7.5/10Samurai Champloo - la série

/ Critique - écrit par Kei, le 22/11/2004
Notre verdict : 7.5/10 - Parce qu'il le vaut bien (Fiche technique)

Tags : samurai champloo animation episode episodes histoire netflix

Attention ! Série évènement !

Cette série a en effet été licenciée (au USA) avant la première diffusion au Japon ! Fait rare, très rare, exceptionnel même. Pourtant, cela peut se comprendre aisément : Watanabe Shinichiro n'est autre que le réalisateur de Cowboy Bebop (le film et la série), de Vision d'Escaflowne et d'un Animatrix.
Inutile de dire qu'elle était attendue comme le loup blanc par les fans.

Et une fois de plus, Shinichiro fait mouche.

Il est intéressant de voir comment se positionne cet anime vis a vis de la cultissime série Cowboy Bebop, puisqu'elle est parfois considérée comme son successeur.

Un fond assez léger

Fuu est une jeune fille de 15 ans. Le bar dans lequel elle travaillait ayant été détruit par deux hurluberlus, elle se met en quête du « Samouraï qui sent le tournesol » avec pour compagnons... les deux fous précités. Ils se prénomment Mugen et Jin. Le premier est un jeune fou, très doué avec une épée (et non pas un katana) entre les mains. Ses techniques de combat ne sont pas du tout conventionnelles et son seul but est de trouver des gens forts avec lesquels se battre. En revanche, Jin est l'archétype du samouraï : posé, calme et incroyablement fort au combat. Son mode de vie est calqué sur le bushido. Outre Fuu, le seul lien qui unit ces deux personnes est la volonté de se tuer l'un l'autre, pour se prouver qu'ils sont les plus forts.
On suit donc le parcours de ce trio atypique au travers du Japon.
Clairement, ce n'est pas le scénario qui retient l'attention : il est vraiment tiré par les cheveux. De plus, on ne sait toujours rien sur ce fameux samouraï qui sent le tournesol à l'épisode 12. Mais peut importe : cette trame scénaristique, aussi légère soit elle, est le fil conducteur des épisodes. D'ailleurs, chacun de ces épisode forme une histoire, exactement comme Cowboy Bebop.

Tout comme dans cette série, on en apprend un peut plus sur les personnages au fur et a mesure des épisodes. Jin joue ici le rôle de Spike : il a la classe. C'est surtout le personnage central, celui dont le background est le plus travaillé. D'un autre coté, le background d'une fille de 15 ans et d'un psychopathe de 20 aurait du mal à être travaillé, puisque Mugen ne se fait remarque que pour son coté bagarreur et que Fuu n'est tout simplement qu'une paysanne.
Cependant, si les backgrounds ne sont pas toujours très travaillés, le character design est lui impeccable. Ce n'est pas exceptionnel, loin de la. Ce serait même du classique, sauf pour Mugen qui dénote vraiment au milieu de ce pseudo japon médiéval. Reste que ce character design est très propre, bien fait, sans fioritures. Ce n'est pas lui qu'on retiendra, mais il est plus qu'honnête. Il rempli parfaitement son rôle : pouvoir identifier au premier coup d'oeil qui est le personnage et quel est son état (fatigué, nerveux, heureux, mal en point...).

Ce manque de rigeur dans les backgrounds est en fait très compréhensible. En effet Samourai Champloo n'est pas et ne se veut pas réaliste. Historiens, passez votre chemin, car l'univers fourmille d'anachronismes aussi divertissants que bien intégrés. Par exemple, Jin porte des lunettes, et des lunettes modernes, pas un monocle ou des binocles. D'ailleurs, la série s'ouvre sur une bizarrerie étonnante : on est parachuté pendant une minute dans le vingt et unième siècle, pour des raisons... non expliquées. Le vocabulaire des héros n'a lui non plus rien de médiéval : injures modernes, vannes et sarcasmes contribuent eux aussi au décalage de la série.

Techniquement irréprochable

Pour ce qui est de l'animation, Cowboy bebop était une révolution car tout était animé : les personnages n'étaient pas tout raides quand il marchaient, les mâchoires bougeaient etc. Et bien cette performance est ici réitérée. On pourrait même considérer que Samurai Champloo fait mieux que son aîné. Tout est fluide, on n'a jamais droit a une saccade, que ce soit pendant un simple scrolling (et oui, il y a des séries où le scrolling n'est pas fluide) ou pendant une scène de bataille. Les corps sont vraiment bien fait : les épaules bougent pendant la marche, quand une jambe bouge, le torse ne reste pas immobile... du grand art. Pourtant, Samurai Champloo reste très fidèle au code de l'animation japonaise classique. Il y a très peu de grand mouvement de caméra, beaucoup de plans fixes, des passages où les protagonistes se regardent (longtemps) dans le blanc de l'oeil, etc. On sent tout de même que l'animation 3D a fait de grand progrès. En effet, la camera ne reste presque jamais immobile : elle bouge souvent de quelques centimètres dans tous les sens, comme s'il y avait un petit tremblement. Loin d'être un problème d'animation, ceci confère a l'anime un dynamisme exceptionnel : toutes les scènes de combat deviennent vivantes, magiques, rapides.

Côté musique, on est un peu déboussolé : pas de Jpop comme dans la plupart des anime, mais un rap mélodique, du jazz et de la musique électronique. Sans atteindre le niveau des musiques de Yoko Kanno, celle ci sont vraiment très bien. On ne les écouterait pas a part, mais en tant que bande sonore, c'est vraiment parfait. Ces musiques sont discrètes, mais elles sont une véritable valeur ajoutée a la série. Et si on aurait pu croire que ce style de musique ne collerait pas du tout avec le genre épico-médiéval de la série, il n'en est rien. Elles sont au contraire tout a fait a leur place et trouvent un écho en tous les anachronismes et les bizarreries de la série.
Toujours dans la catégorie musique, un mot sur les génériques. Celui d'ouverture est vraiment très réussi, musicalement ou graphiquement. Loin d'être dynamique comme dans la plupart des anime, on a ici droit a un morceau de rap très lent, porté par une musique douce. Le rythme est lent mais pas monotone. L'impression qu'il laisse fait un peu penser a celle que laisse un acteur qui déclamerait des alexandrins sur scène : cela reste posé pour que la poésie et le charme opèrent, mais le découpage des paroles et des sonorités font que ça n'est jamais lassant. Malheureusement, ce générique est en anglais... et chanté par un japonais. L'accent aurait pu être pire mais on a l'impression que le chanteur a le nez bouché. Ceci couplé a l'accent (qui reste tout de même très japonais) font qu'on n'écoutera sans doute pas ce générique en dehors de la série. C'est d'autant plus dommage que les couleurs jaune-ocre sont des plus belles et que les dessins sont très agréables a l'oeil.
En revanche, le générique de fin est d'un classicisme écoeurant. Zappez-le si vous le pouvez.

Un anime très divertissant

Il est clair que cet anime ne cherche pas à se démarquer par la profondeur de son scénario. En revanche, les personnages attachants, les digressions permanentes et la qualité technique irréprochable en font un bon anime. Il atteint en effet son but : divertir tout au long de la série et se renouveler suffisamment pour ne pas tomber dans la monotonie. Malheureusement, on a parfois l'impression d'assister a un Cowboy Bebop médiéval, ce qui fait perdre des points sur le plan de l'originalité. Mais au final, on a droit a une bonne série comme on aimerait en voir plus souvent.