8/10Rainbow Six 3 : Raven Shield - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/08/2003
Notre verdict : 8/10 - « Que fait Ding Chavez devant une glace ? Il se Rainbow » (Pitié !) (Fiche technique)

Tags : rainbow raven shield tom video clancy jeux

Pour un « hardcore gamer » habitué aux Shoot 3D, un épisode de Rainbow Six, c'est un peu comme zapper sur Arte après avoir passé plusieurs heures sur TF1 : Risque de claquage du cerveau. A l'origine de ce qu'on appelle maintenant FPS/Tactique, la série légendaire de Tom Clancy (Rainbow Six, Covert Ops, Black Thorn, Ghost Recon, Rogue Spear) accueille aujourd'hui un nouvel opus censé apporter son lot de nouveautés et de redonner un souffle certain à la saga.

Le Rainbow Six, concrètement, cekoidon (merci Jean-Pierre).. ? En quelques mots, une unité d'intervention ultra-spécialisée dans le contre-terrorisme sur le terrain. Et je vous le donne en mille, vous en faites partie ! Mais pas de la façon à laquelle tout le monde pourrait s'attendre, c'est à dire une espèce de Rambo solitaire lancé dans un gigantesque niveau avec sa barre de vie et son couteau, dessoudant tous les trois mètres un vilain terroriste sans pour autant se préoccuper de mettre un silencieux à son M249.
Chaque mission, au nombre de 15, est précédée d'un briefing plutôt exhaustif exposant les enjeux et les objectifs à atteindre, ainsi que quelques commentaires sur l'évolution des évènements vis à vis du tripatouillage terroriste où vous vous apprêtez à mettre le nez. La page suivante de ce briefing à de quoi dérouter les habitués du « j'allume tout ce qui bouge » : une liste de soldats criblée de caractéristiques et de renseignements diverses, parmi laquelle vous devrez choisir jusqu'à huit têtes à emmener en ballade, réparties en trois équipes distinctes (pour un max de quatre par équipes): la Rouge, la Verte, et la Or. La même page permet également de configurer l'armement emporté, arme principale/secondaire, deux accessoires - comme des grenades (à fragmentation, fumigène, flashbang), des jumelles, ou encore des chargeurs supplémentaires -, et même l'épaisseur de la combinaison. Chaque arme emportée est choisie parmi une liste très très vaste de fusils d'assaut en tout genre, gros calibres, mitraillettes lourdes, flingues de poing, fusils de sniper, j'en passe et des époussetées ; et il sera nécessaire également de choisir le type de munitions, ainsi que le petit accessoire associé (chargeur haute capacité, mini-scope, silencieux, etc.). Fiou.
Après s'être joyeusement pris la tête à équiper votre groupe de tueurs/sauveurs du monde, reste à définir le plan d'assaut. « Pardon ? », s'étrangleront certains. J'ai bien dit plan d'assaut. Vous ne pensiez tout de même avoir désigné trois équipes pour faire de jolies couleurs sur les uniformes ? Un joli schéma bourré de renseignements se présentent alors à vous, avec le désir presque palpable d'être utilisé pour coordonner vos équipes d'intervention. Et oui, vous ne pouvez contrôler qu'une seule équipe, les autres suivant le plan indiqué avec rigueur et (peut-être) efficacité. Vous définissez alors les passages obligatoires de votre équipe, des autres, les attitudes à adopter pour tel ou telle situation, et, si vous êtes motivé, les « go-codes » qui permettront à vos groupes de coordonner leurs efforts en attendant patiemment que le signal d'assaut soit donné.
Fort heureusement, il est tout à fait possible d'utiliser une des deux configurations pré-établies sur chaque mission, histoire de ne pas trop se bousiller les neurones sur la théorie pour ensuite se faire massacrer en pratique. Les concepteurs ont également pensé à vous, oui vous les Dolph Lundgren dans l'âme, par le biais d'une touche « action rapide » vous jetant directement sur le terrain avec un équipement prédéfini, sans plan d'assaut et donc libre d'aller où bon vous semble.

Play ! Vous voici donc sur les lieux d'action, dans la peau du premier personnage de votre équipe, les autres vous suivant comme des petits chiens. Pas le temps de souffler, les autres groupes partent déjà en suivant leur plan d'action. Cinq informations vous sont alors données en temps réel sur la fenêtre d'action :
- Coin haut gauche, le nom de votre personnage et son état physique (représenté par une pastille colorée, à demi-pleine lorsque le bonhomme est blessé)
- Coin haut droite, les pastilles d'état de votre groupe
- Coin bas gauche, munitions et chargeurs
- Coin bas droite, les pastilles d'état des autres groupes, et l'action qu'ils sont en train d'effectuer (bouger, engager le combat, ouvrir une porte, etc.)
- Et sur l'écran, selon votre position, la direction à prendre et la distance à parcourir pour rejoindre le point de passage de votre plan d'action millimétré.
Premier constat : nous ne sommes pas à Counter-Strike. Une balle suffit généralement à vous mettre hors d'état de sauver le monde, à moins qu'elle ne vous blesse ou vous ralentisse grandement. Et quand on sait que la perte d'un équipier est définitive, on préfère souvent faire attention aux principales têtes du RB6 afin d'éviter de se passer les dernières missions avec le gars de base si judicieusement nommé AssaultXX. Ce qui explique le large panel de mouvements proposés, s'accroupir pour faire moins de bruit, pencher un peu la tête de côté (possibilité de le faire graduellement), et - les petits nouveaux - ramper comme un ver de terre ou ouvrir une porte progressivement à l'aide de la molette de la souris, idéal pour déposer une petite grenade derrière une porte sans trop attirer l'attention.
Et ne croyez pas qu'être bon tireur suffit à déterminer l'issue glorieuse de la mission. Quatre barres au milieu de l'écran représentent votre viseur, plus elles sont rapprochées et plus votre visée sera précise. Le moindre mouvement a cependant tendance à les écarter incroyablement, et l'on comprend vite qu'il n'est pas bon de courir tout en gardant le doigt appuyé sur la gâchette. Aussi, l'utilisation de votre équipement va devenir un facteur primordial dans votre survie et celle du monde libre : Détecteur de battements cardiaques pour repérer les ennemis à travers les murs, grenade fumigène pour plonger une pièce dans une épaisse fumée, grenade aveuglante pour affaiblir vos ennemis (à se prendre au moins une fois, tellement l'effet est remarquablement réaliste (enfin à ce qu'on dit, j'ai pas encore pu vérifier)), etc. Efficacité, rapidité, discrétion, et précision, les maîtres mots d'une opération nette et sans bavure.
Car les bavures sont tout à fait possibles, dans le sens où il ne s'agira pas que de nettoyer des zones ; vous pouvez tout aussi bien être chargé de sauver des otages, d'empêcher la dispersion d'un agent chimique meurtrier, et même de jouer à l'espion invisible en infiltrant une baraque sans se faire repérer. La pitié, les terroristes l'ont laissé dans leur autre pantalon : pas d'hésitation, un manque de discrétion entraînera l'exécution des otages et donc l'échec de la mission. Et il sera fréquent de recommencer l'assaut pour une petite broutille indélicate passablement à l'origine d'une alerte générale et en conséquence de la perte d'un VIP.
Grande amélioration, les membres de votre équipe ne seront plus cantonnés au syndrome mouton et pourront exécuter des tâches simples sous votre commandement, par simple pression sur la touche Utiliser. Par exemple, ouvrir une porte, monter une échelle, se tenir sur une position à vue, etc. Etant donné l'efficacité qu'ils font souvent preuve lorsqu'il s'agit de nettoyer une pièce, cette nouvelle option peut vite devenir un excellent moyen de se préserver du danger, envoyant sans état d'âme ses chers petits coéquipiers en première ligne afin qu'il sécurise un passage jugé un peu chaud.
Lorsque votre gars mord la poussière, pas de panique, vous prenez celui qui suit dans votre équipe. Et si celle-ci s'affale lamentablement, vous avez toujours la possibilité de prendre l'autre groupe et de continuer la mission.
Une fois les objectifs atteints, retour au bercail. Le programme vous donne alors le choix de passer à la mission suivante (normal), ou bien de recommencer le présent assaut, dans le cas où vous ne seriez pas satisfait des résultats obtenus (du genre perte de la quasi-totalité de l'équipe, dont des personnages plutôt compétents). Chaque mission est reliée à l'autre par des éléments d'un scénario typique de Tom Clancy, impliquant méchants terroristes et pouvoirs politiques dans une vaste opération de pourrissage du monde. Une histoire égayée par quelques vidéos plus ou moins réussies, parfois aussi inintéressantes que les remerciements d'un otage sauvé à la sueur du M16 (mais ça fait toujours plaisir).

Techniquement, la configuration demandée à de quoi véritablement rebuter les allergiques à la course à l'armement. Sans carte 3D 64 Mo, les galères techniques se pointeront rapidement, et un certain nombre de ralentissements viendront pourrir le jeu, à moins d'une bête de combat niveau processeur ou RAM. Déconcertant, surtout pour un résultat assez mitigé, pas désagréable du tout mais vraiment trop gourmand pour finalement rien d'exceptionnel.
Mention passable également pour l'intelligence artificielle, qui frise parfois le ridicule lorsqu'un groupe de mercenaires (ou bien de Rainbow Six) se laisse descendre sans bouger le petit doigt, ou qu'un de vos coéquipiers se bloque dans un élément du décor. Le pire étant le changement de personnage après la mort du meneur, le joueur se retrouvant parfois de dos pour une raison assez floue ( = aller simple pour le cimetière).
N'oublions pas l'environnement sonore et les voix enregistrées, correctement rendus, et la Bande Originale qui m'a très agréablement surpris (symphonies majestueuses, un peu militaires mais très expressives).

Sans conteste la nouvelle référence en matière de FPS/Tactique, rehaussant de quelques points l'intérêt de la série Rainbow Six avec pourtant très peu d'innovations. Mais il n'en fallait pas plus pour fournir un jeu de très grande qualité, prenant quoique un petit peu rapide à finir, peut-être un peu trop gourmand à regarder la configuration minimum demandée.