7.5/10Vision d'Escaflowne - la série

/ Critique - écrit par Jade, le 29/08/2004
Notre verdict : 7.5/10 - Hallucination collective (Fiche technique)

Tags : escaflowne vision hitomi manga eur van series

La dernière décennie du XXeme siècle a permis un important développement pour l'animation japonaise. Les années 90 resteront comme une période d'émancipation pour la 'sous-culture' nippone à travers le monde. Je pense que des séries de qualité ont grandement aidé à cette exportation. Vision d'Escaflowne en est pour moi un exemple parfait : un certain respect de l'animation traditionnelle, tout en innovant à la fois dans le fond et dans les ambitions à atteindre.

Hitomi est une étudiante ayant la réputation de pouvoir voir le futur. Elle ne se sépare jamais de son jeu de tarot et du pendentif de sa grand-mère, l'utilisant comme un instrument magique. Elle possède effectivement des pouvoirs extra-lucides dont l'étendue réelle ne nous sera révélée qu'au fil de la série.
Un soir, poussée par sa meilleure amie à déclarer sa flamme au séduisant Amano, Hitomi est très surprise de voir apparaître devant elle un jeune homme habillé en armure, et un dragon plus ou moins agressif. Une fois débarrassé de la perfide créature, le jeune homme disparait tout comme il est apparu (transporté par une colonne de lumière), en emportant cette fois la jeune fille avec lui. A son réveil, Hitomi ne reconnaît plus rien : elle est dans un monde féerique appelé Gaia, et le garçon qui l'accompagne est le prince du royaume de Famèlia. Ici, la Terre, que les habitants nomment 'la Lune des Illusions', est visible dans le ciel. Au fil de l'histoire viendront se greffer de nombreux personnages plus ou moins attachants, comme le très blond Allen Schezard, ou Merle, une femme chatte criarde.

Dans ce monde, la science et la magie ne font qu'un. Leur plus grand apport à la société est sans aucun doute le guymélef, une sorte de mécha possédant un "lien de sang" avec son pilote. Une fois unis, les deux êtres ne font qu'un, et le robot obéit à son maître par la simple volonté de celui-ci. Néanmoins, ces liens puissants requièrent du temps et de nombreux sacrifices pour le pilote, et ainsi, les vrais conducteurs de guymélefs sont rares. Le guymélef de Van est le légendaire "Escaflowne", bien qu'il ne le maîtrise pas encore tout à fait. Il aura pourtant l'occasion de se mettre à niveau, car dès le second épisode, le royaume du héros est détruit par un mystérieux ennemi invisible, qui se révélera plus tard être le peuple de Zaibacher, dont les volontés expansionnistes ont de quoi inquiéter. A la tête de ce royaume, le machiavélique Dornkirk, qui semble avoir pour ambition de contrôler le destin à des fins tout à fait honorables (le bonheur absolu). Seulement, la fin justifie t'elle les moyens?

La première chose qui frappe dans Vision d'Escaflowne, c'est le design très typé shojo. Nobuteru Yuki (designer des Chroniques de la Guerre de Lodoss, de l'anime X de Clamp, entre autres) a souvent été critiqué pour ce choix stylistique qu'il revendique pourtant comme délibéré. Les personnages ont des yeux énormes, qui transparaissent à travers leur chevelure, et possèdent des nez saillants qui sont depuis longtemps entrés dans l'Histoire de l'animation japonaise. Il faut savoir que pour l'adaptation cinématographique, Yuki se pliera à la volonté des fans (tout en gardant en tête que son style avait bien évolué depuis) et proposera un design plus classique, mais aussi plus fouillé.

Plus fouillé aussi seront les personnages principaux, qui dans la série ne brillent effectivement pas par leur originalité. Que se soit Hitomi, jeune adolescente en découverte de l'amour, Van le jeune prince intrépide, ou Allen, séducteur plus expérimenté, aucun des protagonistes de ce très prévisible triangle amoureux ne sauraient intéresser plus qu'une poignée de fans. Pourtant l'histoire d'amour est un sujet qui occupe une bonne moitié de la série. Mais il faut tout de même souligner que malgré quelques lourdeurs, les sentiments des personnages sont montrés du point de vue d'Hitomi. Les auditeurs ne reniant pas leur coté fleur bleue pourront s'identifier au personnage relativement inexpérimenté. Les autres, ma foi...

Mais c'est la que Vision d'Escaflowne frappe très dur. Derrière un aspect graphique désuet, une animation bien en dessous de la moyenne, et une histoire d'amour très présente, se cache un scénario d'une force incomparable. Un scénario tout en nuance, qui ne révèle sa puissance qu'après la seconde moitié des 26 épisodes. Alors on se rend compte que chaque détail, chaque élément anodin à un rôle à jouer. Tout est mis en place pour servir l'histoire, et l'on constate que les romances apparemment stériles se sont en fait des éléments très important du scénario. Avant même que l'on puisse réaliser quoi que se soit, un retournement de situation apparaît, de manière tellement évidente, d'autant plus que toutes les pièces du puzzle sont là, devant nos yeux, n'attendant qu'à être mises en ordre. Ici repose une grande partie du génie de la série : un scénario dont les bases sont parfaitement visibles, mais exploitées dans leurs moindres détails, avec une logique implacable, comme si le tout était prédestiné.

Profitant dès lors d'une ambiance hors du commun, et d'un scénario plus que solide, Vision d'Escaflowne aurait pu devenir un poids lourd de l'animation japonaise, au même titre qu'Evangelion ou Cowboy Bebop. La bande originale, signée Yoko Kanno, est à ce titre, d'une qualité impressionnante. Variée et envoûtante comme rarement, elle offre une puissance inexprimable à l'image, et fait presque oublier toutes les faiblesses techniques de l'anime. Les combats de Guymélefs se règlant souvent à coup de violents dialogues entre les personnages, puis avec deux coups d'épées, généralement cadencés à moins de 10 images par secondes (quand ce n'est pas sur plan fixe, avec bruitages derrière). Ajoutons à cela l'aspect très shojo, qu'un large public aura du mal à apprécier et un dernier épisode plus que décevant.

Sans ses quelques défauts, Vision d'Escaflowne aurait pu être une très grande série. Mais elle n'en reste pas moins géniale pour son ambiance (un doublage en français plus qu'honnête) et son scénario. Pour le reste, il faut savoir que les studios Sunrise rectifieront avec brio leur tir grâce au magistral film Escaflowne : A girl in Gaea, qui sortira en l'an 2000.