquoi pas mais c'est vrai que c'est pas la même ambiance, ambiance festive, c'est plus pareil. Si on fait ce style de musique, c'est qu'on aime bien ce coté-là, provocateur, faire réagir le peuple quelque part ! De toute façon je pense que c'est ça, la provocation et faire réagir.

Beaucoup de gens encensent votre nouvel album, mais crachent en même temps sur ce que vous avez fait précédemment (en disant notamment qu'Hacktivist est votre premier véritable album). Cela ne vous dérange pas ?
B : Si un peu, parce que notamment je pense que Fake est un super album aussi, mais qui est passé plus inaperçu, parce que c'est un album plus sombre, et qui accroche moins à la première écoute, je pense qu'il faut plus rentrer dedans. Mais bon, entre Fashion victim et Hacktivist, je pense qu'Hacktivist est beaucoup plus accompli, je pense que tous les morceaux sont bons. Et ces morceaux, ça fait deux ans qu'on les joue, qu'on les écoute, et on s'en lasse toujours pas, je pense que c'est vraiment un bon album. Après, notre premier album, il date de 97, on n'écoutait pas la même chose, on n'avait pas les mêmes influences, on avait moins d'expérience aussi, donc il y a des choses moyennes, mais bon, l'énergie est quand même là. Faut remettre les choses dans leur contexte. Après, c'est comme pour n'importe quel groupe, regarde Metallica, t'écoute Kill'em all, il n'y a pas la production mais l'énergie est quand même là, et ça le fait quand même.

Certaines paroles de vos chansons sont en français alors que le précèdent était entièrement en anglais. Pourquoi ce changement ?
B : On avait envie parce que tout simplement Sylvain le sentait bien sur cet album, et il y a des passages ou le chant est beaucoup plus scandé, alors ça se prêtait bien à du français, mais je ne pense pas que c'était calculé, c'est venu naturellement, et je pense qu'il y aura de plus en plus de français dans nos textes, c'est pas impossible par exemple que le prochain album soit tout en français, ou une grosse partie.

Mais chanter en anglais ça permet une ouverture vers l'international.
B : Oui, c'est pour ça qu'on a toujours chanté en anglais d'ailleurs. On a toujours eu des contrats internationaux. On va par exemple jouer prochainement en Italie.

En ce moment, on entend beaucoup parler de la réforme du statut d'intermittent du spectacle. J'imagine que vous vous sentez concernés ?
B : Oui, on se sent pas mal concernés, on est des intermittents. Je pense qu'en France on est le seul pays à avoir ce statut-là. C'est en partie pour ça que la France est reconnue dans le monde entier pour sa culture. Et je pense que le gros problème est que les gens ont un peu l'image des intermittents comme étant des gros glandeurs. Quand tu dis au gens que tu touches les Assedic alors que tu ne travailles pas ça ne leur paraît pas normal. Mais ce qu'il faut que les gens comprennent c'est qu'un artiste, quand il fait ses repèt', il n'est pas payé, et il faut bien qu'il y ait quelque chose qui le rémunère, et c'est pareil pour tous les techniciens de théâtre par exemple. Quand les gens vont voir un spectacle, il y a toute une organisation derrière, ça ne marche pas tout seul. Alors, la réforme, évidement qu'on est contre, et si elle passe, on risque de voir disparaître pas mal de petits groupes et de petites compagnies.

Vous avez mis un certain temps avant d'enregistrer Hacktivist, et vous avez eu quelques problèmes (départ du batteur...). L'avenir d'Artsonic a-t-il été en danger pendant cette période ?
B : Non, il n'y a pas eu de remise en question. C'est juste que Pierre est parti, mais on a retrouvé un batteur assez rapidement, Sébastien, qui a enregistré l'album. Mais on a juste mis plus de temps pour composer Hacktivist, alors qu'on avait enregistré Fashion victim très rapidement. Sur Hacktivist, il y a des morceaux qui ont maintenant presque deux ans, et on a beaucoup plus travaillé la compo. On a eu plus de temps, on a fait des post prod. Donc forcément de l'extérieur, il y a eu une phase plus longue où on ne parlait pas de nous parce qu'on était en train de travailler. Il n'y a jamais eu des questions comme « est-ce que le groupe va splitter ». On était juste en coupure avec l'extérieur.


Nous remercions tout particulièrement Boris et Edgar, ainsi que les organisateurs du festival qui nous ont permis de réaliser cette interview.