6/10Real Lies

/ Critique - écrit par Kei, le 28/02/2006
Notre verdict : 6/10 - True lies (Fiche technique)

Tags : real lies paris unreal life manga sarl

Décidément, les receuils de nouvelles venues d'asies fleurissent sur les étalages des librairies francaises. Après Nouvelles, Kinderbook, Sur la Nuit, ou plus récemment Hanashippanashi, c'est au tour de Real Lies d'être édité en france, par Gochawon.
Real Lies
Real Lies
L'édition ne déroge pas à la règle : le public visé est plus adulte, les nouvelles sont d'un genre moins accesible, on a donc droit à un grand format, pour notre plus grand bonheur. Le papier n'est pas de la meilleure qualité, et l'impression bave quelques fois, mais ces deux défauts sont liés, et largement compensés par les premières pages du volume, en couleur et sur papier glacé, qui sont simplement superbes. En trois pages couleurs, l'auteur donne le ton général de ses nouvelles : anticipation, amour, mensonge et bêtise !

Real Lies regroupe trois nouvelles de Lee Si Young, ayant toutes un fond fantastique ou de science fiction. La première raconte une histoire d'amour entre une jeune femme désabusée, voir cynique, et un jeune policier, le "dernier des romantiques". Dans cette nouvelle, le caractère fantastique n'est pas affirmé, et tombe comme un cheveu sur la soupe. A l'image des premières lignes de l'histoire : Quand il me parlait, il était toujours heureux, mais il a disparu fin 1999. A cause de lui, le monde peut disparaître, je ne regretterai rien. C'est pourquoi les habitants de la terre, qui sont si faibles et si stupides, attendent tous la conquète de la terre par les martiens.
Vous ne voyez pas le lien ? Vous le verrez après avoir lu cette histoire, mais il est très tiré par les cheveux. Rassurez-vous, les deux autres petites histoires sont bien meilleures, et leur scénario est non seulement mieux construit, mais aussi plus original et plus crédible.

Après Conquète de la terre par les martiens (le nom de la première nouvelle) vient Est-ce vraiment impossible ?. Dans un monde lointain (dans le temps), les hommes ne sont que des clones, et seules quelques "vraies filles" ont survécues : elles sont treize et sont le dernier reste d'humanité "non trafiqué". Les hommes sont divisés en classes, les dominants d'un coté, qui pourront tenter de se reproduire avec les filles, et les autres. Chez ces derniers, se travestir n'est pas un tabou, ni même une honte ou quoi que ce soit. Cela fait partie de la vie de tous les jours, puisqu'ils ne pourront jamais approcher une fille. On suit un jeune dominant, maniaque des filles, qu'elles soient "vraies" ou "fausses" (ce sont les termes du manhwa), dont le seul vrai problème est son coté fleur bleue.
Le monde fait un peu penser au Meilleur des Mondes, mais en grattant un peu, on se rend vite compte qu'il ne peut pas tenir plus longtemps que les 80 pages de la nouvelle. Ceci dit, on n'en demande pas plus. L'histoire est sympathique, mais comme pour la permière nouvelle de ce receuil, la fin et son Deus Ex Machina parait vraiment parachutée.

Et pour finir, Une histoire de science fiction. Cette dernière histoire est incontestablement la meilleure du lot, et sa fin n'est pas improbable ou parachutée, mais est une vraie chute, une de celles qui nous font relire la nouvelle sous un jour différent. Une histoire de robots, avec un personnage principal attachant, des gags gentillets, une vraie fin. Je ne m'étendrais pas a son sujet, pour vous laisser un maximum de surprise. C'est la seule nouvelle de ce volume qui vaut vraiment le détour, les autres étant assez quelconques.

Real Lies souffre de plusieurs défauts, dont le plus gros est sans doute le manque de maîtrise dans la narration. A part dans la dernière histoire, on nous annonce des choses incroyables sans que le lecteur n'éprouve quoi que ce soit. Un sourire moqueur se dessine même assez souvent sur le visage quand on voit où l'auteur voulait nous mener. L'auteur n'arrive jamais à créer une ambiance dans son manhwa, et le lecteur reste complètement détaché de l'histoire.
Il faut dire que le dessin a du mal aussi à fixer l'ambiance. L'auteur use et abuse des codes du shôjo, tout en utilisant à outrance le SD.

Si vous aimez le shôjo, ces nouvelles devraient vous plaire. Si vous êtes un fan de SF, Real Lies vous décevra sans l'ombre d'un doute. Si vous adulez le genre de la nouvelle, vous resterez sur votre faim. Real Lies est un manhwa sans grande ambition, mais assez divertissant si vous aimez le shôjo.