9/10Le Zoom de la semaine : Lastman

/ Critique - écrit par OuRs256, le 18/10/2013
Notre verdict : 9/10 - First Manga ? (Fiche technique)

Tags : lastman vives michael tome bastien richard manga

Cette semaine, on jette à un oeil à l'un de mes gros coups de coeur de cette année : Lastman. J'ai découvert la série lors de Japan Expo 2013 (honte sur moi, j'aurais dû m'y mettre bien avant !) et à la belle mise en avant sur le stand de l'éditeur Casterman. Sachant qu'ils étaient présents sur le salon, j'ai aussi pu rencontrer les trois auteurs et leur poser quelques questions (lisez l'Interview du mois !) mais pour le moment, parlons du titre !

Des auteurs déjà incontournables ? 

Si vous suivez un peu la section BD de Krinein, vous avez dû vous rendre compte que les trois lascars qui sont à l'origine de Last Man ne sont pas inconnus dans la BD franco-belge. Ainsi, de nombreux titres de Bastien Vivès ont reçu de superbes critiques comme Le Goût du chlore, Pour l'Empire, Elle(s) : Alice, Charlotte et Renaud... Balak aussi avec Lord of Burger... Sanlaville n'a pas encore été critiqué sur Krinein mais il n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a déjà publié des titres comme le Fléau Vert et le Rocher Rouge (il a l'air d'aimer les couleurs). Tout ça pour vous dire que leur réputation n'est plus à faire. D'ailleurs, si vous voulez savoir pourquoi ces trois là ont décidé de faire du manga, il ne faudra pas rater notre interview qui paraîtra dans quelques jours où ils vous le diront d'eux-même ! 

Un scénario de shônen classique peut en cacher un autre. 

Le Zoom de la semaine : Lastman
First cover.
Adrian Velba, 12 ans, est heureux. Après avoir travaillé dur toute l’année dans l’école de combat de Maître Jansen, il va enfin pouvoir participer, au grand tournoi annuel parrainé par le roi Virgil et la reine Efira. Hélas, à quelques heures de la clôture des candidatures, son partenaire fait défection, malade. Le coup est terrible pour Adrian, car il faut être deux pour s’inscrire au tournoi. Échec sans appel ? Non, car in extremis surgit un grand gaillard que personne n’a jamais vu en ville, Richard Aldana. Aldana propose à Adrian, une alliance pour combattre ensemble. Pleine de méfiance la mère d’Adrian, donne son accord du bout des lèvres… 

Le titre commence avec une base toute simple : un jeune garçon veut remporter un grand tournoi et un mystérieux personnage va venir l'aider à réaliser ce rêve. Les personnages de base sont là : le jeune naïf qui doit surmonter ses peurs pour obtenir la force, la gros barraqué qui lui servira d'aide jusqu'à ce qu'il atteigne son potentiel et la mère super sexy. On a même le droit à l'éternel rival et à l'amour caché. Jusque là, on se retrouve dans du classique, rien à ajouter. Cependant, et c'est là l'une des forces de la série, les auteurs mènent leur intrigue avec un tel talent qu'ils réussissent à enchainer les rebondissements (juste ce qu'il faut) sans temps mort. Il n'y a pas de pause et le tournoi va à toute vitesse et difficile de croire qu'il faut plus de 350 pages pour arriver au bout !

Romance Dawn à la française ?  

Pour les non-initiés, mon titre fait référence au premier chapitre de la série One Piece "Romance Dawn, à l'aube d'une grande aventure". Avec son départ canon, la série se propose comme le début d'une quête, celle d'Adrian pour devenir le meilleur, un peu comme un certain... Luffy. Vous me direz que le parallèle est un peu facile car c'est surtout le début d'une quête iniatique dans laquelle un héros va évoluer, chose pour le moins classique dans le shônen. Il n'empêche que la rencontre d'Adrian avec un mentor beaucoup plus fort que lui et l'aide de sa mère, plus roublarde qu'on n'aurait pu le penser m'a un peu fait penser à un mélange de Shanks/Zoro pour Richard et Nami/Usopp (pour le côté sexy et la débrouillardise) pour Marianne. 

Le côté "à la française" ressort surtout dans la gestion des personnages qui tient plus de la BD franco-belge que du manga. Les émotions des personnages sont toujours traitées avec attention et le dessin toujours au service d'un développement intrinsèque des héros. Le tournoi va faire évoluer la façon de penser d'Adrian, de Marianne mais aussi de Richard et les personnages comme (au hasard) Maître Jansen qui nous rappellent toutes les casseroles que l'on traîne avec nous même aujourd'hui. L'identification, non pas à certains personnages mais à des traits de tous les personnages, rend l'oeuvre toute de suite plus attirante aux yeux de tous. 

Graphisme atypique / Dialogues frénétiques !

Autant le dire tout de suite, pas sûr que la plupart des gens adhère au graphisme très particulier de l'oeuvre. Il est très épuré et on pourrait presque dire qu'il est avare en traits. On se rend pourtant compte au fur et à mesure de la lecture que leur nombre est tout simplement caclulé. Chaque émotion ressort ; chaque situation a le droit à ses moments de calme, à ses moments de tension... Bref, tout y est ! Comme tous les manga, point de couleur (sauf pour les pages couleurs en début de tome), c'est le noir est blanc qui est à l'honneur. Les auteurs savent d'ailleurs exploiter ce duo et nous le montrent dans des variations et jeux d'ombres savamment organisés.

On remarque aussi très rapidement que ce style a été choisi pour que trois dessinateurs puissent se relayer sans qu'on sente une variation, il fallait une osmose et elle est bien présente. Ce qui, au départ, était une contrainte a poussé les auteurs à se synchroniser en quelque sorte, ce qui a aussi une incidence sur les dialogues.

Justement, parlons-en des dialogues. Ils sont riches, bien maîtrisés et surtout, on sent que nos héros ont toujours le bon mot quand il faut. Encore une fois, il n'y a pas une mais trois personnes qui travaillent sur les textes et pourtant, on ne sent pas de variation de style, aucun raccord, rien ! Ce résultat est le fruit de multiples réécritures et relectures de la part du trio d'auteurs (vous en saurez un peu plus en interview, je ne veux pas tout vous gâcher) mais encore une fois, on arrive à une véritable harmonie qui fait que l'on ne sent absolument pas le "changement d'auteur" (le trio lui-même est incapable de nous dire qui a écrit/dessiné quoi, encore une fois, vous pourrez lire ça en détails dans l'interview).

Et le plaisir de lecture dans tout ça ?

Passé l'adaptation au graphisme, les premières pages où tout se metLe Zoom de la semaine : Lastman
The Last Arlequin ?
en place pourront paraître un peu longuette (mais pas plus de vingt pages donc ça va) et pour peu qu'on rentre un minimum dans le délire des auteurs, on savoure. La série possède vraiment tout ce qu'il faut : de l'action, du mystère, de la romance et même (bientôt en un peu plus poussé) un début d'aventure. Ceux qui connaissent le style de Bastien Vivès ne seront pas surpris quant à la technique de narration adoptée puisque c'est lui qui chapeaute un peu le projet même si on sent cette volonté de produire un divertissement d'un genre nouveau.

En effet, les auteurs ont pour objectif de tester un secteur qui n'a pas encore bien marché jusque là en France : la pré-publication. On se souvient tous de l'échec de Pika avec Shônen Magazine ou plus récemment du magasine Akiba chez Ankama... Pour le coup, les auteurs ont décidé de changer un petit peu la donne et de faire de la post-publication. Une fois un tome sorti, les chapitres seront publiés gratuitement sur internet (sur le site Delitoon) au rythme d'un par semaine. Ainsi, le lecteur aura le choix : se procurer l'œuvre en tome relié ou lire petit à petit sur internet.

Donc au final ?

Last Man est, selon moi, une vraie réussite. Prenant, bien construit et parti pour durer (je sais que je me répète mais... plus d'informations dans l'interview !), la série de Balak, Vivès et Sanlaville possède un charme certain pour les amateurs de manga mais aussi pour les amateurs de BD franco-belge. 

Pour finir, je vous laisse avec le bonus qui fait plaisir : un petit making of humoristique réalisé par les auteurs où vous pourrez rencontrer la fameuse Hitomi Tanaka. C'est en 4 parties et disponible gratuitement sur Youtube :