6/10Le Repos de la Baleine

/ Critique - écrit par juro, le 24/08/2007
Notre verdict : 6/10 - Poésie surréaliste (Fiche technique)

Une nouvelle oeuvre chinoise débarque pour un bilan mitigé.

Jian Zou représente un nouveau nom de la vague d’auteurs de manhuas débarquant à grands coups de one-shot dans nos vertes contrées arrosées. Pour se protéger des averses, sortez vos parapluies avec leurs baleines bien courbées et reposées. Ça n’a rien à voir mais Le Repos de la Baleine ne traite pas ni de baleine, ni de beau temps. Voici tout simplement une courte histoire surréaliste toutes en couleurs pleine de bonnes intentions.

Baleine et noix de coco

Kui est un jeune homme très malade, mis à l'écart des autres. Il achète un jour un CD musical, "Le repos de la baleine", support d'un prochain spectacle théâtral donné par les élèves de son école. Mais le jour de la représentation, délaissé par les autres, fatigué, il rentre chez lui et s'endort. A son réveil, le monde autour de lui a changé... Pourquoi ? Et comment survivre dorénavant ?...

Le Repos de la Baleine (c) Xiao Pan
Le Repos de la Baleine (c) Xiao Pan
A lire le scénario, on pourrait se demander à quelle drogue carbure le manhuaji. Mais Le Repos de la Baleine est rempli d’onirisme et d’images que le récit prend dès lors tout son sens. L’avancée rapide de la lecture laisse l’histoire se lire extrêmement rapidement, de la manière que Dream. Comme Kui, le lecteur découvre un monde auquel il ne s’attendait pas du tout et à un développement étrange où les pérégrinations du protagoniste dans un environnement qu’il ne reconnaît plus tiré tout droit de l’inspirations de tableaux de Salvador Dali. On entre dans le délire ambiant avec amusement, essayant de comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire. Malheureusement, quarante pages, c’est bien peu pour développer une telle histoire et le manque de rythme du récit joue clairement en sa défaveur. Les qualités graphiques et scénaristiques laissent tout de même montrer un péché évident dans d’autres domaines comme le creusement des personnalités ou la fin de l’intrigue.

Surréaliste

Pas de quoi fouetter un chat pour la complexité des personnages, l’auteur s’étant uniquement intéressé à construire son récit surréaliste en créant des transitions biscornues mais ludiques entre chaque mésaventure de Kui. Difficile de caractériser réellement le genre tellement l’auteur emprunte des directions différentes. Le Repos de la Baleine est riche en idées mais seulement développés autour des pensées du personnage principal sur sa condition ou ses nouvelles découvertes. Au final, on lit aisément le livre mais sans entrain.

Graphiquement, le travail de Zou est très fourni et diversifié. Tout en couleur, il gagne en clarté et en détail pour les nombreuses représentations d’objets les plus étranges qui soient ou de personnages désossés. L’exemple du personnage principal est frappant avec son allure bizarroïde, des expressions faciales étranges et des proportions totalement hors de propos par instant. Et su le manhuaji alterne le bon et le mauvais, le bilan est globalement positif, le grand format s’avérant utile pour en juger.

Xiao Pan débusque une fois de plus un auteur aux caractéristiques particulières qui prend le parti de créer une histoire pas tout à fait aboutie mais rempli de qualités et de poésie pour être acceptable. La révolution n’est pas pour tout de suite mais les manhuajis offrent une diversité de pensée de plus en plus étonnante…