4/10Spinning Web

/ Critique - écrit par Kei, le 02/06/2007
Notre verdict : 4/10 - Vieille croûte (Fiche technique)

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Un manga pénible à lire et à comprendre, en dépit d'un dessin très propre et soigné.

On l'aime cette réalité virtuelle. On l'adore même. Elle passionne les uns et débecte les autres. Elle est un terrain où tout est permis, du moins dans la limite des capacités techniques du moment. Alors lorsqu'on la couple avec un monde un peu futuriste, il n'y a plus de limite. Et cela devient un très bon prétexte pour justifier à peu près n'importe quoi. Plusieurs auteurs se sont frottés au thème, avec plus (Serial Experiments Lain) ou moins (.Hack//) de bonheur. Ou beaucoup moins de bonheur. Spinning Web tombe dans cette troisième catégorie.

Même au bout de trois tomes, l'histoire reste floue. Il y est question d'un homme pris dans le jeu, un vétéran désabusé qui se pose en guide d'un gamin doué mais psychologiquement instable. Il y est aussi question d'un homme moteur, à la puissance démentielle. On y parle de Game Master, d'un clan secret, de conspirations, d'avatars personnalisés, de designer, de, de, de... De tout en somme.

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Spinning Web (c) Soleil
Dommage que l'on s'en moque éperdument. Ou plutôt, heureusement. On a beau se concentrer pour tirer de ces trois premiers un sens, on lutte désespérément. Tout s'emmêle sans vraiment de logique, on saute du coq à l'âne en permanence. L'auteur a fait un pari risqué : celui de donner dans le mystérieux. A l'image de Ghost In The Shell, qui ne donne pas d'information et qui ne fait que suggérer quelques pistes d'interprétation, Spinning Web voudrait bien créer autour de lui cette aura qui transforme un manga en référence culturelle. Pour tenter d'accéder à ce statut, des personnages (visiblement des intrigants) apparaissent ici et là, discourent pendant quelques pages sur des sujets auxquels on ne comprend rien, et disparaissent. Au lecteur de faire fonctionner ses méninges pour tenter de deviner le sens caché de ces paroles. Mais le lecteur, même avec la meilleure volonté du monde, n'y arrive pas.

Non pas qu'il soit gêné par les incohérences du récit. Quand les éléments sont parachutés comme ici, il n'y a pas de problème de cohérence. Tout semble décousu. Puisque rien n'est expliqué, il est difficile (impossible ?) de comprendre le monde dans lequel évoluent les personnages et donc de donner un sens global à l'ensemble.

Ce qui cause véritablement du tort à ce récit (lorsque l'on sort de la pénible lecture pour tenter de faire une analyse) outre les défauts cités précédemment, c'est son background. La réalité virtuelle ou plutôt les MMORPG n'est qu'une justification pour un monde absurde. Et les "plug suit" dans lesquelles s'enferment les joueurs qu'une manière de bien faire comprendre que le joueur est totalement immergé dans ce monde aux graphismes parfaitement réalistes. Mais qui peut croire plus de deux secondes que des joueurs veulent bien jouer le rôle de gamins sachant à peine parler, se contentant de jouer dans un bac à sable ? Qui peut croire que des joueurs acceptent de jouer le rôle totalement passif d'un bébé ? Qui renoncerait sérieusement à un monde d'aventure pour se consacrer à son statut de cueilleur de fruit ? Et toutes ces confréries ? Ces familles virtuelles ? Ces mariages ? Et le fait que personne à aucun moment ne dise "c'est un jeu" ou mieux : "Quelle importance ? Ce n'est qu'un jeu !" ? Le monde virtuel n'est qu'une passade scénaristique, une méthode facile et éculée. On s'attendrait presque à ce que le héros (si on arrivait à en identifier un) se réveille en sueur et soupire d'aise en réalisant que tout ceci n'était qu'un rêve.

Techniquement, Spinning Web est plus qu'honorable. Tous les personnages ont un style graphique bien défini, dont ils ne changent pas (et pour une fois c'est logique puisqu'un avatar ne dispose pas d'une immense garde robe). Mieux, le trait est clair, précis, détaillé. Certaines attitudes de personnages semblent un peu raides et figées, mais c'est un détail mineur. Cela est cependant très loin de réussir à faire passer la pilule. Spinning Web reste un manga prise de tête pour rien dont la lecture est pénible.