Premier regard sur Le Berceau des mers et The Ancient Magus Bride - L'Angleterre en tête d’affiche chez Komikku

/ Critique - écrit par OuRs256, le 12/06/2015

Fin avril, le jeune éditeur sortait Cradle of the Sea, en proposant une édition unique à la France avec des pages couleurs. Ce titre de Mei Nagano avait tout pour plaire : un cadre sympathique , un trait léché et un premier tirage exclusif. On va voir s’il tient toutes ses promesses. Alors que Japan Expo approche, les éditions komikku ont annoncé leur présence mais aussi leur invitée d’honneur : Kore Yamazaki. L’auteur de The Ancient Magus Bride sera présente en dédicace et viendra parler de son titre à tous les petits curieux qui seront venus la voir. Krinein en profite pour vous présenter son travail ou du moins ce que l’on peut en voir avec le premier tome.

Premier regard sur Le Berceau des mers et The Ancient Magus Bride - L'Angleterre en tête d’affiche chez Komikku
Dans l’Angleterre de la révolution industrielle, Monica, une jeune fille pauvre, est engagée comme femme de chambre dans la grande villa d’un riche gentleman, qui lui donne pour mission de veiller sur Evan, son nourrisson. Mais suite à la disparition en haute mer de son protecteur, Monica est chassée de la villa, et doit retourner vivre dans les bas-quartiers. Un an après ce revers de fortune, Monica retrouve le petit Evan et découvre avec stupeur que la tombe de son ancien maître est vide. Remplie d’espoir que son bienfaiteur est encore en vie, Monica décide de se lancer à sa recherche et embarque sur un bateau à vapeur avec Evan dans les bras. Mais l’aventure semble semée d’embûches…

J’ai décidé de commencer par Cradle of the Sea (oui je vais utiliser le titre anglais la plupart du temps, il est plus simple à taper au clavier) histoire de faire monter un peu la pression sur le titre de l’auteur invité. Oui, c’est très égoïste comme décision mais bon ! Avec seulement deux tomes parus au Japon, l’oeuvre de Mei Nagano fait partie des titres qui me font peur, tout simplement parce que je déteste attendre ! Avec un rythme de parution pareille, on se dit qu’on va vite être à court de matériel… Enfin bref. Première constatation : c’est super beau. Le trait n’a rien a envier aux meilleures productions actuelles comme en témoigne la magnifique couverture et les nombreuses double-pages, toutes plus belles les unes que les autres. Le souci, c’est qu’on est quand même beaucoup dans la contemplation. La mise en place est (trop ?) longue dans ce premier volume et l’auteur prend son temps pour développer le lien entre Monica et Evan. Entre le moment où l’héroïne stoppe de pleurnicher et prend sa décision, il se passe… environ deux tiers du volume. Par contre, une fois motivée, plus rien ne l’arrête et elle ne recule devant rien pour protéger le gamin. Au moins, on ne pourra pas dire que le changement a été brusque tant elle prend le temps de la réflexion. On apprécie le cadre pas banal du bateau à vapeur, vaisseau imposant, résultat des initiatives d’une Angleterre au sommet du monde maritime. L’auteure a dû parcourir de nombreux ouvrages de références pour arriver à un tel niveau de détail dans le dessin mais aussi dans les termes techniques utilisés lors du petit voyage en salle des machines. Je vais conclure avec une évidence mais… c’est beau ! Mei Nagano est une excellente dessinatrice qui parvient à attirer le lecteur avec des planches magnifiques. Maintenant, il ne reste qu’à savoir si l’histoire sera assez riche pour le garder prisonnier. Compte tenu de la longue mise en place, on se doute que l’artiste a de nombreuses choses à nous raconter.

Chisé Hatori a 15 ans. Elle n’a ni famille, ni talent particulier, ni aucun espoir dans la vie. Un jour, elle est vendue à un sorcier, un non-humain dont l’existence remonte à la nuit des temps... Il la prend sous son aile pour faire d’elle sa disciple et lui annonce qu’à terme, elle deviendra son épouse. Alors, les aiguilles qui semblaient à tout jamais figées dans son cœur se mettent à tourner de nouveau, petit à petit...

Vous l’attendiez ? Eh bien voilà, on y est. The Ancient Magus Bride est un titre étonnant sur bien des points. Le dessin possède un charme suranné, presque venu du passé. Comparé à de nombreux manga modernes, certains détails nous font penser que Kore Yamazaki n’est pas une grande fan de tablettes graphiques et autres outils numériques. En effet, certaines planches possèdent un effet crayonné  un peu à la manière de Gundam : Ecole du Ciel que j’affectionne tout particulièrement. Les personnages ont un design bien pensé. Chisé est une fille complètement banale physiquement et contraste énormément avec Elias, géant à la tête de Minotaure tout droit sorti du salon d’un riche ! Malgré son aspect « monstrueux », le jeune homme sait mettre la manière. Il ne brusque pas Chisé, au contraire, il lui montre qu’elle a encore de nombreuses raisons de vivre. Eh oui, c’est peut-être le seul cliché de ce premier tome mais on a le droit à une héroïne à la Twilight (cette insulte !). Je vous rassure tout de suite, Kore Yamazaki tue la comparaison presque aussitôt. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort et de chouiner en permanence, Chisé va prendre les conseils d’Elias et se montrer forte et déterminée à changer. Son statut de slay vega reste encore mystérieux mais on se doute bien que si Elias l’a achetée, c’est que cette « prédisposition » à la magie va s’avérer capitale dans le futur. Cette « capacité » est partie intégrante de l’univers mis en place par l’auteure. Elle n’hésite pas à le développer à chaque fois qu’elle peut, créant ainsi une mythologie qui lui est propre. Les personnages qui peuplent ce monde magique ont un petit côté très anglais (le nom de famille d’Elias est Ainsworth). D’ailleurs, Kore Yamazaki n’hésite pas à emprunter bon nombre de choses à la vie à l’anglaise (mais ça, je le garde pour une prochaine critique), ce qui donne au manga une saveur toute particulière. En fait, je finirai ce petit aperçu en disant tout simplement que The Ancient Magus Bride mérite très probablement son million de ventes au Pays du Soleil Levant. La série fait un très bon départ en posant un univers déjà très complet et en nous offrant des personnages qui ne sont pas du tout caricaturaux et donc, en résumé, de quoi nous proposer de belles heures de lectures dans le futur (même si je pleure déjà pour le rythme de parution).

Deux titres, deux univers complètement différents mais qui se rejoignent de manière conceptuelle dans leur façon d’utiliser l’île située Outre-Manche. Même si les deux titres n’en sont qu’à leurs balbutiements, on sent les similitudes et ce qui a poussé komikku à les intégrer dans leur logique éditoriale. Quoi qu’il en soit, on ne manquera pas de vous en reparler un peu plus en détail quand 3 ou 4 tomes seront sortis.