8.5/10Subaru, danse vers les étoiles

/ Critique - écrit par juro, le 12/09/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Etoile d'or (Fiche technique)

Tags : subaru danse vers etoiles manga soda masahito

La danse c'est le monde des petits rats, des entrechats et des sauts de biche. Celui du lac des Cygnes et de casse-noisettes. Un monde animal en somme où tout comme dans la nature, la loi du plus fort existe. Les rapports de force, les réactions spontanées entre sourires carnassiers et larmes de crocodile, les haines et les amitiés comme chiens et chats, les joies de courte durée et les lourdes peines, les rires de hyène, les cris de lionne pour trouver l'auto motivation et ne pas tomber dans une dépression paresseuse. Sauvage, incontrôlable, sans pitié, la jungle prend pour cadre le ballet pour une histoire à dimension exceptionnelle : Subaru, danse vers les étoiles.

You're the dancing queen

Subaru
Subaru
Subaru est une petite fille. Mais contrairement aux autres enfants de son âge, elle prend rarement le temps de jouer. A la fin de ses cours, elle se rend à l'hôpital où elle retrouve son frère, atteint d'une tumeur au cerveau. Chaque jour, la petite Subaru danse pour redonner le sourire à son frère jumeau. Mais très vite, la danse va prendre une importance primordiale dans la vie de la petite fille. Elle lui permet d'extérioriser tout son mal-être. Les bases de l'histoire posée, on retrouve une Subaru qui a bien grandi. Désormais adolescente, elle ne jure plus que par la danse et espère un jour devenir professionnelle. Mais la route est encore longue...

Dans la catégorie dramatique, Subaru est à rapprocher de Ki-ictchi !! Par son intensité, la qualité de son intrigue et des personnages bruts de coffre et forts en caractère. Si les larmes coulent à flot régulièrement, l'essence du manga est tout autre car la construction du personnage principal devient une aventure rocambolesque faite de travail sur soi, de courage et d'encaissement de coups au moral. Une leçon presque banalisée à chaque nouveau volume d'Arai mais que Masahito Soda renouvelle à merveille à travers l'univers impitoyable de la danse. Subaru grandit, tergiversant entre déception, peine et catastrophe sans être malheureuse, trouvant les ressources pour aller au-delà des limites. Plutôt conventionnel ? Pas du tout. Le protagoniste féminin évolue dans une autre dimension comme une autiste qui ne pourrait se passer de la danse pour exprimer ses émotions, ces scènes n'en deviennent que plus dramatiques lorsqu'elles sont mises en rapport avec les événements qui lui sont propres.

Dépassant le cadre du manga « sportif », le manga attend véritablement le deuxième volume pour graver dans les esprits quelques passages très forts. La danse devient un véritable art de vivre, un art à part entière, seule manière de retranscrire des émotions enfouies derrière un masque de façade. Elle ne danse pas pour le succès comme la plupart de ses concurrentes qui apparaissent au fil du manga, elle danse par espoir de pouvoir communiquer normalement. Fille à problème cherchant une once de normalité, Subaru a trouvé son moyen d'expression et rien ne pourra l'arrêter car son talent est incommensurable, il provient de ses entrailles. Du cabaret aux plus grandes scènes, les spectateurs connaîtront son nom mais peut-être jamais ses véritables intentions. Un drame à lui seul.

Un bon coup de ballet

Comme il avait pu nous le démonter sur Daigo, soldat du feu, Masahito Soda sait justifier son trait par un graphisme intéressant, peu commun même si pas toujours le plus approprié. Attendus comme les représentants d'une beauté vénusienne, les visages des danseuses sont communs à la différence des corps élancés et superbement représentés. Il y a de la grâce dans ce coup de crayon. Les corps s'animent, sautent aux yeux de page en page, s'adaptent à toutes les situations, évoquent tout type de danse, classique ou urbaine. Fourmillant de détails à travers ces traits de construction, les pleines pages se justifient. Le remplissage est bon, le découpage plus que correcte et servent parfaitement l'histoire.

Si Akata se spécialise dans les drames de cette qualité, il ne faudra pas tarder à prendre des actions chez Delcourt pour suivre avec intérêt d'autres aventures aussi palpitantes. Le destin de Subaru ne demande qu'à s'accomplir au fil des onze volumes qui parsèment son périple. Ballet endiablé, danse contemporaine, street dance et surtout leçon de vie et de courage avec un personnage principal au fort caractère, la suite manque déjà. Elle ne s'attend pas, elle s'impose. Un peu comme Subaru.